jeudi 25 septembre 2008

Le prix du baril


A combien est-il aujourd'hui ? J'ai pas écouté Laurence Ferrari ce soir, qui donne le chiffre tous les jours, vu que c'est vachement important (sur fond rouge écrit en gros en général et si possible dans les titres du journal tant qu'à faire tellement on n'en peut plus de savoir où il en est le baril). Oui j'aimerais bien savoir parce que je voudrais manger des tomates en hiver et j'hésite pour 2008/2009... Sur le site boursier.com (que j'aime consulter pour me détendre le soir), ils l'annoncent à 93,80 dollars pour la référence WTI sur le Nymex. Ah ben dis donc !

Le baril remonte donc ce mercredi, et au revoir les tomates, tout est foutu, on va encore devoir bouffer des pâtes "prix malin" au beurre "prix complice", au secours le monde s'écroule. Mais mon ami boursier.com reste calme, lui, et d'ailleurs il précise laconiquement, sans la moindre once d'affolement, que "les analystes s'attendent à ce que le rapport hebdomadaire de l'API fasse état d'une diminution des stocks US, aussi bien de brut (une baisse de l'ordre de 3,5 à 3,8 millions de barils selon les sources) [oui 3,8 millions !! 3,8 !! encore à 3,2 je reste calme, mais 3,8 !!... et puis ils sont où ces barils ?] que de distillats et de carburants. De nouvelles violences au Nigéria poussent également les cours à la hausse, avec une attaque du MEND, le mouvement pour l'émancipation du delta du Niger [mais pourquoi ils veulent s'émanciper le delta du Niger, on sait même pas où c'est ?], contre une station de pompage opérée par Shell." Ohlala.

Alors moi je veux bien que Christine Lagarde reste hyper calme comme si le conseil des ministres avait été une séance de Yoga Iyengar rive gauche, et nous dise que tout va bien surtout son brushing (toujours impeccable, il faut le reconnaître, c'est pas comme Borloo, comme quoi quand on fait de l'écologie on peut se permettre les cheveux crades et le costume de traviole pour inventer des malus-pique-nique vu que tout le monde fait semblant de s'en préoccuper mais s'en fout complètement, mais pour l'économie, le tailleur a intérêt a sortir du pressing sinon t'es pas crédible), OK OK je veux bien Christine t'as l'air méga-cool quand tu parles de la croissance, mais là, quand je lis ce que dit l'API sur le MEND, je suis à deux doigts de la méga-panique quand même.

(Je viens d'ailleurs de me rendre compte que nous ne sommes absolument pas mercredi et que l'info de boursier.com date de plus d'une semaine. Comme quoi il faut l'avoir à l'oeil le baril.)

(Photo : Ben / Bangkok, Janvier 2008)

mardi 16 septembre 2008

Sois people et lâche-moi


Je ne sais pas si c'est une tendance lourde de la rentrée mais j'ai l'impression qu'on ne peut plus regarder un tunnel de pubs bien peinard comme on le faisait avant avec son temps de cerveau disponible sans que maintenant, une célébrité ou une semi-célébrité, un sportif, un acteur, un mannequin marié à un sportif qui a joué dans une série, un gars qui est passé à la télé, bref un people comme on dit si joliment (Poésie moderne...) ne surgisse à chaque carrefour de l'hypermarché (ou à chaque hypermarché Carrefour). Quasiment chaque pub est dorénavant squattée par un ami-people-prescripteur-bienveillant qui nous offre ses précieux conseils de consommation.

Sans aucune espèce de conscience, si ce n'est sûrement celle de l'angoisse face à la réception de l'avis de tiers provisionnel, nos amis les peoples nous font donc de la retape indifféremment pour des banques, des compagnies d'assurances, des lunettes ou des plats micro-ondables. C'est pareil, mangez, consommez et recrachez tout. Quand vendront-ils leur image pour les labos pharmaceutiques (comme moi, prenez des benzodiazépines, vous serez heureux), des marchands de grenades (autour du cou ou en gourmette c'est du dernier chic), ou des trafiquants de Crystal Meth (beaucoup plus hype que la coke tant qu'à faire), quitte à tapiner pour les plus pourris ?

Après que Laeticia a rejoint son sémillant époux Johnny sur nos écrans, pour le meilleur et pour le pire de la vision de près comme de loin, c'est maintenant Adriana Karembeu qui, entre deux forfaits pour mobile, vend des lunettes qui ne lui vont pas (mais alors vraiment pas) avec Antoine, qui a toujours des cheveux longs mais pas assez de seins vraisemblablement. Myopie, SMS illimités et Croix Rouge, même combat. Un vieux chanteur et une blonde ça doit être la combinaison idéale pour bien faire vendre des double-foyers, je ne vois pas d'autre explication.

Quoiqu'un footballeur qui donne des coups de boule devant 12 millions de français aussi, puisque Zidane jongle chez l'opticien d'en face quelques minutes après nous avoir délivré un message d'une grande humanité au service d'une compagnie d'assurance (et avec l'accent marseillais). Un coup de boule, un grand écart, hop hop hop, quel champion. Oui comme tout footballeur qui se respecte il a déjà vendu des chaussures, des articles de sport, des forfaits téléphoniques, des magasins de hard discount, de l'eau minérale, des voitures, des yaourts, des bouquets satellites et même un programme des Nations Unies "Anti-Pauvreté" (si si), donc il est tout naturel de passer aux assureurs. Oui ceux-là mêmes qui vous bloquent votre dossier de prêt pour l'achat de votre appart de 30 m2 sur 25 ans si vous avez eu une opération de l'appendicite en 1982 et qui savent tout de vos dernières analyses sanguines (dites donc vous achetez un appart et vous avez du choléstérol, c'est pas très raisonnable ça M. Duchemin). C'est sûr, quand on s'appelle Zidane, on peut faire exploser son taux de choléstérol en renvoyant ses Danacol dans sa gueule à Jacques Weber (merci t'es sympa), c'est plus facile pour le prêt. Et ensuite on est plus détendu pour délivrer la bonne parole sur les ondes. Trop cool Zinedine.

Les assurances ne reculent d'ailleurs devant aucun élan de générosité spontanée puisqu'elles font même jouer les morts. Philippe Khorsand, même terrassé par un cancer, était toujours là cet été pour danser sur une reprise de "C'est la ouate que j'préfère". Efficace et pas cher ? Si ça c'est pas la preuve qu'ils se foutent de vos analyses médicales ? Mais bon pour le prélèvement mensuel c'est mieux d'être vivant quand même.

La grande distribution n'est pas en reste de peoples sympas dans l'allée centrale puisque Casino a chopé Christian Clavier pour faire la tête de gondole, pendant que le Super U d'en-face est toujours tenu par Daniel Prévost. A quand Isabelle Adjani chef de rayon chez Monoprix ? Ah non c'est vrai, elle vend déjà Paris Match à la criée sur le trottoir.

Pendant ce temps, Anne Roumanoff nous aguiche moulée de rouge et allongée sur un bureau pour promouvoir des classeurs 2 anneaux avec dos de 4 cm (bien sûr), Yves Lecoq fait de la retape pour des fenêtres double vitrage en imitant Chirac (logique), Jean-Marie Bigard vente les mérites d'un climatiseur (humour gras et air conditionné, la combinaison de rêve) et Pierre Arditi, jamais le dernier pour nous délivrer un beau discours bien-pensant sur n'importe quel plateau télé nous offre ensuite généreusement ses précieux conseils financiers en faisant l'article pour une banque qui, certes, n'a pas perdu récemment 3 milliards d'euros par "négligence" sans faire apparaître la moindre rougeur de honte face à ses clients. Demandez plus à votre argent donc.

D'ailleurs à peu près tous les comédiens de la place de Paris en ont bouffé du Lion, l'animal doit être généreux... Le milieu du cinéma est sûrement très aguerri sur les taux directeurs. Eric et Ramzy, eux, ont eu le courage de choisir l'originalité puisqu'ils ont l'incroyable audace de racoler les jeunes pour un concurrent du fauve dépensier. De vrais résistants. Et à bas les agios. Bien sûr tout ce petit monde reste totalement crédible en défendant la veuve et l'opprimé ou en nous gratifiant de leurs fines analyses sociologiques dès que l'occasion médiatique se présente dans les journaux et les talk-shows au moment de la sortie de leur dernier film (pas pendant les vacances quand même), tout en caressant allègrement de l'autre main le plus grand consortium de racket mondialement organisé que constitue la noble institution bancaire. Ben oui il est où le problème ? Yen a pas, ils prennent juste le pognon là où il est et pendant qu'il y en a, voilà une belle leçon d'humanisme et de solidarité à méditer. Tiens j'ai comme une envie de vomir moi.

(Photo : Ben / Chiloe, Chili - Mai 2008)

samedi 13 septembre 2008

Demain, tous DRH ?


Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'un DRH sommeille en chaque français. Tapi dans l'ombre comme une perversion inavouable. Ou une espèce de rêve absolu. C'est selon. Mais quelle bien étrange passion pour l'administration du personnel, ce soleil vert de l'entreprise, au lieu de prendre l'apéro. La France aime-t-elle la veille sociale? La France kiffe-t-elle l'outplacement? La France fantasme-t-elle sur les tickets restos à 6,10 euros? La France rêve-t-elle d'hygiène, de sécurité et d'aménagement du temps de travail? La France délire-t-elle sur le knowledge management? Eh bien oui.

Alors évidemment le DRH qui sommeille en chaque français n'est pas celui qui se tape des séminaires de trois jours dans la Creuse sur "Comment gérer les talents en approche transversale ?" et des bouquins de 550 pages sur "RH et compétences dans une démarche qualité", tout ça on s'en fout. Non, ce serait plutôt le DRH qui vire à tour de bras. Toi tu m'énerves, t'es viré. Toi t'es moche, t'es viré. Toi t'es nul, t'es viré. Toi tu portes du bleu turquoise, t'es viré. Toi t'es Raymond Domenech, t'as des gros sourcils, t'es viré. Toi t'es PPDA, 30 ans que tu nous endors, t'es viré. Toi tu... euh, t'es viré. Toi t'as dit ton secret aux habitants de la maison en leur faisant comprendre que tu étais prêtre-danseur de hip-hop et que tu avais 6 gosses, t'es un gros naze et t'es viré. Toi t'as des gros seins, t'es... non tu restes. Toi je t'ai assez vu, t'es viré. Toi je sais pas qui t'es, t'es viré. Toi tu chantes mal, t'es viré. Toi, toi, toi et toi vous faites la Starac... c'est pas commencé encore? Et ben vous êtes tous déjà virés.

Ah ouf, ça fait du bien. Alors c'est bizarre que tout le monde ait un avis sur "garder ou virer Domenech" (impossible d'allumer la télé cette semaine sans se cogner un micro-trottoir avec la fatidique question, et les avis toujours aiguisés des spécialistes du macadam... parfois les mêmes qui trouvent que le Pape en France c'est un scandale, c'est dire le haut degré d'analyse), pourtant en France on est contre le CPE. Bon vous me direz ça n'a aucun rapport, certes. Quoique... il semblerait que la perche de la vengeance, quand on la tend suffisamment près, soit bien tentante tout de même... ah quel beau sentiment. Allez, je m'auto-vire maintenant. Et toi le Pape, t'es viré aussi.

(Photo : Hommage à Carlos)

mardi 9 septembre 2008

J'aime la cucaracha


On va en bouffer de la culture cette saison. C'est moi qui vous le dit. Enfin c'est Sarkozy qui le dit en fait. Grâce au Service Public, la télé-réalité ne passera pas ! Non de non ! Sus à l'Ile de la Tentation, vilains tentateurs hors de ma vue ! On aura de la culture, de la culture, de la culture. Et sans pub en plus, car avant vous la regardiez comme des abrutis décérébrés, mais maintenant ça va changer. A toute heure, à tout moment, même quand on n'en a pas envie, paf! un parpaing de culture dans ta gueule. Et pis ça va être super sympa en plus vous allez voir. Le vendredi soir en rentrant du boulot, exténué par une semaine passée à vous énerver sur votre secrétaire dépressive qui vous donne envie de partir au Mexique pour devenir prof de cucaracha, vous enfourchez rocking-chair, chaussons fourrés et telécommande et paf! de la culture ! En pleine face ! Sans prévenir ! Christophe Hondelatte ! Vous n'en vouliez pas ? Vous ne l'aviez pas réclamé ? Eh bien il est là ! Vous le public dégénéré, vous aller bientôt presque aimer ça, si si ! Peut-être même que vous achèterez un livre en 2009. Un Marc Lévy peut-être mais faut bien commencer par quelque chose.

Et après c'est l'engrenage infernal. Vous lirez du Houellebecq pour faire plus intello, du Christine Angot pour bouffer de la cervelle, une bouse de Florian Zeller pour faire branché, peut-être même un Eric-Emmanuel Schmidt parce qu'il a un nom classe et ça donne l'impression de lire des trucs intéressants quand l'auteur a un nom classe. Il n'y aura qu'un pas pour dévorer Amélie Nothomb en 250 volumes juste pour dire que oui je l'ai fait. Et puis bientôt devenu totalement insatiable, vous passerez aux auteurs classiques, comme ça, sans raison, vous vous taperez Dostoïevski dans le train, Tolstoï dans le métro, Kafka dans l'avion, vous vous enfilerez la Comédie Humaine à la plage, et vous vous gaverez jusqu'à la lie avec La Recherche du Temps Perdu.

Bon après tout ça bien évidemment, ce sera la nausée, les sueurs, une envie de régurgiter tout ça comme un tartare à 15 euros avalé trop vite à un comptoir de gare un jour de canicule combiné à une grève SNCF. Une bonne gerboulade de culture. Bleurp. Merci France 2 on en demandait pas tant.

(Euh... et si plutôt vous mettiez des nouvelles émissions drôles avec des comiques marrants... je sais pas moi... des trucs impertinents, novateurs et originaux... de l'humour drôle quoi... avec des idées dedans peut-être... non non pas les vieux sketches de Fernand Raynaud... ouais non, même remixé avec du Coluche c'est plus plus possible ça... euh je crois qu'on se comprend pas... des émissions qui font rire avec des gens drôles, décalés, impertinents, fous... parce que moi la dernière expo au Palais de Tokyo où je le journaliste Machin a été invité à bouffer des ptits fours pour ensuite m'exprimer tout son enthousiasme pour "l'art-contemporain-c'est-formidable-allez-y-bande-de-cons", le tout sous l'approbation de Florence Foresti, en fait je m'en fous complètement... donc ?... hein ? ya pas ? ah mince... Bon ben remettez moi Amélie Nothomb alors M'dame).

(Photo : Ben / Chili - Patagonie, Mai 2008)

lundi 8 septembre 2008

Presque parfait


Allez c'est la rentrée. Ya la boule au ventre mais c'est pas grave. On y va, on fonce, on y croit. C'est parti. Je suis grave motivé, je vais me défoncer. Comme y disent... Ouais. J'aime me dépasser. J'aime les défis et surtout j'aime relever les défis. J'ai le sens de la compétition et j'aime gagner. J'aime aller jusqu'au bout de ce que j'entreprends, je n'aime pas m'arrêter en cours de route. Je suis toujours à 100%. J'aime être au top. J'aime être au top de moi-même. Je suis au top de moi-même. Tiens je suis chaud, je vais m'inscrire à "Un dîner presque parfait" et je vais épater mes hôtes avec ma déco et bluffer mes convives avec mes recettes tout en leur faisant partager mes multiples passions pour mettre une ambiance de feu. Eux aussi ils aiment souvent être au top d'eux-mêmes. Ils vont pas en revenir mes invités. Putain j'ai déjà la pression, le stress monte, j'adore ça.

Hmm. Bon. Ouais c'est pas le tout mais... on verra tout ça demain parce que je viens de regarder les nuages pendant 2h30 alors maintenant j'ai super envie d'un risotto au micro-ondes et d'aller me coucher.

(Photo : Ben / Valparaiso, Juin 2008)

dimanche 7 septembre 2008

Je (re)deviens liquide


Bon c'est la rentrée, alors comme tout le monde, il faut se remettre au boulot. Après un mois d'août passé à regarder de la lutte gréco-romaine dans toutes les catégories possibles et (in)imaginables (les 62 kg, les 63 kg, les 64 kg... jusqu'aux 128 kg, c'est que ça en fait des heures de combats en combi-short rouge et bleu), affalé dans un canapé à se plaindre de la chaleur quand il fait beau et du manque de soleil quand il fait moche, il est en effet plus que temps de s'y remettre. A l'instar de Laure Manaudou, fini de parader en sac à main dans tous les journaux, fini de faire la belle en soirée, finies les interviews pour torchons people, il faut retourner à la piscine pour bosser. Allez hop, la tête sous l'eau.

(Photo : Ben / Chili, Mai 2008)