mardi 29 novembre 2005

Revenir


Ca c'est chez moi. J'ai l'impression que ce paysage m'appartient. Je l'ai vu tous les jours pendant 20 ans. Le matin et le soir. Il disparaissait seulement quand il y avait des nuages. Mais revenait toujours.
Quand je rentre en Savoie il est est toujours là. Quand je ferme les yeux je le vois. La petite croix qui brille tout en haut. La source de la Doria dans le creux. Cette pointe, cette inclinaison, ces courbes. La forme très lourde du Mont Peney, qui écrase son jumeau le Nivolet. Si l'on regarde bien, il y a même une petite grotte au milieu de la montagne, oui là toute petite. Elle est très sombre et il y a des ossements d'ours dedans. Enfin je crois.
Quand on m'a dit que le Nivolet était plus haut que le Peney, je n'y ai pas cru. Et aussi quand on m'a dit que la croix mesurait plusieurs mètres. C'est grotesque. Elle est minuscule. Elle tient dans ma main.
Je n'y crois toujours pas.

(Photo : Ben / Savoie, Novembre 2005)

Partir


J'aime partir mais je n'aime pas faire mes valises.
J'aime attendre mais je n'aime pas patienter.
J'aime être en partance mais je n'aime pas être en avance.
J'aime quitter mais je n'aime pas arriver.
J'aime abandonner mais je n'aime pas oublier.
J'aime les gares mais je n'aime pas les aéroports.
J'aime le cliquetis des rails mais je n'aime pas le bruit des réacteurs.
J'aime les fenêtres mais je n'aime pas les couloirs.
J'aime flotter mais je n'aime pas voler.
J'aime décoller mais je n'aime pas atterrir.
J'aime découvrir mais je n'aime pas changer.
J'aime revenir mais je n'aime pas faire mes valises.

(Photo : Ben / Entre Amsterdam et Paris, Mai 2005)

lundi 28 novembre 2005

Oh non encore une émission sur le tuning


Quand je vois ça, j'ai envie de brûler des voitures. Mais il fait trop froid. Alors je monte juste le chauffage.

(Photo : Ben / Paris, Septembre 2005)

vendredi 25 novembre 2005

Instantané

J'aime j'aime
Tes yeux, j'aime ton odeur
Tous tes gestes en douceur
Lentement dirigés
Sensualité
Oh stop un instant
J'aimerais que ce moment
Fixe pour des tas d'années
Ta sensualité

Texte : Sensualité (A. Hammond / S. Peiken / A. Red)
(Photo : Ben / Kate in Paris, Novembre 2005)

vendredi 18 novembre 2005

2+2=5


Certaines images ne veulent pas dire grand chose. Un déchet orange sur une algue rouge, ça n'a pas beaucoup d'intérêt. Une main perdue sur une plage déserte, ça peut dire beaucoup de choses. Il suffit d'imaginer. L'homme est là mais n'est plus là. Il a laissé une trace voyante mais la nature est plus forte. Les déchets sont parfois jolis.

C'est comme les pylônes électriques haute tension et les autoroutes au milieu de la campagne, je trouve ça beau. Comme la cicatrice d'Albator.

(Photo : Ben / Morbihan, Novembre 2005)

jeudi 17 novembre 2005

Overbooking


Mon super appareil photo numérique prend des photos floues. Il est tout petit alors il ne faut pas trembler. Mais des fois les photos floues c'est joli aussi. Parfois, on a l'impression de faire de la peinture avec des pixels.

Shirley se faisant rhabiller entre deux prises à côté de sa doublure, ça donne une espèce de faux tableau de Renoir. Rien que ça.

(Photo : Ben / Paris, sur le tournage de "Cabaret Paradis", Juillet 2005)

jeudi 10 novembre 2005

Les rois du pipeau


Allons droit au but. L'épisode 3 est un copier-coller de l'épisode 2. Vous copiez "Paris/Lille" et vous collez sur "Bordeaux/Marseille". Et hop, un épisode tout neuf !

Voici notre sémillant trio de professionnels à Paris, la "ville reine du pipeau" selon Michel Fugain. Ca change, la semaine dernière c'était "la Bérézina à Bordeaux". Enfin, au vu des prestations, il semblerait que Bordeaux, Marseille et Lille soient aussi reines du pipeau, mais après tout, le pipeau est universel. Jean-Claude Camus, qui a toujours le mot pour rire, remarque dépité : "qu'on ait vu ça à Paris, je m'en suis pas remis, et je suis pas prêt de m'en remettre". Merci Jean-Claude, ça donne envie ! On continue quand même ?

Allez, soyons courageux allons plus loin. Si on a traversé la Bérézina la semaine dernière, on peut tout endurer. En tous cas, M6 ne se ménage pas pour nous rappeler à quel point c'est trop trop dur de monter un spectacle, surtout en deux mois au lieu de deux ans. Oui m'enfin bon, c'est qui qui leur a dit de monter ce spectacle en deux mois ? On n'était pas pressé nous. Alors on insiste sur les plantages, les bafouillages, les incertitudes, les tergiversations, l'inexpérience des candidats. On souligne en permanence que la majorité d'entre eux sont mauvais par de petites allusions bien senties comme celle de Roger Louret (qui joue non pas du pipeau, mais de la litote, un autre instrument dangereux) : "là je ne vois pas de graines de talents hallucinantes". On nous rappelle à quel point le choix est difficile par des allusions bien senties du genre : "le choix est difficile" (et effectivement, le choix est difficile). Et on enfonce le clou sur le manque de temps car on est hyper à la bourre, "le spectacle est déjà annoncé partout est rien n'est prêt", on va jamais y arriver, vite des costumes, vite un décor, ahlalala. Heureusement, "on va faire des miracles... on va essayer de faire des miracles". Merci Jean-Claude, ça rassure !

Mais revenons au casting puisqu'apparemment les costumes et les décors ça prend 5 minutes à fabriquer. Alors c'est reparti pour le festival du piercing à l'arcade sourcilière et du débardeur moulant de jeunes qui ont la patate pour "tout donner". Le scénario se répète inlassablement : un petit flash-back de l'audition précédente (comme ça hop, un quart de l'émission est déjà fait), un petit discours de motivation du candidat ("je veux vraiment tout donner quoi, la comédie musicale c'est ma vie, bla-bla"), une chanson massacrée (remarquons au passage que personne ne connaît les paroles des chansons de Michel Fugain, c'est rassurant - nous à force, on commence par les connaître par coeur), un Michel Fugain qui gesticule (forcément entendre ses propres chansons assassinées à longueur de journée ça énerve), un petit commentaire qui casse (genre "tu as beaucoup de qualités cachées"), une phase méga-suspense-de-la-mort-qui-tue (à base de ralentis, de mines déconfites, de regards foudroyants et de musiques dignes de la scène de la douche de "Psychose"), et enfin des hurlements de joie ou une crise de larmes (au choix).

Ensuite, vous avez droit à une démonstration pour réaliser chez vous le brushing miroir avec thermoliss, grâce aux micro-huiles nutritives suractivées par la chaleur du séchoir pour un lissage qui brille vraiment plus longtemps sans frisottis. Ah non, ça c'est la pub, zut.

Et enfin, on termine par le traditionnel cours de danse en 120 minutes chrono. Le cours où il va falloir transpirer pour de vrai. Le cours où on vous accueille en vous disant "ça va être difficile et je vais vous faire souffrir" avec un grand sourire. Le cours où il faut apprendre une chorégraphie complète en deux heures alors qu'on ne sait même pas écrire le mot chorégraphie, et en plus on est à la bourre. Le cours où votre brushing miroir avec thermoliss en prend un sérieux coup. Le cours où il faut montrer qu'on a la gagne, la niaque et/ou la patate. David, le "rebelle insoumis", avait lui "la ouache à donf". Perdu, il n'a pas été pris. Allez allez, on est en retard.

(Article aussi publié in http://www.realtv-fr.net/)

Donnez, donnez, donnez


Oui alors donc l'épisode 2 ? J'ai failli l'oublier mais en fait non, je l'ai regardé quand même. En accéléré certes, mais je connais déjà toutes les chansons de Michel Fugain alors merci bien. Mais j'ai bien compris le message... Alors à l'instar de Michel, j'ai décidé de donner. Donner, donner, donner. Donner un résumé certes mais donner quand même. Car nous les artistes, on aime donner. Donner, donner, donner. "Du fond du corps, du fond du coeur, du fond des tripes" comme dirait Michel. (Enfin attention, donner du fond des tripes ça peut se révéler dangereux surtout en fin de soirée). Donner tout le temps, donner à n'importe quelle heure, donner l'heure aussi ça peut servir, donner n'importe quoi, donner du bonheur, donner de l'émotion, donner de l'énergie. On est hyper généreux, nous les artistes, on est hyper cool (mais on bosse quand même eh oh), on est hyper tout.

Voilà donc le résumé de l'épisode 2, merci au revoir. (Et pas de rappel, j'ai assez donné comme ça ce soir, je suis épuisé, en plus ils étaient nuls à Bordeaux).

Illustration : Source Le Monde de Gwen
(Article aussi publié in http://www.realtv-fr.net/)

jeudi 3 novembre 2005

2005, l'espèce d'odyssée


Hier soir, j'allume mon ordinateur. Je me connecte à internet. Même pas pour regarder un truc cochon, juste pour chercher des infos sur les compléments protéinés (paraît qu'il faut en prendre après le sport pour être aussi musclé que Madonna) et pour télécharger le clip "Hung Up" de Madonna (parce que me demande si je vais mettre le même juste-au-corps rose pour le sport pour être aussi souple). Et pouf. Les pages ne s'affichent plus, mon modem clignote dans tous les sens. J'appuie sur tous les boutons, rien ne se passe. J'éteins, je rallume, ça clignote tout le temps. Mon modem agonise, j'ai l'impression qu'il me parle en morse. Mais je comprends rien. C'est comme HAL disant à Dave dans "2001, L'odyssée de l'espace" : "Do you hear me Dave ?" Alors j'abandonne ces petites diodes hurlantes, je me bouche les oreilles, je ferme les yeux et je me couche.

Ce matin, j'arrive au bureau et j'allume mon ordinateur. Je lance Outlook pour lire mes mails du week-end. J'en ai un du Doctor Machin qui veut me vendre du Viagra pas cher. Un autre de Susan Bidule qui me propose une super affaire. Et pouf. Ecran noir. Mon ordinateur a implosé, plus de signal vidéo. Après 18 coups de fils, 14 musiques d'attente, 8 interlocuteurs différents, 46 combinaisons de chiffres pour passer de menu en menu et arriver à parler à quelqu'un qui me renseigne, j'apprends que ma carte-mère vient de mourir. Comme ça, sans prévenir. Même pas un petit message d'alerte pour amortir le choc. Même pas un signe de faiblesse, je n'ai rien vu venir. La mort un mercredi matin à 9h26.

Cet après-midi, je reviens au bureau. J'ai un message du service maintenance d'hp disant qu'ils ne peuvent plus intervenir demain. Re-coups de fils, musiques d'attente, combinaisons de chiffres, numéro de série, numéro d'affaire, numéro de dossier, numéro d'intervention. Et là, Christopher (c'était Christopher cette fois) me dit que son logiciel ne marche plus et qu'il faut rappeler plus tard. Comme demain par exemple. Mais comme demain c'est loin et que je n'ai rien d'autre à faire, je rappelle 4 fois le service maintenance d'hp. Les 4 personnes me disent toutes que leur logiciel ne marche plus, qu'il y a une panne générale pour une durée indéterminée et qu'ils sont incapables de traiter mon dossier. Je leur dis que c'est un comble, j'appelle car mon ordinateur est mort et ils me disent qu'ils ne peuvent rien faire car le leur aussi. Ils me disent que oui. Je dis que ah bon.

Ce soir je rentre chez moi. Oh un livre.

(Photo : Ben / Amsterdam, Mai 2005)