samedi 7 juillet 2007

Shoot d'éternité


Je me rappelle les matins calmes. Je me rappelle cette quiétude veloutée, cette douce chaleur, ces quelques rayons de soleil pointant à travers le froid dispersé, cet onctueux silence. Je me rappelle le plaisir de cette sensation du non-lendemain, la tranquilité enfin, cette trêve d'un instant. Je me rappelle ces brèves secondes d'éternité, ces secondes qui durent encore car on ne les oublie pas, car elles sont là, car elles sont ma consolation, mon baume proustien, mon rempart à la folie du temps.

La pente descend, le soleil se cache derrière le toît de tôles rouillées, réapparaît. Il n'y a rien à craindre, l'espoir ne rouille pas. Est-ce que l'hiver est terminé ? Déjà la pente remonte, il faut pédaler, respirer plus vite, plus fort, la réalité revient, sempiternel balancier. On ne peut se laisser glisser à l'infini. C'était le samedi matin après l'école, c'était la fin des années 80, c'était hier et il y a bientôt vingt ans.

(Photo : Ben / Irlande - Connemara, Mai 2007)

vendredi 6 juillet 2007

La chute de l'empire romain


Alors que je traversai le portillon du métro sans regarder derrière moi, je me dis que depuis quelques temps je deviens bien incivil. Le manque de politesse est assez jouissif, d'une de ces jouissances stériles forcément, mais si moderne finalement, une sorte d'hédonisme à l'envers, de plaisir dans le non-plaisir, dans le non-regard, dans la non-considération d'autrui. Je me dis que l'incivilité est le premier pas vers la décadence, que la fin de la civilisation est proche. Je me dis que ça ne tient pas à grand chose finalement. A un portillon de métro. A un regard.

(Photo : Ben / Rome, Mai 2006)