lundi 26 novembre 2007

Dis donc il est génial ton Walkman, il est auto-reverse en plus ?


Je m'apprêtais à trouver ça scandaleux. Mais en fait non, même pas, je trouve ça juste incompréhensible. Ahurissant. Ce week-end, j'écoutais tranquillement la radio au coin du feu en buvant mon "Breakfast English Tea Super U" (plus jamais ça, même avec du sucre). Et la nouvelle est tombée. Ahurissante donc. J'ai failli en jeter de stupeur la couverture qui me recouvrait délicatement les genoux.

Non ce n'est pas la réforme des universités (il va bien falloir que les étudiants français se rendent compte un jour qu'ils ne sont pas forcément les meilleurs du monde, qu'au passage il y a un "monde" en dehors de la France, et qu'ils se font mener par des gens qui n'ont que des ambitions personnelles dans cette glorieuse croisade, ah oui eux ils en trouveront du boulot). Non ce n'est pas la refonte de la carte judiciaire (je n'y comprends rien, les assises, la correctionnelle, les tribunaux d'instance, j'y connais rien, je veux bien faire genre j'ai un avis mais j'en ai pas). Non ce ne sont pas les émeutes de Pontoise à cause d'un accident de la route (encore qu'une bibliothèque qui brûle en réponse à ce fait divers me semble être le symbole le plus écoeurant de la bêtise humaine et de la décadence de la société). Non ce n'est pas Jean-Marie Cavada qui quitte le Modem (ça tout le monde s'en fout, mais je le trouve rigolo Bayrou quand il dit "je crois que les français en ont par-dessus la tête de cette attitude, ça ne grandit pas la politique", je le verrai bien directeur d'école primaire dans le Lot-et-Garonne plutôt que Président de la République m'enfin bon il y croit).

Non, ce qui m'a mis sur le cul, c'est le "rapport Olivennes". Je n'ai pas compris. Mais tout le monde a applaudi (enfin de ce qui filtre à la radio et à la télé), quelle idée géniale on venait de trouver ! Bon sang mais c'est bien sûr ! Tout le monde était d'accord ! Les ministres, Universal, et MC Solaar main dans la main ! Si les internautes téléchargent, il faut leur couper l'abonnement ! Que n'y avait-on pas pensé plus tôt ! Fais péter le champagne Pascal ! Moi je n'ai toujours pas compris.

Premièrement, demander à Denis Olivennes, pédégé de la fnac, la fnac.com et la plateforme de téléchargement légal fnacmusic.com, de réfléchir à l'avenir du téléchargement sur internet et de trouver des solutions pratiques, c'est comme demander à Ronald MacDonald un rapport sur la lutte contre les maladies cardio-vasculaires : il est peut probable que Ronald remplace les frites par des carottes rapées dans tous les menus Best Of, et, quand bien même, ceux qui veulent des frites et en ont rien à foutre de se faire péter les artères pourront toujours aller au Kebab du coin, même si l'huile est moins bonne. Donc bon bref, à la base je comprends déjà pas.

Deuxièmement, le but de la mission était "la lutte contre le téléchargement illicite", donc déjà le problème est biaisé puisque le téléchargement est considéré comme un problème contre lequel il faut lutter et non comme un nouveau phénomène inéluctable qu'il faut comprendre et auquel il faudrait s'adapter. Enfin, "s'adapter" ça ne devrait pas être pour pas le consommateur, mais pour les maisons de disques, les producteurs, les éditeurs, les distributeurs, les sociétés d'auteurs et les auteurs eux-mêmes. Ben non, bizarrement, c'est le comportement du consommateur qui est en cause.

L'internaute est donc considéré de facto comme un potentiel pirate, pilleur, voleur qu'il faut donc surveiller. On trouve par contre tout à fait normal que Sony, par exemple, présente dans la musique, le jeu vidéo, l'électronique, la téléphonie, l'informatique, le cinéma et l'audiovisuel, soit à la fois major de disques via Sony Music et studio de cinéma via Sony Columbia TriStar et soit l'inventeur d'autant de supports de stockages tels que le CD, le MiniDisc, le Memory Stick, le Blu-Ray Disc et l'Universal Media Disc, tout en développant bien sûr et en continuant à commercialiser les outils pour stocker soi-même les données comme avec les graveurs de salon depuis quinze ans.

En gros, le problème existe depuis l'invention du magnétoscope dans les années 80, a explosé avec le numérique, et on découvre la lune aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que le numérique est une révolution, culturelle, sociale, philosophique, qui va considérablement changer le rapport de l'homme à l'objet matériel et à sa façon de consommer la culture ? Non non pas du tout. Parce que Johnny Hallyday n'a vendu que 180.000 exemplaires de son nouvel album en 1ère semaine et ça c'est inacceptable. On trouve par contre tout à fait logique que Johnny Hallyday, tout autant talentueux qu'il soit, gagne des millions d'euros en faisant un métier qui consiste à chanter des chansons. Non non le modèle économique n'est pas du tout à revoir. La rémunération des artistes et des maisons de disques passe par le porte-monnaie du péquin moyen, c'est une évidence depuis Gütenberg qui a révolutionné la production du livre et donc la diffusion de la culture, et que la révolution du numérique, au moins aussi importante si ce n'est plus que l'invention de l'imprimerie, ne remettra sûrement pas en cause, ah ben ça non, comment il fera Johnny après pour payer ses loyers à Gstaad ? Oui, Johnny, tel un cheminot avec sa prime de charbon, a du mal à passer au XXIème siècle.

Le pire c'est que Denis Olivennes a dit que "Notre objectif était de rendre compliqué le piratage". C'est vrai que quand tu sais ce que tu cherches et où il faut le chercher c'est plus facile. Mais où est la réflexion, la prospective, la vision du futur dans tout cela ?? Et si on revenait aux cassettes audio plutôt, j'aimais bien moi les cassettes qu'on enregistrait pendant des après-midi entières et qui étaient bousillées par l'auto-radio pourri de la R19 ? Ou si on coupait l'électricité au vilain copieur qui a acheté son ordi avec sa carte de fidélité de la fnac qui fait aussi carte de crédit, waw c'est cool ça dis donc ? Salaud d'Edison, et si c'était lui en fait le responsable de tout ce bordel ? Ou si on arrêtait le progrès plutôt (fixons ça le 28, tout le monde est libre ce jour là non ?), comme ça au moins on est sûr que les maisons de disques continueront à gagner plein de fric ?

Pour essayer de comprendre, et vérifier par la même occasion que je n'ai pas halluciné, que ce rapport n'est pas un gros canular du gouvernement de Sarkozy pour faire diversion sur la réforme du régime des retraites afin que les mecs de la RATP se remettent à bosser avant Noël, je fais quelques recherches sur le net. Je ne vais pas bien loin. Je trouve un article sur Google. Je clique dessus. Je vais sur le site du Monde. Là je suis accueilli par une fenêtre pop-up. C'est une pub pour la fnac.com. Ouais OK d'accord. Bravo les gars. Elle était trop géante votre pub. (Putain et dire que j'y ai cru à un moment !).

(Photo : Ben / Biarritz, Décembre 2005)

mercredi 21 novembre 2007

Et vous, are you hooked ? (miroir mon beau miroir)


Voilà, hop ça y est. Je me suis inscrit au groupe de facebook intitulé "Je me couche tard sans raison !". A ce jour, il y a 3.665 membres (que je ne connais pas) qui se couchent tard sans raison. Je ne me suis pas inscrit à son pendant américain, "People who don't sleep enough because they stay up late for no reason". Mais là, ils sont beaucoup plus nombreux : 217.771. Ah ouais, quand même. Des dizaines de milliers de grands malades comme moi.

En tout, j'ai 41 amis, que je connais de très bien à pas du tout, et je suis insrit à 17 groupes, mais je me suis déjà désinscrit de 3 ou 4. Je ne suis plus pour qu'on envoie les communistes en Corée du Nord pour qu'ils voient si c'est bien. Par contre, je suis pour le maintien des régimes spéciaux de la ligne 14, avec ceux qui en ont marre d'avoir marre de ceux qui en ont marre d'avoir marre, pour l'interdiction d'applaudir à l'aterrissage, contre les quiches à vélib, contre la pluie et le froid les jours de grève du mois de novembre, pour la reconnaissance de Magali Vaé en tant qu'artiste, pour les CRS qui chargent les étudiants bloquant les facs. Je soutiens également Vincent Mac Doom et aussi les Quenelles de la Paix. Je peux faire des dons en dollars à 3 comités : contre les jeans slims pour les hommes, contre les cons dans le métro et pour sauver la France en envoyant BHL au Darfour (car le Darfour a aussi droit à un philosophe à chemise blanche, c'est dans les statuts de l'association).

Encore une addiction. Quand l'une s'en va, une autre la remplace. Je m'étais débarrassé de la lecture de certains blogs médias sans intérêts qui peuvent donner heure par heure les courbes d'audiences des émissions de télé que je n'ai même pas le temps de regarder, et les commentaires des gens qui ne les regardent pas non plus mais qui ont un avis à donner. En lisant le blog de Morandini 14 fois par jour, j'avais l'impression d'être un grand spécialiste des médias. Mais je m'en étais sorti. Et paf ! Je suis donc devenu, comme quelques millions de gens, un "facebook addict".

Dans facebook, tout est d'ailleurs déjà prévu, il y a même un outil (un plug-in je crois qu'on dit) pour savoir si je suis "hooked", c'est-à-dire quel est mon degré de dépendance à cet engin de narcissisation sans fin. Eh bien je suis 38% addict. J'ai donc encore une large marge de progression jusqu'à devenir totalement dingue.

Merci, ça rassure.

(Photo : Ben / Londres, Janvier 2006)

jeudi 15 novembre 2007

Attention, derrière toi !!


C'est con mais j'aime bien regarder ces images de CRS qui tapent sur les étudiants à la télé. Ca fait du bien en fin de journée, ça détend. Mais c'est dommage, c'est toujours trop court.

Oui, c'est mon côté gros réac.

(Photo : Ben / Venise, Avril 2006)

mercredi 24 octobre 2007

Oxygen barre à mine dans ta gueule


Ouais alors cette vision de la grève là, c'était jeudi matin. On partait travailler (ou pas), il faisait beau, on pouvait s'attarder sur le chemin de l'école, même faire l'école buissonnière, suprême plaisir perdu. Une bribe de liberté qui revient, comme une bouffée, comme quelque chose qui a semblé exister et qu'on a perdu, ou qu'on a eu l'illusion d'avoir et qu'on n'a en fait jamais eu. Mais peu importe, c'est l'inhalation de cette bouffée d'oxygène pur qui donne la sensation de liberté, ce n'est pas la réalité. L'oxygène pur, ça n'existe que dans les Oxygen Bar japonais. Donc c'était chouette.

Mais bien vite, la réalité, elle réapparaît. Elle est bien là parce que le jour tombe, parce que je suis fatigué, parce qu'on est le 18 octobre, parce que j'ai envie de rentrer chez moi. Et là, ben oui en fait, la grève, c'est plus du tout sympa.

Ca y est oui déjà, au bout de 10h, c'est vraiment comme dans Last Exit To Brooklyn : au début, dans le livre, ils sont tous contents les grévistes, ils vont la fête, ils cuisent des saucisses, boivent de la bière, on va les faire plier ces salauds de patrons, haha on les aura ; et puis au fil du temps, il fait moins beau, il fait plus froid, et puis il faut s'organiser, elles sont où les saucisses ? comment ça y en a plus ? ; faut élire des délégués, faut discuter, voter, et c'est interminable, et ils ne plient toujours pas ; alors les dissensions arrivent, tout le monde n'est plus d'accord, certains abandonnent, parce que bon ya des gosses à nourrir quand même ; et puis, des joyeux drilles forts en gueule et motivés du départ ne restent que les syndicalogrévistes incultes, alcooliques et violents (euh c'est toujours dans le livre hein, j'ai pas dit que les syndicalistes étaient tous incultes, alcooliques et violents, non non je ne l'ai pas dit). Et là, donc, ben oui en fait, la grève, c'est plus du tout sympa.

A Paris, jeudi soir, des scènes d'apocalypse. Le chaos avait mis K.O. le lock-out. Vers 20h, au carrefour Parmentier, c'était du jamais vu, presque de la science-fiction : des voitures partout, dans tous les sens, plein de motos et de scooters qui se doublent, roulent sur les trottoirs, klaxonnent à tout va, cherchent à être les premiers sur la ligne de départ des feux tricolores qui sont pourtant déjà obstrués de chaque côté, et des vélos, des vélos, des vélos, qui foncent sur les piétons, passent des voies cyclistes aux voies de bus, aux trottoirs, aux routes, et puis plein de gens qui marchent au milieu de tout ça... ça provoque même des scènes de bagarres dans les rues tellement les gens sont à cran, les piétons cassent la gueule aux velib (si si), les voitures hurlent sur les scooters, les taxis s'énervent... Un 4x4 fait la morale à un VTT. Le VTT répond, dans les vapeurs bleutées du pot d'échappement du gros véhicule déjà parti, "parle tout seul connard, va te faire soigner la tête espèce de malade". Les belles idées ne durent pas.

Et puis vendredi, rebelote. Ben oui, les gens avaient pas prévu pour vendredi. Sur BFM TV ils avaient dit que la grève c'était jeudi.

(Photo : Ben / Florence, Avril 2007)

jeudi 18 octobre 2007

Marchons, marchons


C'est cool la grève. On marche et en plus les parisiens retrouvent l'usage de la parole.

Je crois que les français aiment bien la grève. Déjà parce qu'ils aiment bien se plaindre, la râlerie c'est un peu la seconde nature du français. Et là on râle tous pour la même chose, on est complices quand on râle ensemble, c'est sympa, contre ces salauds de grévistes. Et puis il y a cet esprit frondeur, ah nous on est des rebelles les français, on se laisse pas faire. Allez tous ensemble à la manif avec les grévistes. En gros tout le monde s'en fout d'être pour ou contre, personne n'y comprend rien, les grévistes ne savent d'ailleurs même pas ce qu'ils revendiquent. On aime juste bien ce joyeux bordel ambiant.

A ma Poste, ils font grève tous les lundis. On sait pas pourquoi, mais ya un panneau à l'entrée comme quoi ils ne délivrent que les colis et les recommandés. Déjà d'habitude c'est interminable, alors le lundi c'est hyper-interminable. Personne comprend comment ça marche, les gens s'énervent, prennent les autres à parti, invectivent les guichetiers. Des fois quand le guichetier ne sait plus quoi dire, ya quelqu'un qui sort la tête du bureau du fond et qui dit "Calmez-vous Monsieur, de toute façon nous ne voyons pas les postiers ici alors s'il n'a pas livré votre colis ce n'est pas notre faute et on ne peut rien faire" "Mais comment ça vous ne pouvez rien faire ? Vous êtes la Poste non ?" J'adore ça. Je n'irai chercher mes recommandés que le lundi, rien que pour ça.

En même temps, quand je pense à la grève, je ne peux m'empêcher de penser à Last Exit to Brooklyn d'Hubert Selby Jr. Le chapitre sur la grève, il est magnifique. Pas vraiment à la gloire des grévistes, hein. Mais bon, sa coupe de cheveux à Bernard Thibault elle est quand même pas poss'.

(Photo : Cathy / Annecy, 22 avril 2007)

lundi 15 octobre 2007

Braver la nuit


Bon 15 octobre, finies les pleurnicheries. Ca commence à déborder un peu trop. Eh oh, on est le 15 on se réveille. On n'a pas que ça à faire, pleurer en écoutant de la musique dans la rue sans raison parce que la fumée ça pique, ou en regardant la Callas emitouflé dans une fausse fourrure Ikea (40° en machine) sur son canapé parce que c'est beau, non c'est sublime, et que bon après ça quoi d'autre ?, toute cette sensiblerie à deux balles elle est bien jolie, mais après ya quand même encore une bonne trentaine d'années de cotisations retraite à se cogner (hein 36 ? vraiment ? non c'est pas vrai ?) et c'est pas Isabelle Adjani (qui vient d'avoir 36 ans d'ailleurs) qui va défendre les sans-papiers sans-ADN en se cachant des photographes avec un papier sur la bouche (message-message), des lunettes noires et ce sublime ensemble Dior, qui va le faire à ma place.

Oui tout ça, c'est bon pour le mois de septembre, le mois du troisième tiers (ah bon j'ai gagné autant d'argent que ça l'année dernière) et dépressions saisonnières post-rentrée des classes. Le mois où il fait moins beau (dis donc ils se foutent de nous à la météo ou quoi ? ils disent n'importe quoi et en plus j'ai lu que c'était le programme qui rapportait le plus en rentrées publicitaires à TF1, 171 millions d'euros en un semestre rien que ça, ça vaut le coup d'agiter les bras devant un mur vert pendant 5 minutes), mais en fait même pas, le moins où il fait moins chaud (putain j'auras dû prendre mon écharpe je vais choper la mort), mais en fait même pas, le mois où la lumière baisse (ah il marche bien l'hallogène de ton bureau c'est cool, je l'aurais pas pris en bleu et pis d'ailleurs je préfère les bougies, mais bon il marche bien), alors là oui si quand même.

Maintenant, le soir on s'enfonce fiévreusement (demain je prends mon écharpe) dans la nuit au lieu de s'envoler victorieux vers le soleil couchant, c'est peut-être ça la différence... Et pis heureusement, la Starac recommence le 23. Ouf on est sauvés.

(Photo : Ben / Florence, Avril 2006)

samedi 29 septembre 2007

Quand je pleure dans la rue, je ne vois plus flou


Comme je suis un peu myope, je vois un peu flou. Pas assez pour porter des lunettes tout le temps, mais suffisamment pour ne pas reconnaître les gens de loin. C'est bien pratique, ça donne l'impression de ne pas être vu, puisqu'on ne voit pas. Je peux regarder n'importe où, ce léger brouillard trouble ce que je ne veux pas voir. Parfois c'est moins commode, parce que je dois m'approcher pour être sûr que la personne qui est là-bas est bien celle qu'il me semble avoir reconnu. Des fois, elle l'est, des fois non.

Mais souvent dans la rue, je ne regarde pas les gens. Ben oui, ils sont flous. D'ailleurs eux non plus ne regardent pas, et ils me foncent dessus. On s'évite au millimètre, ou pas. Ca arrive tout le temps, tous les jours. Ils font comme s'ils ne voyaient pas. Ils ne voient peut-être plus. Ils sont peut-être tous très myopes. La plupart du temps, ça ne semble pas les déranger. Ils foncent devant eux, sur les autres, c'est pas grave, les autres se poussent, de toute façon. Ils ne s'excusent pas, ils n'ont pas le temps.

Et parfois, tout à coup, des larmes me viennent. Sans prévenir, sans raison. Comme ça. Mes yeux s'humectent, je peux voir la larme gonfler au bord de la paupière, avant qu'elle ne coule, puis je la sens descendre sur la joue. Je ne sais pas pourquoi, ça vient dans la rue, sans motif particulier, juste en écoutant de la musique même pas triste. Sans doute un trop-plein émotionnel à déverser là tout de suite maintenant, bien aidé par la pollution ambiante, parce que bon dans cette rue étroite avec ce bus qui fume, ces voitures qui ont passé le contrôle technique en 1982 et qui avancent au pas et ce vent de face, ça pique les yeux.

Alors grâce à la pollution qui donne ce délicat sentiment d'une sensibilité exacerbée en raisonnance avec la fureur de la ville, les larmes ne brouillent plus, quand elles retombent elles contrebalancent l'accroissement des dioptres intra-cristalliniens et le monde devient soudain net.

Alors je les sèche.

(Photo : Ben / Venise, Avril 2006)

mercredi 19 septembre 2007

Encore une fois


Alors encore une fois je me suis fait avoir. Alors cette fois encore, j'ai cru être invincible, être immortel, rester un enfant. Alors, malgré les mauvais présages, malgré les bourrasques, malgré les aléas du ciel, malgré les menaces sans cesse renouvellées, j'ai cru que ça n'était pas impossible, que cette fois-ci c'était la bonne, que les nuages d'oiseaux ne repasseraient pas dans le sens inverse, que l'air encore frais précédant la douce chaleur du matin resterait pour toujours mon meilleur remède, que les résines et les odeurs de pins mouillés par la rosée seraient à jamais mes onguents protecteurs, qu'il n'y avait plus rien à craindre de l'horizon. Alors j'ai replongé dans l'enfance à m'en perdre, à tout oublier, à ne plus savoir et à savoir trop bien. Alors la clarté a effacé les tourments, les souvenirs ont fusionné avec le présent, l'oublié avec les promesses. Alors, les yeux fermés, j'ai cru voir la foi remplacer la défiance. Alors j'ai cru ne jamais refermer cette parenthèse d'ingénuité, la parenthèse de ce temps révolu qui faisait semblant de revenir à moi, avec ses illusions perdues, ses espoirs devenus des rêves, et ses rêves soudain encore possibles.

Alors j'ai cru que l'été avait triomphé.

Pourtant, ce week-end, j'ai vu les feuilles mortes.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

jeudi 13 septembre 2007

Apothéose de la lenteur


Je crois que je suis quelqu'un de lent. Je lis très lentement, je mets parfois des mois à finir un bouquin. Je mange lentement, sinon j'ai mal au ventre et j'ai envie de dormir. Je pense lentement, je ne ris jamais aux blagues sur le coup, et je comprends qu'elles ne sont pas drôles qu'après. Quand on me pose une question, je réfléchis et puis je réponds. Souvent c'est déjà trop tard. Des fois, la personne qui m'a posé la question n'est même plus en face de moi.

Mais ça, c'est pas possible. Je me rends compte que la lenteur, la contemplation, une forme de mélancolie sans défaitisme, l'hésitation, le doute, et voire même, allons-y, la réflexion sont des valeurs qui n'ont pas lieu dans le monde du travail, le seul monde qui existe pour beaucoup de gens. D'ailleurs, ce ne sont même pas des valeurs. Pour certains, ça n'existe tout simplement pas. Et hop, Pssshit.

Ce qui est bon, ce qui est valorisé, ce qui fait avancer c'est la rapidité, la prise de décision, le tac-o-tac gagnant, l'impulsivité, le fait de savoir trancher, là maintenant tout de suite parce que c'est hyper urgent. Savoir décider, sans états d'âmes, sans "ah mais si...", sans regrets et sans vergogne. C'est marrant parce qu'après, on se retrouve avec un "Regrets Eternels" et pis des fleurs en plastique sur sa tombe, merci bien, vous m'avez bien eu les gars.

Mais non, l'impassibilité et l'équanimité ont beau être des jolis mots, ce qu'on veut c'est de la réactivité bordel. Je ne parle même pas de la pusillanimité face au courage, ce truc si galvaudé. Le doute est inquiétant, il faut des réponses. La patience est suspecte, il faut de la motivation. L'incertitude est angoissante, il faut de l'assurance. Des "mais oui bien sûr" tonitruants. Des "ah non pas du tout" retantissants. Des "je vous l'avais bien dit" pleins d'allant.

Se pose alors à moi la trouble question suivante : n'a-t-on pas le droit d'être mauvais ? n'y a-t-il de salut que dans la performance ? faut-il aller toujours plus vite et être toujours plus meilleur ? Mais ces interrogations sur le monde du travail et ses valeurs sont sans issue. J'ai depuis longtemps constaté avec effroi que les valeurs dans la vie et les valeurs dans le travail ne sont pas les mêmes du tout, et oh mais c'est horrible elles sont parfois carrément opposées. Il est préférable d'être agressif, pugnace, opiniâtre. Il est toujours bon d'être insensible, autoritaire, dénué de sensiblerie. Il est plus facile d'être roublard, menteur, sans scrupules, et même d'être un sacré casse-couilles. Ah quel sacré casse-couilles celui-là, bravo ! Une personne avec ces qualités-là dans la vie, je la déteste. Comment pourrais-je alors devenir quelqu'un que je déteste la plus grande partie de ma journée, pour me retrouver ensuite face à moi-même ? Cette schizophrénie m'est définitivement impossible.

Et puis bon, cet ordinateur commence sérieusement à me gonfler ce soir, il est hyper lent, ça rame comme jamais, les mots mettent un temps fou à s'afficher, je vais encore passer une plombe à essayer de mettre une photo, mais qu'est-ce qui se passe bordel de §%$!&?(#*:+ ?? Allez je le change.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

jeudi 6 septembre 2007

Ces hasards que l'on choisit soi-même


Il y a parfois des conjonctions qu'on ne choisit pas mais qui sembleraient écrites. Il y a parfois des urgences qui n'en ont jamais été, et qui le deviennent tout à coup. Il y a parfois des choix que l'on repousse, mais qui nous rattrappent. Il y a la "force des choses" et puis il y a nous dedans, toutes petites choses. Il n'y a que de bonnes coïncidences. Il n'y a pas de hasard.

2008 sera différent. C'est écrit.

(Photo : Ben / Galway - Irlande, Mai 2007)

samedi 1 septembre 2007

Tatiana, demain matin


Il y avait des ballons et des paillettes partout, un public qui tendait les bras au ciel et criait, la vie était dans l'air, là tout autour, c'était l'essence même du désir, ici devant tout le monde, devant les millions de téléspectateurs de la plus grande chaîne de télévision d'Europe. Cette sensation intense d'être au coeur de tout, d'être au centre de la vie, de vibrer en harmonie avec des millions d'inconnus n'était pas seulement enivrante. C'était surtout un immense shoot d'une drogue dure jusqu'alors inconnue, le début et l'aboutissement de tout, réunis en une seule soirée, en un seul moment, en un seul lieu. C'était la Fête et la Fête c'était bon.

L'indescriptible excitation procurée par cet extrême moment de vie, le seul qui vaille, le seul qui rende sûr de ne pas être mort, allait avoir des conséquences terribles. La rapidité des évènements et l'impossibilité de se rendre compte de ce qui se passait vraiment, l'aveuglement provoqué par cette lumière absolue, cette impression à la fois terrifiante et grisante de ne pas avoir de prise sur l'instant et de devoir en profiter pleinement, rendaient la réalité abstraite. Tout aurait pu s'arrêter, se figer, mais ce tourbillon de lumière avançait inexorablement et balayait tout. Le rêve était devenu réel, le réel était comme un rêve. Il n'allait en rester que des souvenirs en miettes, auxquels ensuite se raccrocher en essayant d'en percevoir à nouveau l'impossible extase. Et fatalement, il y aurait un réveil.

Le réveil ne sonna que beaucoup plus tard. La lumière du jour fut, elle, beaucoup plus pénible. Elle était diffuse, elle n'était pas franche comme celle des projecteurs, voilée par ces nombreux nuages d'un gris sale. Il était tout de même bon de voir ce ciel sans les contours d'un studio de télévision et de prendre le temps de le regarder. Tatiana s'étira et choisit de ne pas parler. Pour une fois, elle n'avait pas à parler puisque personne ne l'écoutait. L'impression mêlée de soulagement et de vide était difficile à analyser. Mais bon, pour une fois, l'introspection n'était pas nécessaire. On n'allait pas la convoquer dans le confessionnal pour lui demander ce qu'elle ressent et pourquoi. Il fallait juste reprendre ses esprits et continuer à profiter des bons moments qui allaient s'offrir à elle. Et pourtant si, plus que jamais, maintenant elle allait devoir se justifier, s'analyser, et répondre aux questions. Encore et encore.

C'était la première fois que Tatiana eut ce sentiment de joie sans pouvoir vraiment savoir pourquoi cette joie la dérangeait. Il y avait quelque chose d'immense, et cette immensité faisait un peu peur. Elle se répéta qu'elle l'avait amplement mérité, elle savait qu'elle s'était battu pour ça, envers et contre tout, envers et contre tous. Pourtant, il semblait que l'ascension ne faisait que commencer, que tout ce qu'elle avait réalisé jusqu'à présent, en prenant des risques, en se mettant en danger, en s'exposant à la critique, en mettant en jeu ses sentiments et son intégrité, son image et celle de son entourage, celle de Xavier et celle de son père, tout cela n'était rien par rapport à ce qu'il allait falloir gravir. Car les moments difficiles sont toujours devant, ceux qui sont derrière disparaissent dans le brouillard diffus des émotions.

Mais Tatiana était une battante, elle savait qu'elle avait là une chance inespérée et que c'était à elle de continuer à vivre ce rêve. C'était possible. Pourtant, la gloire a forcément un prix. Il allait falloir apprendre à connaître ce prix, et "on" allait faire en sorte qu'elle le connaisse. Cette victoire qui n'en était pas une, ce goût amer laissé par les reproches des uns, les quolibets des autres, ne s'effaçaient pas devant l'immense ferveur et le soutien hystérique de ce public apparemment plein d'amour. La faille narcissique ne se comblerait jamais mais ça, Tatiana ne le savait pas. Elle continuerait finalement à la creuser en essayant de la combler. Sans réaliser ce vertigineux constat, elle sentit les larmes lui venir et elle les prit pour des larmes de joie. Le désespoir, cet allié sournois de chaque moment, prend parfois des allures de bonheur.

Copyright Ben "Je deviens liquide", 2007.

mercredi 29 août 2007

De l'ordinaire


Dans cette quête de réponses à des questions qu'on ne se pose pas, il n'est pas toujours facile de trouver des solutions. On voudrait que rien ne change, parfois on fait tout pour, même sans le vouloir, même en disant qu'on veut tout changer. Et, malgré tout, on n'y peut rien, mais on change quand même car on est emporté dans le mouvement, ce vaste flot, ce grand torrent qui parfois bizarrement reflue mais bien souvent aussi nous précipite. Alors on n'a plus le choix, soit on se raccorche péniblement aux branches du rivage qui finiront bien elles aussi par rompre, soit on remonte en vain le courant au risque de se noyer, soit on suit le flot et l'on tente de donner de vagues inflexions pour éviter les obstacles.

Alors voilà. C'est soudain lorsque l'on est prêt à partir, n'importe comment, n'importe où, la traversée de l'Amérique du Nord en bus de droite à gauche ou peut-être la traversée de l'Amérique du Sud en train de haut en bas, c'est alors que la passivité, parfois sans prévenir, fait place à l'action, brusquement, au détour d'une porte et que le voyage c'est justement cette traversée-là, celle que l'on a fait mille fois, ce minuscule pas. Et puis derrière la porte, les choses ont déjà changé et il suffit de s'en rendre compte. Serait-on assez fous pour accepter nos vies ordinaires ? Aurait-on assez de courage pour se rendre à l'évidence ?

(Photo : Ben / Lisbonne, Avril 2007)

samedi 18 août 2007

C'est pas gagné


Il paraît que nous sommes des homo sapiens sapiens. Ou des homo sapiens tout court. Ou peut-être pas. On n'en est même pas sûr. En fait, on ne sait même pas qui nous sommes vraiment. Et on ne sait pas non plus pourquoi l'homme de Cro-Magnon et l'homme de Néanderthal ont disparu. Peut-être que nous sommes un mélange, peut-être que nous sommes une espèce à part. Et puis non, en fait il paraît que homo sapiens et homme de Cro-Magnon c'est la même chose. Et puis homo sapiens neanderthalensis aussi. Ah et puis non, homo neanderthalensis c'est différent. Et l'homo erectus c'est qui ? Enfin bon bref, les scientifiques n'ont pas fini de ne pas être d'accord. Et nous, on ne sait toujours pas qui nous sommes.

Alors comment saurais-je moi-même qui je suis ? Je ne suis pas sûr qu'un enfant adpoté à qui on cache sa vraie identité puisse un jour être totalement serein. Mais après tout, pourquoi ce besoin toujours de savoir d'où l'on vient ? Sa région, son pays, ses ancêtres. Parce que sûrement, nous avons des zones enfouies de notre cerveau où il y a des restes de tout ça. Du méga-inconscient hyper-enfoui. Parce que sûrement, le cerveau humain reste encore un des continents les moins bien explorés. Alors où faut-il que j'aille ? Dois-je rester chez moi pour trouver les réponses ?

(Photo : Ben / Connemara, Mai 2007)

jeudi 16 août 2007

Il pleut


Il pleut. Il pleut mais je m'en fous. J'aime beaucoup le soleil, je n'aime rien tant qu'une après-midi ensoleillée passée à lézarder en perdant son temps, je n'aime rien tant que la sensation de la chaleur sur le corps comme un chat s'étirant sur un mur bouillant, j'adore la touffeur qui rend indolent, la moiteur qui rend somnolent. Pourtant, c'est le 15 août, il pleut, ça fait quasiment deux mois que ça dure, et ce n'est pas grave. Car au fond, ça ne change rien. Je ne suis pas plus heureux ou malheureux en fonction du temps. Dans un an, je ne m'en souviendrai même plus.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

samedi 7 juillet 2007

Shoot d'éternité


Je me rappelle les matins calmes. Je me rappelle cette quiétude veloutée, cette douce chaleur, ces quelques rayons de soleil pointant à travers le froid dispersé, cet onctueux silence. Je me rappelle le plaisir de cette sensation du non-lendemain, la tranquilité enfin, cette trêve d'un instant. Je me rappelle ces brèves secondes d'éternité, ces secondes qui durent encore car on ne les oublie pas, car elles sont là, car elles sont ma consolation, mon baume proustien, mon rempart à la folie du temps.

La pente descend, le soleil se cache derrière le toît de tôles rouillées, réapparaît. Il n'y a rien à craindre, l'espoir ne rouille pas. Est-ce que l'hiver est terminé ? Déjà la pente remonte, il faut pédaler, respirer plus vite, plus fort, la réalité revient, sempiternel balancier. On ne peut se laisser glisser à l'infini. C'était le samedi matin après l'école, c'était la fin des années 80, c'était hier et il y a bientôt vingt ans.

(Photo : Ben / Irlande - Connemara, Mai 2007)

vendredi 6 juillet 2007

La chute de l'empire romain


Alors que je traversai le portillon du métro sans regarder derrière moi, je me dis que depuis quelques temps je deviens bien incivil. Le manque de politesse est assez jouissif, d'une de ces jouissances stériles forcément, mais si moderne finalement, une sorte d'hédonisme à l'envers, de plaisir dans le non-plaisir, dans le non-regard, dans la non-considération d'autrui. Je me dis que l'incivilité est le premier pas vers la décadence, que la fin de la civilisation est proche. Je me dis que ça ne tient pas à grand chose finalement. A un portillon de métro. A un regard.

(Photo : Ben / Rome, Mai 2006)

samedi 16 juin 2007

... mes tourments indélébiles


En 1804, sur son blog, enfin dans ses Journaux Intimes, Benjamin Constant (tiens) écrivait des trucs bien que je ne peux que corroborer : "Les devoirs et les intérêts de la vie commune sont un poids douloureux qui étouffe les facultés intellectuelles. Les philosophes anciens l'avaient bien senti : l'ataraxie qu'ils recommandaient n'était que la séparation des deux genres de vie que de nos jours les hommes s'opniâtrent à concilier."

Avant lui, ces vieilles statues de marbre avaient donc déjà tout compris. C'est donc bien cela. Oui d'accord, mais comment faire ?

(Photo : Ben / Lisbonne, Avril 2007)

mercredi 13 juin 2007

Mes envies sont volatiles...


Un jour je veux, un jour je veux pas.
Un jour je sais, un jour je sais pas.
Un jour je suis ici, un jour je suis là-bas.
Un jour je oui, un jour je non.
Il faudrait savoir.
Il paraît qu'il faudrait savoir.
Mais mes désirs ne s'encapsulent pas. Deux pas en arrière, trois pas en avant, on avance quand même un peu.

(Photo : Ben / Lisbonne, Avril 2007)

mardi 12 juin 2007

Mots croisés


Bientôt 2 ans et 178 messages. Et mon ordinateur ne me reconnaît toujours pas quand je veux écrire un truc. Il me demande mes papiers à chaque fois, mon email et mon mot de passe. Pourtant je coche toujours la case "me reconnaître à la prochaine connexion", mais non. Il doit faire semblant, comme mon voisin du dessus qui me dit "Bonjour" comme si on s'était jamais vus de nos vies. Enfin, en même temps, comment dire bonjour comme si on se croisait régulièrement. "Oh bonjour !" peut-être.

178 messages, ça fait à peine 1,71 message par semaine. C'est peu. Aurais-je pu en écrire 4 par jour ? J'ai pourtant des mots plein la tête. Des longs, des courts, des que je connais pas, des que j'invente, des que j'oublie. J'aurais dû cocher la case "faire une phrase à la prochaine connexion" pour pas oublier, mais non. Il ne suffit pas toujours de cocher les bonnes cases. Il faudrait juste mettre tout ça dans l'ordre. De l'ordre, toujours de l'ordre. Oh bonjour !

(Tiens, François Hollande vient de dire : "chacun peut appeler qui il veut, heureusement, dans une démocratie téléphonique". J'adore cette phrase.)

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

vendredi 8 juin 2007

Réminisciences


Introduction à l'automatique, Probabilités statistiques, Calcul scientifique, Traitement du signal, Acoustique : sources et rayonnement, Aéroacoustique, Turbulence, Matériaux, Eléments de physique du solide, Informatique langage C, Algorithmique et structure de données, Programmation par objets en C++, CDPI, Calcul des structures, Statique et stabilité des structures, Bureau d'étude mécanique, Transfert d'énergie, Physique des matériaux, Solides non cristallins, Acoustique : propagation et diffraction, Energétique, Combustion & nuisances, Géologie appliquée au génie civil, Hydraulique fluviale, Dynamique de l'atmosphère, Matériaux : savoir choisir, Aéroénergétique des machines, Gestion des ressouces en eau, Environnement, MMC, Mécanique générale, Mécanique des solides, Analyse numérique, Electrotechnique, Conversion statique de l'energie électrique, Fluides visqueux, Matériaux naturels.

Je ne me souvenais même plus que j'avais suivi des cours pareils. D'ailleurs j'ai tout oublié (surtout l'aéroénergétique des machines). Il ne me reste pas l'ombre d'un souvenir d'une équation. J'avais tout gardé depuis 8 ans au cas où. Le cas où n'est pas arrivé. Du coup j'ai tout jeté. Comme ça il ne reste vraiment plus rien.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

lundi 4 juin 2007

C'est plutôt bien dit


"Je ne suis pas beau, je cache ma sensibilité derrière une arrogance parfois forcée, j'essaie d'être élégant pour me protéger et d'avoir de l'esprit pour séduire."
Jean-Claude Brialy, J'ai oublié de vous dire (2004)

(Photo : Ben / Londres, Janvier 2006)

vendredi 1 juin 2007

Monter en bas


Il m'arrive parfois d'avoir des sentiments de toute puissance, auxquels succèdent généralement des moments d'effarement total. Les premiers sont extrèmement brefs, les seconds très longs. Il faudrait définitivement que j'arrive à écrire pendant les premiers.

Ah, trop tard. Déjà.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

mercredi 30 mai 2007

La fièvre


Ce qu'il y a de bien avec le fait d'être malade, c'est de savoir qu'on va aller mieux. Quand ça va bien, on ne peut pas se dire que ça va aller mieux. Quand on est en pleine forme, quand on a la niaque, quand on a le moral, quand on est au top, quand on a la gagne, quand on est gagnant-gagnant, quand tout va bien, qu'est-ce qui peut être mieux que bien ? Demain ne peut être qu'angoisse, tourment, déchéance et désagrément. Alors que quand on a 39,5° et que l'on grelotte en transpirant au fond de son lit, avec un mal de tête carabiné qui n'a pas cessé d'augmenter depuis 4 jours, les amydales en feu et les intestins sans dessus dessous qui donnent envie de courir aux toilettes malgré les courbatures, quel délicieux sentiment. Quel agréable tourment. Quel doux bercement de savoir que ça ne pourra être pire. Demain sera libération, soulagement, résurrection. Demain sera espoir. Demain sera nouveau départ. Demain sera Nouvelle Star (oui demain c'est jeudi).

(Photo : Ben / Rome, Mai 2006)

samedi 26 mai 2007

Paranoïd Cannes


Alors ça doit paraître complètement (abs)con de revenir de 4 jours à Cannes et de dire "Ahlala je suis content de revenir à Paris, j'en pouvais plus, je suis é-pui-sé." C'est ridicule, je le concède, mais c'est vrai. 4 jours ça suffit. Après on devient dingue. C'est ce qu'on appelle l'effet-Cannes.

C'est toujours pareil. Cannes, à chaque fois, je rêve d'y aller et quand j'y suis, je ne pense plus qu'à m'y échapper. 4 jours de festival c'est minimum 2 jours de gueule de bois quand on revient. Alors au bout de 10 jours, il faut une semaine pour s'en remettre. Oui c'est futile, oui c'est ridicule, mais voilà. C'est paillettes, c'est showbiz, c'est je-suis-jamais-content, c'est je-suis-mal-placé, c'est il-est-où-mon-scooter-putain-et-je-veux-pas-un-50-j'avais-demandé-un-120, c'est porte nawak, c'est l'effet-Cannes.

Le premier jour j'arrive donc détendu comme un parisien qui prend le métro tous les jours, qui se sent obligé de rester bosser au bureau tous les soirs jusqu'à 19h30 parce qu'on a passé la journée à lui poser des questions auxquelles il ne savait pas répondre, qui n'a pas eu le temps de faire son sac et donc l'a fait en vitesse entre 2h et 3h du matin avant de dormir 4h pour essayer de prendre un train en compagnie de la sympathique mais néanmoins extrêmement bruyante chorale de Gardanne (-"Vous ne seriez pas contre-ténor par hasard jeune homme, il nous manque un chanteur ?" -"Ah non désolé j'ai la place 104") et qui visiblement a des prix de gros dans le même salon de coiffure, "S'Coupe Coiffure" le spécialiste du mèche-à-mèche peut-être, 21 rue Parmentier 04 42 58 05 02 vous m'en direz des nouvelles, ainsi qu'en compagnie du plein d'allant club rugby d'une vague école d'ingénieurs amateurs de lancer de ballon en wagon et d'aphorismes tels que "elle marche pas la clim ? non c'est le réchauffement de la planète" qui permettent également de confirmer que l'on vend bien de la bière dans les bars TGV à 3,20 € et c'est donné, prendre un train donc, à cette fameuse place 104, ah c'est un carré, ah ben j'ai le couloir, dis donc c'est vraiment la totale. Et c'est parti pour 5h08. Moi je veux dormir mais eux visiblement non, ça y est c'est déjà l'effet-Cannes.

Le premier réflexe forcément en arrivant, c'est les lunettes de soleil. Il s'agit de pas les perdre celles-là, c'est aussi précieux qu'une accréditation Presse Blanche avec la pastille dorée et le R dessus (A quand une thèse sur les accréditations cannoises ?). Oui parce qu'il y a du soleil. Waw. Et il fait pas un peu 30°C là ? Elle est loin la rue du Commandant André ?, parce que la veste en velours noir là va pas être tenable plus de deux minutes. Ah c'est au quatrième sans ascenseur ? Ah j'ai un lit de camp dans le salon qui est aussi l'entrée, la cuisine, le bureau, la pièce de passage et la salle commune ? Ah on n'a qu'une clé pour six ? OK super, qui vient boire une bière ?... ça va mieux mais 18 € à deux quand même, c'était pas 3,20 € dans le TGV ? Comment ça, c'est cette bière marocaine tu crois ? Ah non c'est l'effet-Cannes.

Alors au début on résiste un peu, mais finalement à quoi bon. On est en plein dedans alors il faut jouer le jeu. C'est la collusion du glamour vernissé et de la vulgarité crasse, de la cinéphilie la plus pointue et de la bêtise la plus assumée, de l'ostentatoire et de l'invisible, du bling-bling et du sentiment. Un monde de privilégiés et de laissés pour compte, une sorte de méga bulle, un hyper marché ultralibéral géant où le but est de monter les bonnes marches au bon moment, entrer dans les bons endroits avec les bonnes personnes, fréquenter les bonnes fêtes avec les bons traiteurs. Le tout sans débourser un centime bien sûr, quand l'homme de la rue ce fou cet inconscient paie 26 € sa Salade Gourmande avec des crevettes congelées dedans à la plage du Goéland avec vue sur la table du voisin. L'effet-Cannes.

En plus, au bout d'un certain temps (2h-2h02), on se prend presque à apprécier. Le monde de toutes les démence rend forcément dément. La planète de tous les excès donne des envies excessives. Le défilé de toutes excentricités oblige à la mansuétude la plus dévote. Et puis finalement nous on s'amuse et pas eux. C'est ça qui est bon. Car oui ce monde est aussi celui de l'humiliation permanente, de la frustration organisée comme outil d'excitation collective, de l'élite et de la foule, le monde des cartons d'invitation, des pass VIP, des badges bleus, verts, rouges, roses, des coupe-files et des laissez-passer, le monde des vigiles à chaque entrée d'hôtel, à chaque entrée de plage, à chaque marche, à chaque porte, le monde des portiques d'aéroport et des fouilles de sécurité 18 fois par jour, le monde des voitures officielles, des limousines avec chauffeur, des palaces à perte de vue tels d'incoercibles HLM de banlieue baignés dans la trivialité de cette Côte d'Azur putassière. Le seul pays où les étoiles côtoient la fange, où n'importe quelle bimbo peroxydée peut se croire MM, où tous les artistes et autres agents d'artistes bien-pensants qui viennent nous faire la morale à longueur d'année à la télé ou manifester pour le statut des intermittents ou nous expliquer qu'il faut voter Ségolène-bien-sûr ou qui vont taper la discute à Cachan avec des sans-papiers quand il y a plein de caméras redeviennent enfin eux-mêmes quand ils donnent des coudes pour entrer dans la fête d'Abel Ferrara dans une villa à 3.700.000 € sur les hauteurs de la "Californie" et tant pis pour ceux qui n'ont pas eu d'invit, on est si bien entre nous, comment ça ya plus de champagne ? ah ouf tu m'as fait peur, t'es con vraiment, tu vas m'en chercher ? Le seul pays où on a le sentiment d'avoir vécu un truc dingue et normal en même temps en croisant Tarantino à la pizzeria. Car oui, je confirme que Tarantino aime la pizza et que la très jolie Rosario Dawson aussi. Quatre fromages je crois. C'est aussi ça, l'effet-Cannes.

Alors oui, le film de Tarantino, Boulevard de la mort, est une tuerie, dans tous les sens du terme. Ce mec aime la Quatre fromages mais il est quand même génial pour ces 20 minutes de délire vrombissant absolu.
Alors oui, le film de Gus Van Sant, Paranoïd Park, est sublime, si fort de fragilité, si tourbillonnant de lenteur, si euphorisant de contemplation.
Alors oui, Mon frère est fils unique de Daniele Luchetti est un petit délice italien d'intelligence, d'humour et de sensibilité.
Alors oui on rentre parfois dans une salle sans trop savoir ce qu'on va voir et on se fait retourner le cerveau et/ou les tripes.
Alors oui, il y a parfois même des petits miracles. On s'est levé à 7h après 3h de mauvais sommeil à cuver une soirée trop arrosée car il n'y avait plus rien à manger au buffet, et on se dit qu'on va continuer tranquillement sa nuit dans la salle déjà comble à 8h, mais ces gens sont vraiment fous ?, et là, dans le noir, les chaussures sous le siège, lové dans un pull pour se protéger de la clim, c'est étrange, mais tiens, on pleure. Les glaciers s'effondrent et on ne peut plus décoller les yeux de l'écran. C'est juste magnifique, et il n'y a soudain plus rien à dire, juste à ressentir. La salle ne dit rien. La salle aussi est lovée. C'est Le scaphandre et le papillon.
Car l'essentiel est tapi là, dans le noir, à l'abri de la lumière. C'est pour ces moments-là que je continue à y croire. L'effet-Cannes donc.

(Photo : Ben / Cannes, Mai 2005)

dimanche 13 mai 2007

Icônes


Comme je n'arrive pas à finir ma période Marilyn (je m'endors sur Marilyn Monroe, Enquête sur un assassinat, que j'avais entrepris suite à l'euphorie suscitée par la lecture du génial, troublant et émouvant Marylin dernières séances et galvanisé par la relecture du superbe The Misfits, Chronique d'un tournage, prévoyant même de m'atteler au pavé Blonde, oui 1110 pages je peux le faire allez allez), je me dis que je vais peut-être directement passer à ma période Napoléon et essayer de réattaquer les 4 tomes de Max Gallo. Bien sûr, aucun rapport avec le message précédent.

(Photo : Ben / Rome, Mai 2006)

samedi 12 mai 2007

Dur dur


Tiens, le ciel est bleu ce matin.

Je n'ai pas écrit grand chose depuis l'élection. Pour ainsi dire rien. Il faut dire que j'ai suivi l'entre-deux-tours depuis l'Irlande, j'ai dû rattrapper mon retard. Pourtant je bouillonnais, il y avait tellement de choses à dire, tous les jours. Mais j'ai appris, depuis que j'ai fait mon coming-out politique, depuis que j'ai osé avouer l'inavouable, l'improbable, l'impensable, depuis que j'ai avoué que je ne votais pas à gauche, j'ai appris qu'il fallait se la jouer profil bas. On a le droit de gloser, d'arranguer, de s'enorgueillir, d'affirmer, de revendiquer, de donner des leçons à tout va quand on vote à gauche. Qui dans Les Inrocks, qui dans Libé ou qui sur l'hilarant blog d'Ariane Mnouchkine nous "en suppliant" de voter Royal. D'ailleurs, la plupart des artistes le font au lieu de se contenter d'écrire des chansons, ça doit faire bien. Tout le monde trouve ça formidable. Ou pas, mais au pire tout le monde s'en fout joyeusement et ça passe. Mais quand on vote à droite c'est l'inverse, personne ne s'en fout alors il ne faut pas trop le dire sous peine d'être perpétuellement soumis à la vindicte, de devoir se justifier en permanence, d'être parfois même ostracisé et tout du moins suspecté, quoi ? non ?... pas toi ? (non c'est vrai ? vraiment ? mais pourquoi ??). Allez, non j'arrête la victimisation, c'est toujours trop facile. Je suis passé dans le camp des méchants, il va falloir assumer maintenant. Mais je ne savais pas que c'était si dur d'être de droite. En plus les méchants ont gagné. Oui, Dur... dirait Libé.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2007)

mardi 24 avril 2007

Même pas peur


N'empêche, pour la première fois depuis 30 ans, le score du Front National recule et il n'a jamais été aussi bas depuis 1974. Alors si ça c'est pas une victoire de la démocratie ?...

(Photo : Ben / Paris, Mars 2007)

jeudi 19 avril 2007

La juste audace


"Moi, je suis une promesse d'audace sécurisée."
Ségolène Royal, Métro - 18/04/07

Voilà. Donc vivement dimanche quand même, parce que là, ils commencent vraiment tous à fatiguer. Bientôt les soldes sur les promesses d'avenir.

(Photo : Ben / Lisbonne, Avril 2007)

mercredi 11 avril 2007

Le retour


Je me rends compte que finalement, ce qui est agréable, ce n'est pas le beau temps.

C'est le beau temps après le mauvais temps. Le calme après la tempête. Le rayon de soleil après le gel. La maison après le voyage. Le bonbon après l'huile de foie de morue. Qu'est-ce que la beauté sans la laideur ?

(Photo : Ben / Versailles, Avril 2007)

jeudi 29 mars 2007

La Face Nord


Est-ce que les choses les plus difficiles ne sont pas celles qui donnent finalement le plus de satisfaction ?
Est-ce à dire qu'il faut tendre vers la difficulté pour progresser ?
Est-ce que la facilité va à l'encontre du progrès ?
Est-ce qu'il faut se forcer à faire des choses que l'on n'aime pas ou que l'on ne veut pas faire pour en tirer profit ?
N'est-il pas vrai que c'est dans l'effort et la peine que l'on touche à l'essentiel ?
Ce qui nous est profitable ne réside-t-il pas dans le dépassement du supportable ?
Est-ce que le supportable a des limites ?
Est-ce que repousser ses limites c'est avancer ?
Est-ce que l'on se construit dans les moments où l'on surpasse même brièvement ce qu'on ne pensait pouvoir surpasser ?
Est-ce que je peux soulever mon propre poids en développé couché ?
Ne serais-je pas influencé cette forme de pensée nietzschéenne diffuse actuelle ?
Le découragement n'est-il pas l'ennemi du développement personnel ?
Tire-t-on forcément des satisfactions dans l'accomplissement d'actions qui nous rebutent ?
Est-ce que souffrir n'est-il pas vivre ?
Est-ce que vivre n'est-il pas souffrir ?
Est-ce que ne plus souffrir ce n'est pas être mort ?
Ne pas lâcher, se faire violence, continuer, souffrir. Aller mieux ?

Je suis un littéraire qui a fait des études d'ingénieur.
Mon contrôle fiscal se termine lundi.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

mardi 27 mars 2007

Les corps glorieux sont impassibles


J'aime le calme avant la tempête. Le silence avant les mots. Le reflux avant la vague. L'insondable, l'indicible, l'invisible. Avant l'irréparable.

Ce vacillement léger, cette onde imperceptible, ce bruit sourd, cet inquiétant murmure. Ce grondement sybillin, ce souffle étouffé, ce soupir imprécatoire.

Ca monte, ça vient, c'est là. Bientôt.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

mercredi 21 mars 2007

Passé, repassé, dépassé


Comment se fait-il que j'aie pu passer 15 jours sans écrire un seul mot ? Ce n'est pas à ce train-là que mon livre que je n'écris pas s'écrira.

Il faisait beau ce jour-là au parc Monceau. Un premier jour de printemps, mais en hiver. Un week-end ensoleillé pour dire qu'il ne faut pas désespérer, avant de retourner aux tergiversations de la météo, qui nous faire croire que nous aurions un quelconque pouvoir sur des forces qui nous dépassent et que José Bové a des moustaches alors que Dominique Voynet non. Bien sûr il n'en est rien.

Alors je regarde les gens passer. A droite, à gauche. Vite, lentement. En courant, avec des cannes. Sans regarder, en observant partout. Affairé, négligé. Tant de façons d'avancer. Et si j'avançais aussi au lieu de regarder les autres passer ?

(Photo : Ben / Paris, Mars 2007)

mercredi 7 mars 2007

Why do all good things come to an end ?


C'est une bonne question.

J'ai remarqué un truc qui n'a rien à voir. En général, les sportifs ne sont pas dépressifs. Ils ont toujours le sourire, la pêche, l'envie, l'énergie. Ils sont motivés, ils vont de l'avant. Ils ne lâchent pas, ils n'abandonnent pas, ils dépassent leurs limites. Et en avant toute.

Par contre, il y a beaucoup plus de dépressifs chez les chanteurs, les acteurs, les écrivains, et les artistes en tous genres. Enfin je crois. Du moins je vois.

C'est peut-être une histoire d'endorphines. Il faudrait peut-être que je me mette au sport. Sinon, il y a la cigarette. J'hésite.

(Photo : Ben / Dublin, Mai 2006)

mardi 6 mars 2007

Les dangereuses vanités qui séduisent tant de jeunes imaginations parisiennes


Ce n'est pas que je manque d'inspiration.
Ce n'est pas que je manque de temps.
Ce n'est pas que je manque d'imagination.
Ce n'est pas que je manque d'occasions.
Ce n'est pas que je manque d'idées.
Ce n'est pas que je manque d'envies.
C'est peut-être juste que je manque de courage.

(Photo : Ben / Nanterre, Décembre 2006)
Titre : in Grandeur et décadence de César Birotteau, Balzac, 1837

mardi 20 février 2007

Gagnant-Gnangnan


Oui donc vivement le pacte présidentiel que le monde soit plus beau et les gens plus gentils.
Ca va être formidable 2007.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

jeudi 8 février 2007

Je est un autre


"Nous avons tous un jeu de personnes, différentes manières d'être soi dans différents endroits. (...) Les questions vous dictent les réponses et on paraît être telle ou telle personne. Les questions m'en disent souvent plus sur celui qui les pose que mes réponses ne lui en disent de moi. La plupart des gens se trompent en pensant qu'ils sont un seul moi toute leur vie, bien plein, constant, fermé. Comme ils seraient plus tolérants envers les autres s'ils reconnaissaient qu'ils sont eux aussi en morceaux, troués, changeants."

Marilyn dernières séances, Michel Schneider (Grasset)

(Photo : Ben / Amsterdam, Mai 2005)

dimanche 28 janvier 2007

Onze mille deux cent vingt deuxième jour


Après une semaine passée à être débordé, pour finalement se rendre compte qu'on n'a eu le temps de rien, et se demander si certaines choses que j'ai faites, je ne les avais pas plutôt faites la semaine dernière déjà, je suis retombé dans les abyssales limbes de la réflexion sur le manque de temps. Autrement dit, qu'est-ce que ça va vite.

Je reste de plus en plus persuadé que le temps n'est pas linéaire. Et que ce n'est pas une valeur extrinsèque, libre de tout, ou 1 + 1 font deux, mais bien intrinsèque à chaque individu. Il y a un temps différent par être vivant, puisqu'il naît et meurt. Des milliards de temps.

Car comment expliquer que le temps passé sur le fauteuil d'un dentiste qui est en train de vous parler, alors que vous ne pouvez pas répondre puisque vous avez un tube qui fait glou-glou dans la bouche et une énorme fraise qui fait vrr-vrr, paraît interminable ? C'est bien qu'il est vraiment interminable. Je suis sûr que le temps est élastique.

Et comment expliquer que les journées de classe quand on est enfant semblent durer à l'infini, que les dimanches pluvieux quand on a 10 ans s'étirent inexorablement ? Alors que maintenant, en une journée de travail, j'ai la sensation de passer deux coups de fils, et qu'en un week-end, il me semble avoir fait un dixième de ce que j'aurais pu faire. Est-ce que c'est moi ou est-ce que je n'y peux rien ?

Aujourd'hui, j'ai 30 ans, 8 mois, 20 jours et quelques heures. Autrement dit, 11.222 jours. Enfin je crois. Aujourd'hui, cette journée de dimanche représente 0,0089 % de ce que j'ai déjà vécu. Autant dire rien. A 10 ans, une journée devait faire environ 0,027% du temps vécu. C'était déjà rien, mais c'était beaucoup plus. Alors est-ce que l'on ressent de moins en moins la sensation de durée ? de durer ? Je n'ose imaginer ce que ce sera à 70 ans.

Ces considérations de somnambule angoissé doivent sûrement être incluses dans la théorie de la relativité d'Einstein quelque part dans un coin, je n'en doute pas, mais je n'en trouve pas d'explication claire et simple. Ou tout du moins convaicante à mon goût. Alors je préfère imaginer. C'est ce que j'arrive encore le mieux à faire. Quand j'ai le temps.

(Photo : Ben / Londres, Janvier 2006 déjà)

vendredi 26 janvier 2007

J'aime la campagne


Non vraiment c'est passionnant la campagne. Au Liban, en Chine, au Québec, en Guadeloupe (c'est l'étranger aussi il paraît, enfin j'ai entendu que ça faisait partie de la tournée internationale de Ségolène, alors j'en ai déduit que...), en Patagonie demain, les Ségolénades quotidiennes sont délectables. Bientôt un almanach. Yep. On va bien se marrer les 5 prochaines années si les Français se disent que ce serait vraiment trop sympa d'avoir une femme Présidente. Je cherche un site web qui compilerait toutes ces perles mais je ne trouve pas, pourtant ça doit sûrement exister.

Bon de l'autre côté, on a notre super-RG, le chef de la Police, le Premier flic de France, qui va peut-être tous nous bigbrotheriser demain. Des caméras, des flics, des écoutes téléphoniques, des dossiers sur tout le monde, des millions de fiches. En même temps, c'est vieux comme la Rome Antique ces histoires. On s'insurge régulièrement, pour la forme, mais il y a toujours eu des Fouché, dans l'ombre ou dans la lumière, quoiqu'on en pense. Sans Fouché, pas de Napoléon.

Alors où est le mensonge ? Une mère ne ment-elle pas à son enfant pour le protéger ? Sommes-nous des enfants ? Va-t-il falloir vraiment un jour affronter la vérité ? Si les promesses sont des mensonges, donnent-elles quand même de l'espoir ? La vérité est-elle si désespérante ? Renaud va-t-il faire une chanson sur l'Abbé Pierre ? En attendant, j'en ai marre de tout ça, je pars à la campagne.

(Photo : Ben / Savoie, Janvier 2007)

mercredi 24 janvier 2007

Pléthore


J'aime beaucoup ce mot.

Je trouve qu'il est très XXIè siècle.
Je suis de moins en moins mais j'ai de plus en plus. On ne sait que choisir.
Tiens c'est encore les soldes.

(Photo : Ben / Florence, Avril 2006)

mardi 23 janvier 2007

2007, Année de la fête 2


Allez on y croit, plus que 342 jours.

(Photo : Savoie, Décembre 2006 ou Janvier 2007)

dimanche 14 janvier 2007

Les Français


... vont voter cette année.
Pour qui ?
Je ne sais pas.

C'est génial, cette nuit sur "Paris Première", il y a "La nuit des présidentielles", avec "les meilleurs moments de la vie politique française" de 0h30 à 7h15. Et je dois dire que c'est assez fascinant. Edifiant même. Revoir le débat Mitterrand-Giscard de 74 c'est rigolo et tragique à la fois. Parce qu'on dirait que c'est hier, parce que les débats sont toujours d'aujourd'hui, parce que les problèmes sont toujours là. "Le problème de l'emploi des jeunes est un problème fondamental", "L'Europe est en crise", "Je propose le changement" et tant et plus : la hausse des prix, l'inflation, les impôts, les salaires, la croissance, le progrès social, la place de la France parmi les grandes puissances économiques, l'Education, etc et blablabla. C'est exactement la même chose aujourd'hui, la mondialisation et l'insécurité en plus peut-être.

Par contre, si le fond est toujours le même et donc finalement le restera peut-être toujours, quelque soit le nombre de tentes rouges que l'on plantera au bord des canaux parisiens, ce qui est différent maintenant c'est la forme. J'ai l'impression que cette année, l'élection présidentielle ou la Star Academy c'est pareil. On va voter Ségolène comme on a voté Cyril. Quand je la vois disserter tout sourire du haut de la muraille de Chine, à base de proverbes à touristes, en doudoune et écharpe en laine blanche sur la tête, je suis effondré. C'est grotesque. Comment ce spectacle peut-il faire illusion ? Allons-nous vraiment être représentés par ça ?

Oui, maintenant les présidentielles c'est aussi une émission de télé-réalité. Tapez 2.

(Photo : Ben / Savoie, Décembre 2006)

samedi 13 janvier 2007

2007, Année de la fête


Encore une bonne année de poilade en perspective.
Ca promet.
J'ai déjà dit bonne année ?

(Photo : Quelqu'un / Quelque part, dernières heures de 2006)

mercredi 10 janvier 2007

Nous sommes le 10 janvier et il fait 15°C


Tout va bien.

Tout est normal.
Dormez tranquille.

(Photo : Ben / Savoie, Décembre 2006)

Le houx est-il horizontal ?


Décidément, je ne comprends rien à cette nouvelle version de Blogger. Je n'arrive toujours pas à modifier l'écartement des lignes. Pour les retours à la ligne, je ne comprends pas non plus. Il les prend, il les prend pas. C'est tout tassé ; je change des trucs, c'est plus tassé. Je ne sais pas ce que j'ai fait. Je ne comprends même pas l'aide de Blogger. J'ai touché un autre truc et paf tous les sauts de lignes de tous les articles depuis le début ont disparu. J'ai cru que j'allais étrangler mon ordinateur. Il faudrait une hotline, avec des gens, ça rassure quand on sait pas. Et pis les gens, on peut les étrangler.

J'imagine que bientôt, il y aura des hotlines pour répondre à toutes les questions, n'importe quoi, n'importe quand. Un peu comme Yahoo! Questions/Réponses. Une question ? Une réponse. Une hotline virtuelle avec des millions d'interlocuteurs. Je trouve ce truc révolutionnaire. C'est tout bête, mais c'est justement pour ça que c'est révolutionnaire. La victoire de la démocratie horizontale, la verticalité disparaît.

Tenez par exemple, dimanche j'ai acheté des branches de houx. Sans les feuilles hein, c'est fini Noël. Juste des branches nues, avec les petites boules rouges. Je trouvais ça joli dans la vitrine du fleuriste. Mais je commence à voir les boules se flettrir. Et là je me dis : que faire ? Au lieu de demander tout naturellement au fleuriste chez qui j'ai acheté les branches, et qui aurait sûrement une très bonne réponse à me donner, je poste une question sur Y!Q/R. Ben oui, il est 1 heure, j'ai besoin de savoir.

8 minutes après, j'ai une réponse. Une réponse de Marie-Anne, membre depuis le 7 décembre 2006, qui a déjà répondu à 303 questions en un mois, qui a un total de points de 1183 soit un niveau 3, et a gagné 91 points cette semaine. Ne me demandez pas ce que sont ces points, je n'en ai aucune idée. Je sais juste que moi je suis niveau 1 et que je ne peux dire à Marie-Anne que sa réponse me satisfait qu'à partir d'un niveau 2. Je suis stupéfait que Marie-Anne soit venue répondre à ma question sur les boules de houx à 1 heure du matin. Mais ça doit faire des points.

Finalement, la démocratie horizontale c'est tout aussi incompréhensible. Oui, donc bonne année.

(Photo : Ben / Chez moi, Janvier 2007)

mardi 9 janvier 2007

Entropie 07


Ca c'est chez moi pas rangé. J'ai pourtant l'impression d'être tout le temps en train de ranger. Mais que c'est toujours pas rangé. Il y a des têtes de cerf, du Martini, des DVD et des chaussettes qui trainent. Du linge à plier, de la vaisselle oubliée, des cadeaux de Noël, des plantes pas Feng Shui qui jaunissent, un écureuil-miroir. Et des tomettes par terre.

Au bureau, c'est pareil. Je passe un temps infini à ranger, classer, jeter, trier, étiqueter, trouyoter, ordonner. Je fais des pochettes, des bleues, des vertes, des rouges, des dossiers, des tas, des tas de dossiers, des piles, des classeurs, des cartons même des fois. Et quand c'est fini je recommence.

Dans mon disque dur, c'est pareil. J'ai des photos partout, des films, des musiques, dans tous les formats possibles. J'ai dû acheter un disque dur externe de peur de tout perdre. Du coup, je peux en mettre encore plus. J'ai entrepris de classer mes morceaux de musique au printemps dernier. Je le fais dans l'ordre des artistes en passant par iTunes, je colle des pochettes et je renseigne le genre. C'est interminable. J'en suis à M comme Milli Vanilli. Qu'est-ce que ça fait là ça ?

Dans mes placards, c'est pire. Hier, j'ai retrouvé un pull gris en laine qui gratte, je ne savais pas que j'avais ça. Je l'ai mis aujourd'hui. Demain, le Secours Populaire fait une collecte de vêtements dans l'immeuble. Alors je me suis dit que tiens si je rangeais mon armoire. J'ai rempli trois gros sacs. Je les ai descendu péniblement jusqu'aux boîtes aux lettres. Quelqu'un avait enlevé l'affiche du Secours Populaire. Qui a fait ça ?

En 2007, je vais continuer à lutter contre l'entropie. Encore. La lutte n'est pas terminée, camarade. Vivement la dématérialisation totale.

(Photo : Ben / Paris, Janvier 2007 - la première photo publiée avec mon nouvel appareil, tiens mais pourquoi n'a-t-elle pas le même format ?)

samedi 6 janvier 2007

Tube préhistorique


Ca m'a pris des heures de changer la couleur de fond de mon blog. J'y comprends rien et ça m'énerve. Je me suis encore couché tard et réveillé fatigué. En plus, en faisant des tentatives, ça a changé la taille des colonnes, la police des caractères, la dimension des textes, l'ordre des rubriques, les espaces entre les paragraphes, l'écartement des lignes. Je comprends rien. Des fois, je me demande comment il est possible que je sois ingénieur.

Je n'ai par exemple absolument aucune curiosité pour savoir comment marche mon téléviseur, quel est le principe d'un tube cathodique, ce qu'est une diode à cathode froide et pourquoi un flux d'électrons fait des images qui bougent. Alors que je l'ai appris, je crois. Tiens d'ailleurs ça n'existe plus les tubes cathodiques, trop tard. Ce que je vois c'est qu'il y a plein de gens qui s'engueulent devant des millions d'autres gens et avec Julien Courbet au milieu, et ça me suffit bien.

Mais j'ai réussi, j'ai changé le blanc en une élégante couleur sable de toute beauté. Selon blogger, il paraît que c'est ocre. L’ocre, du grec ancien ὤχρα / ốkhra, est une roche ferrique utilisée depuis les temps préhistoriques... Vive internet.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

mercredi 3 janvier 2007

Quitte à dire n'importe quoi...


Vive le vent, vive le vent
Vive le vent d'hiver
Qui s'en va sifflant, soufflant
Dans les grands sapins verts
Oh ! Vive le temps, vive le temps
Vive le temps d'hiver

Boule de neige et jour de l'an
Et bonne année grand-mère

(Photo : Ben / Biarritz, Décembre 2005)