Voilà, c'est fini
On espère la fuite, on la rêve, on l'imagine, on la veut... et puis on la choisit. Tout d'un coup, comme ça, sur un coup de tête, en répondant à une question qu'on avait pas prévue à ce moment-là. Un coup de tête réfléchi, pensé, repensé pourtant, repoussé surtout.
" - Comment vois-tu cette rentrée ?
- Je pense qu'il faut me remplacer."
Voilà c'est dit, "Je m'en vais" finalement c'était pas si difficile. Il faisait beau, c'est venu comme ça. Un intense sentiment de légèreté, bref et soudain. On le regrette presque déjà et puis non il ne faut pas.
Et puis la fuite se fait attendre, se laisse désirer, semble s'éloigner encore plus au fur et à mesure qu'elle se rapproche. La fuite est fuyante, c'est sa nature. Elle est insaisissable, elle ne se laisse pas attraper comme ça. Il faut la mériter, souffrir un peu plus, savoir patienter, garder la tête sous l'eau, faire de l'apnée, combien de temps encore ?
On la fait même traîner vaguement, car finalement, elle fait un peu peur quand on l'entraperçoit. L'ennui ne serait-il pas seulement l'envers terni de la sécurité ? Le prix de cette dernière ne vaut-il pas l'épreuve du premier ? Oui, mais si la sécurité n'était qu'une illusion ? La sérénité ne lui est-elle pas supérieure ? Et le danger n'est-il pas son inéluctable et méandrique rampe d'accès ? Faut-il vraiment troquer l'ennui contre le danger ou peut-on s'en détourner ?
Mais demain, ça y est, plus de questions, plus de reculades, point de dérobade, voilà c'est fini. Je quitte 7 ans de tourments et de joies, de stress et d'ivresse, de cafés et de "ça va ?". 7 ans à apprendre des gestes, à les répéter, à les apprivoiser. 7 ans à faire et défaire, à observer et sourire, à agir et subir, à abandonner et reprendre, à comprendre et s'étonner, à s'exaspérer et s'amuser, à vaincre et recommencer, et à aimer tout cela, peut-être, sûrement.
Allez n'ayons pas peur, il y aura encore des cafés et des "ça va ?".
(Photo : Ben / Torcello, Décembre 2007)