jeudi 25 septembre 2008

Le prix du baril


A combien est-il aujourd'hui ? J'ai pas écouté Laurence Ferrari ce soir, qui donne le chiffre tous les jours, vu que c'est vachement important (sur fond rouge écrit en gros en général et si possible dans les titres du journal tant qu'à faire tellement on n'en peut plus de savoir où il en est le baril). Oui j'aimerais bien savoir parce que je voudrais manger des tomates en hiver et j'hésite pour 2008/2009... Sur le site boursier.com (que j'aime consulter pour me détendre le soir), ils l'annoncent à 93,80 dollars pour la référence WTI sur le Nymex. Ah ben dis donc !

Le baril remonte donc ce mercredi, et au revoir les tomates, tout est foutu, on va encore devoir bouffer des pâtes "prix malin" au beurre "prix complice", au secours le monde s'écroule. Mais mon ami boursier.com reste calme, lui, et d'ailleurs il précise laconiquement, sans la moindre once d'affolement, que "les analystes s'attendent à ce que le rapport hebdomadaire de l'API fasse état d'une diminution des stocks US, aussi bien de brut (une baisse de l'ordre de 3,5 à 3,8 millions de barils selon les sources) [oui 3,8 millions !! 3,8 !! encore à 3,2 je reste calme, mais 3,8 !!... et puis ils sont où ces barils ?] que de distillats et de carburants. De nouvelles violences au Nigéria poussent également les cours à la hausse, avec une attaque du MEND, le mouvement pour l'émancipation du delta du Niger [mais pourquoi ils veulent s'émanciper le delta du Niger, on sait même pas où c'est ?], contre une station de pompage opérée par Shell." Ohlala.

Alors moi je veux bien que Christine Lagarde reste hyper calme comme si le conseil des ministres avait été une séance de Yoga Iyengar rive gauche, et nous dise que tout va bien surtout son brushing (toujours impeccable, il faut le reconnaître, c'est pas comme Borloo, comme quoi quand on fait de l'écologie on peut se permettre les cheveux crades et le costume de traviole pour inventer des malus-pique-nique vu que tout le monde fait semblant de s'en préoccuper mais s'en fout complètement, mais pour l'économie, le tailleur a intérêt a sortir du pressing sinon t'es pas crédible), OK OK je veux bien Christine t'as l'air méga-cool quand tu parles de la croissance, mais là, quand je lis ce que dit l'API sur le MEND, je suis à deux doigts de la méga-panique quand même.

(Je viens d'ailleurs de me rendre compte que nous ne sommes absolument pas mercredi et que l'info de boursier.com date de plus d'une semaine. Comme quoi il faut l'avoir à l'oeil le baril.)

(Photo : Ben / Bangkok, Janvier 2008)

mardi 16 septembre 2008

Sois people et lâche-moi


Je ne sais pas si c'est une tendance lourde de la rentrée mais j'ai l'impression qu'on ne peut plus regarder un tunnel de pubs bien peinard comme on le faisait avant avec son temps de cerveau disponible sans que maintenant, une célébrité ou une semi-célébrité, un sportif, un acteur, un mannequin marié à un sportif qui a joué dans une série, un gars qui est passé à la télé, bref un people comme on dit si joliment (Poésie moderne...) ne surgisse à chaque carrefour de l'hypermarché (ou à chaque hypermarché Carrefour). Quasiment chaque pub est dorénavant squattée par un ami-people-prescripteur-bienveillant qui nous offre ses précieux conseils de consommation.

Sans aucune espèce de conscience, si ce n'est sûrement celle de l'angoisse face à la réception de l'avis de tiers provisionnel, nos amis les peoples nous font donc de la retape indifféremment pour des banques, des compagnies d'assurances, des lunettes ou des plats micro-ondables. C'est pareil, mangez, consommez et recrachez tout. Quand vendront-ils leur image pour les labos pharmaceutiques (comme moi, prenez des benzodiazépines, vous serez heureux), des marchands de grenades (autour du cou ou en gourmette c'est du dernier chic), ou des trafiquants de Crystal Meth (beaucoup plus hype que la coke tant qu'à faire), quitte à tapiner pour les plus pourris ?

Après que Laeticia a rejoint son sémillant époux Johnny sur nos écrans, pour le meilleur et pour le pire de la vision de près comme de loin, c'est maintenant Adriana Karembeu qui, entre deux forfaits pour mobile, vend des lunettes qui ne lui vont pas (mais alors vraiment pas) avec Antoine, qui a toujours des cheveux longs mais pas assez de seins vraisemblablement. Myopie, SMS illimités et Croix Rouge, même combat. Un vieux chanteur et une blonde ça doit être la combinaison idéale pour bien faire vendre des double-foyers, je ne vois pas d'autre explication.

Quoiqu'un footballeur qui donne des coups de boule devant 12 millions de français aussi, puisque Zidane jongle chez l'opticien d'en face quelques minutes après nous avoir délivré un message d'une grande humanité au service d'une compagnie d'assurance (et avec l'accent marseillais). Un coup de boule, un grand écart, hop hop hop, quel champion. Oui comme tout footballeur qui se respecte il a déjà vendu des chaussures, des articles de sport, des forfaits téléphoniques, des magasins de hard discount, de l'eau minérale, des voitures, des yaourts, des bouquets satellites et même un programme des Nations Unies "Anti-Pauvreté" (si si), donc il est tout naturel de passer aux assureurs. Oui ceux-là mêmes qui vous bloquent votre dossier de prêt pour l'achat de votre appart de 30 m2 sur 25 ans si vous avez eu une opération de l'appendicite en 1982 et qui savent tout de vos dernières analyses sanguines (dites donc vous achetez un appart et vous avez du choléstérol, c'est pas très raisonnable ça M. Duchemin). C'est sûr, quand on s'appelle Zidane, on peut faire exploser son taux de choléstérol en renvoyant ses Danacol dans sa gueule à Jacques Weber (merci t'es sympa), c'est plus facile pour le prêt. Et ensuite on est plus détendu pour délivrer la bonne parole sur les ondes. Trop cool Zinedine.

Les assurances ne reculent d'ailleurs devant aucun élan de générosité spontanée puisqu'elles font même jouer les morts. Philippe Khorsand, même terrassé par un cancer, était toujours là cet été pour danser sur une reprise de "C'est la ouate que j'préfère". Efficace et pas cher ? Si ça c'est pas la preuve qu'ils se foutent de vos analyses médicales ? Mais bon pour le prélèvement mensuel c'est mieux d'être vivant quand même.

La grande distribution n'est pas en reste de peoples sympas dans l'allée centrale puisque Casino a chopé Christian Clavier pour faire la tête de gondole, pendant que le Super U d'en-face est toujours tenu par Daniel Prévost. A quand Isabelle Adjani chef de rayon chez Monoprix ? Ah non c'est vrai, elle vend déjà Paris Match à la criée sur le trottoir.

Pendant ce temps, Anne Roumanoff nous aguiche moulée de rouge et allongée sur un bureau pour promouvoir des classeurs 2 anneaux avec dos de 4 cm (bien sûr), Yves Lecoq fait de la retape pour des fenêtres double vitrage en imitant Chirac (logique), Jean-Marie Bigard vente les mérites d'un climatiseur (humour gras et air conditionné, la combinaison de rêve) et Pierre Arditi, jamais le dernier pour nous délivrer un beau discours bien-pensant sur n'importe quel plateau télé nous offre ensuite généreusement ses précieux conseils financiers en faisant l'article pour une banque qui, certes, n'a pas perdu récemment 3 milliards d'euros par "négligence" sans faire apparaître la moindre rougeur de honte face à ses clients. Demandez plus à votre argent donc.

D'ailleurs à peu près tous les comédiens de la place de Paris en ont bouffé du Lion, l'animal doit être généreux... Le milieu du cinéma est sûrement très aguerri sur les taux directeurs. Eric et Ramzy, eux, ont eu le courage de choisir l'originalité puisqu'ils ont l'incroyable audace de racoler les jeunes pour un concurrent du fauve dépensier. De vrais résistants. Et à bas les agios. Bien sûr tout ce petit monde reste totalement crédible en défendant la veuve et l'opprimé ou en nous gratifiant de leurs fines analyses sociologiques dès que l'occasion médiatique se présente dans les journaux et les talk-shows au moment de la sortie de leur dernier film (pas pendant les vacances quand même), tout en caressant allègrement de l'autre main le plus grand consortium de racket mondialement organisé que constitue la noble institution bancaire. Ben oui il est où le problème ? Yen a pas, ils prennent juste le pognon là où il est et pendant qu'il y en a, voilà une belle leçon d'humanisme et de solidarité à méditer. Tiens j'ai comme une envie de vomir moi.

(Photo : Ben / Chiloe, Chili - Mai 2008)

samedi 13 septembre 2008

Demain, tous DRH ?


Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'un DRH sommeille en chaque français. Tapi dans l'ombre comme une perversion inavouable. Ou une espèce de rêve absolu. C'est selon. Mais quelle bien étrange passion pour l'administration du personnel, ce soleil vert de l'entreprise, au lieu de prendre l'apéro. La France aime-t-elle la veille sociale? La France kiffe-t-elle l'outplacement? La France fantasme-t-elle sur les tickets restos à 6,10 euros? La France rêve-t-elle d'hygiène, de sécurité et d'aménagement du temps de travail? La France délire-t-elle sur le knowledge management? Eh bien oui.

Alors évidemment le DRH qui sommeille en chaque français n'est pas celui qui se tape des séminaires de trois jours dans la Creuse sur "Comment gérer les talents en approche transversale ?" et des bouquins de 550 pages sur "RH et compétences dans une démarche qualité", tout ça on s'en fout. Non, ce serait plutôt le DRH qui vire à tour de bras. Toi tu m'énerves, t'es viré. Toi t'es moche, t'es viré. Toi t'es nul, t'es viré. Toi tu portes du bleu turquoise, t'es viré. Toi t'es Raymond Domenech, t'as des gros sourcils, t'es viré. Toi t'es PPDA, 30 ans que tu nous endors, t'es viré. Toi tu... euh, t'es viré. Toi t'as dit ton secret aux habitants de la maison en leur faisant comprendre que tu étais prêtre-danseur de hip-hop et que tu avais 6 gosses, t'es un gros naze et t'es viré. Toi t'as des gros seins, t'es... non tu restes. Toi je t'ai assez vu, t'es viré. Toi je sais pas qui t'es, t'es viré. Toi tu chantes mal, t'es viré. Toi, toi, toi et toi vous faites la Starac... c'est pas commencé encore? Et ben vous êtes tous déjà virés.

Ah ouf, ça fait du bien. Alors c'est bizarre que tout le monde ait un avis sur "garder ou virer Domenech" (impossible d'allumer la télé cette semaine sans se cogner un micro-trottoir avec la fatidique question, et les avis toujours aiguisés des spécialistes du macadam... parfois les mêmes qui trouvent que le Pape en France c'est un scandale, c'est dire le haut degré d'analyse), pourtant en France on est contre le CPE. Bon vous me direz ça n'a aucun rapport, certes. Quoique... il semblerait que la perche de la vengeance, quand on la tend suffisamment près, soit bien tentante tout de même... ah quel beau sentiment. Allez, je m'auto-vire maintenant. Et toi le Pape, t'es viré aussi.

(Photo : Hommage à Carlos)

mardi 9 septembre 2008

J'aime la cucaracha


On va en bouffer de la culture cette saison. C'est moi qui vous le dit. Enfin c'est Sarkozy qui le dit en fait. Grâce au Service Public, la télé-réalité ne passera pas ! Non de non ! Sus à l'Ile de la Tentation, vilains tentateurs hors de ma vue ! On aura de la culture, de la culture, de la culture. Et sans pub en plus, car avant vous la regardiez comme des abrutis décérébrés, mais maintenant ça va changer. A toute heure, à tout moment, même quand on n'en a pas envie, paf! un parpaing de culture dans ta gueule. Et pis ça va être super sympa en plus vous allez voir. Le vendredi soir en rentrant du boulot, exténué par une semaine passée à vous énerver sur votre secrétaire dépressive qui vous donne envie de partir au Mexique pour devenir prof de cucaracha, vous enfourchez rocking-chair, chaussons fourrés et telécommande et paf! de la culture ! En pleine face ! Sans prévenir ! Christophe Hondelatte ! Vous n'en vouliez pas ? Vous ne l'aviez pas réclamé ? Eh bien il est là ! Vous le public dégénéré, vous aller bientôt presque aimer ça, si si ! Peut-être même que vous achèterez un livre en 2009. Un Marc Lévy peut-être mais faut bien commencer par quelque chose.

Et après c'est l'engrenage infernal. Vous lirez du Houellebecq pour faire plus intello, du Christine Angot pour bouffer de la cervelle, une bouse de Florian Zeller pour faire branché, peut-être même un Eric-Emmanuel Schmidt parce qu'il a un nom classe et ça donne l'impression de lire des trucs intéressants quand l'auteur a un nom classe. Il n'y aura qu'un pas pour dévorer Amélie Nothomb en 250 volumes juste pour dire que oui je l'ai fait. Et puis bientôt devenu totalement insatiable, vous passerez aux auteurs classiques, comme ça, sans raison, vous vous taperez Dostoïevski dans le train, Tolstoï dans le métro, Kafka dans l'avion, vous vous enfilerez la Comédie Humaine à la plage, et vous vous gaverez jusqu'à la lie avec La Recherche du Temps Perdu.

Bon après tout ça bien évidemment, ce sera la nausée, les sueurs, une envie de régurgiter tout ça comme un tartare à 15 euros avalé trop vite à un comptoir de gare un jour de canicule combiné à une grève SNCF. Une bonne gerboulade de culture. Bleurp. Merci France 2 on en demandait pas tant.

(Euh... et si plutôt vous mettiez des nouvelles émissions drôles avec des comiques marrants... je sais pas moi... des trucs impertinents, novateurs et originaux... de l'humour drôle quoi... avec des idées dedans peut-être... non non pas les vieux sketches de Fernand Raynaud... ouais non, même remixé avec du Coluche c'est plus plus possible ça... euh je crois qu'on se comprend pas... des émissions qui font rire avec des gens drôles, décalés, impertinents, fous... parce que moi la dernière expo au Palais de Tokyo où je le journaliste Machin a été invité à bouffer des ptits fours pour ensuite m'exprimer tout son enthousiasme pour "l'art-contemporain-c'est-formidable-allez-y-bande-de-cons", le tout sous l'approbation de Florence Foresti, en fait je m'en fous complètement... donc ?... hein ? ya pas ? ah mince... Bon ben remettez moi Amélie Nothomb alors M'dame).

(Photo : Ben / Chili - Patagonie, Mai 2008)

lundi 8 septembre 2008

Presque parfait


Allez c'est la rentrée. Ya la boule au ventre mais c'est pas grave. On y va, on fonce, on y croit. C'est parti. Je suis grave motivé, je vais me défoncer. Comme y disent... Ouais. J'aime me dépasser. J'aime les défis et surtout j'aime relever les défis. J'ai le sens de la compétition et j'aime gagner. J'aime aller jusqu'au bout de ce que j'entreprends, je n'aime pas m'arrêter en cours de route. Je suis toujours à 100%. J'aime être au top. J'aime être au top de moi-même. Je suis au top de moi-même. Tiens je suis chaud, je vais m'inscrire à "Un dîner presque parfait" et je vais épater mes hôtes avec ma déco et bluffer mes convives avec mes recettes tout en leur faisant partager mes multiples passions pour mettre une ambiance de feu. Eux aussi ils aiment souvent être au top d'eux-mêmes. Ils vont pas en revenir mes invités. Putain j'ai déjà la pression, le stress monte, j'adore ça.

Hmm. Bon. Ouais c'est pas le tout mais... on verra tout ça demain parce que je viens de regarder les nuages pendant 2h30 alors maintenant j'ai super envie d'un risotto au micro-ondes et d'aller me coucher.

(Photo : Ben / Valparaiso, Juin 2008)

dimanche 7 septembre 2008

Je (re)deviens liquide


Bon c'est la rentrée, alors comme tout le monde, il faut se remettre au boulot. Après un mois d'août passé à regarder de la lutte gréco-romaine dans toutes les catégories possibles et (in)imaginables (les 62 kg, les 63 kg, les 64 kg... jusqu'aux 128 kg, c'est que ça en fait des heures de combats en combi-short rouge et bleu), affalé dans un canapé à se plaindre de la chaleur quand il fait beau et du manque de soleil quand il fait moche, il est en effet plus que temps de s'y remettre. A l'instar de Laure Manaudou, fini de parader en sac à main dans tous les journaux, fini de faire la belle en soirée, finies les interviews pour torchons people, il faut retourner à la piscine pour bosser. Allez hop, la tête sous l'eau.

(Photo : Ben / Chili, Mai 2008)

vendredi 4 juillet 2008

D'imperceptibles horizons


"Certaines personnes ont déprimé en prenant V... en association avec R..., et dans certains cas, ont eu des idées suicidaires ou un comportement agressif (parfois dirigé contre autrui). Certains patients se sont effectivement suicidés. Ne manquez pas de consulter en urgence, si vous remarquez que vous déprimez ou avez des idées de suicide ou changez de comportement. Vous pouvez demander à un membre de votre famille ou à un ami proche de vous aider à rester vigilant vis-à-vis des signes de dépression ou de changement de comportement."

Ah ben sympa ce médicament, ça promet pour l'année à venir... Bon en même temps, agresser tout le monde à tout bout de champ ça doit bien défouler.

(Photo : Ben / Kuala-Lumpur, Janvier 2008)

mercredi 30 avril 2008

Voilà, c'est fini


On espère la fuite, on la rêve, on l'imagine, on la veut... et puis on la choisit. Tout d'un coup, comme ça, sur un coup de tête, en répondant à une question qu'on avait pas prévue à ce moment-là. Un coup de tête réfléchi, pensé, repensé pourtant, repoussé surtout.
" - Comment vois-tu cette rentrée ?
- Je pense qu'il faut me remplacer."

Voilà c'est dit, "Je m'en vais" finalement c'était pas si difficile. Il faisait beau, c'est venu comme ça. Un intense sentiment de légèreté, bref et soudain. On le regrette presque déjà et puis non il ne faut pas.

Et puis la fuite se fait attendre, se laisse désirer, semble s'éloigner encore plus au fur et à mesure qu'elle se rapproche. La fuite est fuyante, c'est sa nature. Elle est insaisissable, elle ne se laisse pas attraper comme ça. Il faut la mériter, souffrir un peu plus, savoir patienter, garder la tête sous l'eau, faire de l'apnée, combien de temps encore ?

On la fait même traîner vaguement, car finalement, elle fait un peu peur quand on l'entraperçoit. L'ennui ne serait-il pas seulement l'envers terni de la sécurité ? Le prix de cette dernière ne vaut-il pas l'épreuve du premier ? Oui, mais si la sécurité n'était qu'une illusion ? La sérénité ne lui est-elle pas supérieure ? Et le danger n'est-il pas son inéluctable et méandrique rampe d'accès ? Faut-il vraiment troquer l'ennui contre le danger ou peut-on s'en détourner ?

Mais demain, ça y est, plus de questions, plus de reculades, point de dérobade, voilà c'est fini. Je quitte 7 ans de tourments et de joies, de stress et d'ivresse, de cafés et de "ça va ?". 7 ans à apprendre des gestes, à les répéter, à les apprivoiser. 7 ans à faire et défaire, à observer et sourire, à agir et subir, à abandonner et reprendre, à comprendre et s'étonner, à s'exaspérer et s'amuser, à vaincre et recommencer, et à aimer tout cela, peut-être, sûrement.

Allez n'ayons pas peur, il y aura encore des cafés et des "ça va ?".

(Photo : Ben / Torcello, Décembre 2007)

mardi 8 avril 2008

Quelle est la cause la plus hype ?


Moi je mettrais :
1. Libérer Ingrid Bétancourt
2. Délivrer le Tibet de l'oppression chinoise
3. Sauver les enfants du Darfour
4. Acheter un écran plat à chaque SDF pour qu'il s'occupe 24h/24 grâce aux chaînes de la TNT et donc picole moins et devienne moins agressif avec les gens mieux habillés que lui (par exemple : en regardant "Culture VIP" sur Direct 8 tous les jours à 19h, à vous dégoûter du champagne).

Ouais ça me paraît pas mal comme classement...

Ingrid c'est hype, ya des accents espagnols chantants, de la drogue, des gros guns, des enfants multimédia bien habillés (et Lorenzo a un prénom trop cool) et un sexy comité de soutien. Avec Renaud en tête, 50 ans à pousser la gueulante pour tout et n'importe quoi, Miss Maggie, le chomdu, les bobos, la clope qui file le cancer, la corrida, le sida, l'extrême droite, le retour de Danièle Gilbert à la télé, les restos du coeur, le code de la route... si ça vous fait pas un bon chef de manif ça. Bernard Thibaud c'est une danseuse orientale à côté. Et puis y avait même Carla à la manif, et Carla en matière de tendance c'est un peu la cheftaine en ce moment. Tiens je vais porter un béret gris avec des ballerines demain, des fois que je croise la reine pour lui taper la bise.

Le Tibet c'est sympa aussi, ça a l'air joli, on irait bien se balader à Lhassa, l'air y semble trop pur, ça doit shooter tellement c'est pur, ya des temples en or et les bonzes ils s'en foutent de l'or, ils sont juste top décontract et trendy en chantant avec leurs combis orange, un peu comme la robe de Yelle dans son clip. Ca manque juste un peu de people, et gros-Douillet il aurait dû tataner du chinois pour la télé au lieu de faire du footing.

Le Darfour bof, ils sont un peu largués là, faudrait vous remuer un peu les enfants, pas assez sexy tout ça. Et puis on n'y comprend rien, vous êtes tchadiens, soudanais ? faudrait vous décider les gars. Paraît en plus que les chinois sont encore dans le coup, donc là c'est vraiment trop compliqué. La Chine en Afrique c'est pas crédible. Ouais et de toute façon la chaleur non merci. Et pis trop de mouches.

Et les SDF... bah on s'en fout. Mais en fait je crois qu'il n'y en a plus, non ?

(Photo : Ben / Bangkok, Janvier 2008)

samedi 5 avril 2008

Et hip et hop, Dorothée est-elle sympa ?


C'est lors d'une phase contemplative souterraine, attendant un métro qui allait m'amener vers de nouvelles destinations féériques, et détaillant avec intérêt l'affiche du film "Sexy Dance 2", que je me demandai alors si je ne devais pas m'inscrire au concours qui s'offrait devant mes yeux tel le destin s'abattant sur Agamemnon, pour moi aussi relever le "Défi Sexy Dance Battle". En m'ouvrant aux cultures du hip et du hop, de nouveaux horizons chatoyants semblaient alors s'offrir à moi. Oui le "Défi Sexy Dance Battle" était fait pour moi.

Alors ni une ni deux, mais plutôt entre 2 et 3 heures du matin, une heure un peu creuse puisque j'ai généralement fini de faire la vaisselle, je décidais aussitôt de m'intéresser aux modalités de ce concours devenu déjà indispensable. En parallèle, je pouvais même jeter un oeil à un magnifique reportage de journaliste de "50 minutes inside" sur "la mort étrange de Katoucha" où l'on apprenait en détail la liste des invités à l'enterrement (il y avait Mouss Diouf et ça c'est cool, on se demandait un peu ce qu'il devenait depuis qu'il égorgeait des coqs dans "La Ferme Célébrités"), puis une analyse plus en profondeur sur les mystères de cette mystérieuse mais vraiment mystérieuse disparition mystérieuse puisque le journaliste se mit même à prononcer d'obscures phrases telles que "les certitudes autour de la mort de Katoucha semblent se fissurer" avec des plans flous de péniches la nuit, suivis d'une interview d'un avocat qui bosse avec Julien Courbet pour généralement régler des problèmes de voisins qui s'insultent mais qui là semblait plus que sûr de lui sur le fait qu'on était sûr de rien, mais que le corps qu'on avait repêché était bien "sans vie" puisqu'il a baigné un mois dans la Seine (ah au fait, il y avait aussi le fils de Richard Anthony à l'enterrement, celui qui fait de la cuisine et qui bosse maintenant pour IDF1, une chaîne qui fait aussi bosser Dorothée le jour parce qu'elle se faisait chier grave à la campagne et qui passe des contrefaçons de Derrick hyper mal doublées la nuit, et d'ailleurs puisqu'on en parle, le cuistot Anthony en question a donné une interview exclusive au site public.fr où il y révèle que "Dorothée est syper sympa" et ça c'est super sympa, autant dire que donc vive les enterrements Jet Set).

Donc bon bref, j'arrive tant bien que mal sur le site du "Sexy Battle Dance" ou je-sais-plus-trop-quoi puisque ça commençait déjà à me saoûler, et là... l'horreur. Car en effet 1/ les sites myspace on n'y comprend rien, c'est hyper-moche et ça fait du bruit (et je sais pas l'arrêter), 2/ le concours s'arrêtait le 3 avril et on est déjà le 5 et puis 3/ le lot à gagner était une "projection très privée entre amis dans la salle Paramount le 27 mars à Paris" (soit donc avant la fin du concours mais bon c'est peut être comme ça que ça se passe dans le hip-hop, on n'en a rien à foutre des dates). Grosse déception donc, puisque finalement, une projection très privée entre amis de "Sexy Dance 2" ça m'intéresse pas du tout. Et hip et flop.

(Photo : Ben / Venise, Décembre 2007)

jeudi 3 avril 2008

Le Rouge et le Noir 2


Ayant décidé de commencer une cure de désintoxication intensive de télévision et d'addiction chronophages inutiles, à base d'un subtil mélange de salle de sport et de divan en remarquant oh ironie que le plus fatigant n'est pas forcément celui qu'on croit, je constatai avec effarement le tarissement de la source de mon inspiration et/ou mon manque d'envie à faire des prospectives sur l'avenir du monde et sur la qualité sonore des ronflements de mon voisin. Oui finalement, la connexion entre le virtuel et le réel était plus forte que prévue, et l'influence de l'un sur l'autre avait pour avantage de contrebalancer une espèce de vide intérieur qui ne faisait qu'aspirer de plus en plus l'angoisse de mes congénères parisiens (et des autres aussi), pris dans l'orbite de la nébuleuse dépressionnaire, comme sur les cartes météo avec des A et des D qui tournent en rond. En s'éloignant des écrans pour mettre un peu les mains dans la glaise, il sembla que les perspectives commençaient à se modifier et que la sensation de vide pouvait se muer en vertige, le tout étant de ne pas tomber de la falaise. Le mot d'ordre étant devenu "moi, moi, moi", un vrai horizon de découverte s'offrait à moi-(moi-moi) qui ne méritait pas nécessairement le partage. L'égoïsme débarassé de son addictif pendant narcissique était bon, mais je me dis tout à coup qu'il suffirait de quelques efforts pour le muer en égotisme stendhalien, cette "façon sincère de prendre le coeur humain" comme disait l'ami Henri Beyle, et hop la machine repartirait. Ouais bon bah ya encore du boulot quoi.

(Photo : Ben / Venise, Décembre 2007)

dimanche 2 mars 2008

Je n'ai jamais rencontré d'ours polaire


Et si le réchauffement climatique n'était que de la poudre aux yeux ? Et si le vrai sujet, ce n'était pas le temps qu'il fait mais plutôt le temps qui passe ? Et si tout le monde se trompait ? Est-ce que le temps, cet incompressible ennemi, n'est pas devenu incontrôlable ?

Les journalistes, ces déjà-obsolètes observateurs du présent, sont la preuve de cette course insensée contre la montre. Ils étaient gardiens du temps, commentateurs du présent, raconteurs des faits, observateurs de notre quotidien, garants de l'éphémère. Mais ils savent qu'ils ne le sont déjà plus. Le citoyen, le monsieur lambda, la madame tout-le-monde, la France d'en-bas, tous sont aussi journalistes maintenant. Le temps n'appartient plus à personne. Il a été multiplié par lambda. Il s'achète et se revend.

Alors on s'agite, on court, on cherche l'exclu, le scoop, la nouvelle nouvelle, le new news. Et ensuite on commente, on s'agite encore, on recommente, on recommence. On met en abyme, on analyse, on brasse de l'air. Un jour-une polémique. La discussion suscitée par la polémique porte à polémique. La polémique suscitée par la discussion porte à discussion. Et puis on s'énerve, on se révolte contre du vent, on s'insulte parce qu'on n'y comprend plus rien. Sarko n'a pas insulté un passant au salon de l'agriculture. Ces images n'auraient juste pas dû exister. Elles sont le cri d'effroi d'une profession qui meurt.

Et si les journalistes étaient en fait des ours polaires ?

(Photo : Ben / Bangkok, Janvier 2008)

jeudi 31 janvier 2008

Oserai-je leur déposer ?


Chers voisins du-dessus,

Excusez l'incongruité de ma question mais croyez-vous qu'il serait possible que, éventuellement, vous preniez un peu de tisane relaxante le soir en rentrant chez vous ? Ca se vend en pharmacie, ça coûte dans les 5 euros 50, un paquet de clopes quoi, pas tellement plus. De toute façon on peut plus fumer dans les bars, alors au lieu de se choper une crève en fumant dehors (vous avez vu tout le monde tousse en ce moment ?), autant se shooter à la tisane. Je peux même aller la chercher pour vous au cas où vous ayez du mal à en trouver, j'avance les frais, on s'arrangera, vous me filerez un pack de lait.

Ou alors je ne sais pas, OK pour que vous vous entretuiez, mais alors plutôt en silence, en chuchotant, en marchant en chaussettes sur de la moquette et en vous lançant des balles en mousse à la figure. En plus comme ça je ne serai pas témoin pour le procès, ce qui m'évitera des déplacements inutiles et l'obligation de prendre des RTT le jeudi alors que je n'en ai pas, juste pour dire que "oui mon voisin du dessus il criait beaucoup monsieur le juge, surtout vers 22h12-22h13, je sais pas pourquoi, des fois vers 0h52 aussi... elle était mauvaise cuisinière peut-être... moi aussi je trouverais ça insupportable monsieur le juge, une escalope trop cuite c'est fatal, ça me rend hystéro... je le comprends un peu en fait".

Je ne vois pas d'objection à ce que vous vous engueuliez, vous en avez parfaitement le droit, ça fait du bien sûrement, ça doit bien défouler trop grave, mais disons que le fait que je profite de manière aussi... comment dirais-je... aussi "présente", de vos échanges vocaux, m'est un tout petit peu moins supportable. J'ai la télé pour ça, et en plus ya des images, c'est cool, dans "Confessions intimes" il y en a aussi qui s'engueulent tout le temps, ils me font rire, en plus ils ont souvent un bon accent niçois et des vêtements qui brillent. Mais là je n'ai que le son. Alors je mets du son aussi, plus fort, mais j'ai peur de bientôt devenir sourd et surtout de développer un Alzheimer précoce à cause du stress et de la fatigue nerveuse que me cela me procure.

Parce que je dois dire (l'objet de mon mot n'est pas spécialement de vous raconter ma vie mais bon allez hop, en tendant l'oreille je peux savoir plein de trucs sur la vôtre, surtout avec le tuyau d'évacuation de la cuisine, si c'est pas trop sympa les vieux immeubles quand même, qui a dit qu'on ne connaissait pas ses voisins à Paris ?) qu'en matière de stress, j'ai déjà ce qu'il faut, plutôt bien, merci. Et si ça s'arrête à 19h c'est bien aussi. Comme ça je peux écouter du Jozé Gonzalez et faire semblant de travailler le soir sans me dire "ohlala non c'est pas possible ça recommence".

Sinon j'ai aussi d'autres solutions :
- partez en vacances, longtemps, loin, seul, à deux, comme vous voulez ;
- mangez des chamallow quand vous voulez dire un truc ;
- soûlez-vous et dormez ;
- séparez vous (c'est pas mal aussi) ;
- trouvez d'autres expressions que "j'en ai marre" au moins j'apprendrai des trucs (par exemple "je pense être arrivé à satiété" c'est pas mal aussi) ;
- faites du sport, un truc qui défoule, de la boxe thaï par exemple, ça tatane bien sa mère ça ;
- devenez scientologue, il paraît que ça résout pas mal de trucs aussi ;
- échangeons nos apparts, on entend peut-être moins du dessus.

Voilà... enfin je ne sais pas trop ce que vous en pensez, mais merci de votre compréhension pour me permettre de m'éviter de passer une heure à rédiger un mot qui n'a ni queue ni tête.

Votre voisin du-dessous

PS : Bon si c'est pas vous, et que c'est un film que vous regardez régulièrement, je suis désolé et pourriez-vous me donner la marque de votre home cinéma ?

(Photo : Ben / Venise, Décembre 2007)

lundi 28 janvier 2008

Oulah mais...


... on est bientôt fin janvier. Bonne année 2008 quoi. Enfin ça va, j'aurais pu me rendre compte tout d'un coup qu'on était fin 2008, que j'avais encore rien écrit ni envoyé mes voeux, et que j'avais même pas encore mangé de galette. Ouf, la fève est sauve (bon exercice de diction).

(Photo : Ben / Kuala-Lumpur, 1er janvier 2008)