mercredi 30 avril 2008

Voilà, c'est fini


On espère la fuite, on la rêve, on l'imagine, on la veut... et puis on la choisit. Tout d'un coup, comme ça, sur un coup de tête, en répondant à une question qu'on avait pas prévue à ce moment-là. Un coup de tête réfléchi, pensé, repensé pourtant, repoussé surtout.
" - Comment vois-tu cette rentrée ?
- Je pense qu'il faut me remplacer."

Voilà c'est dit, "Je m'en vais" finalement c'était pas si difficile. Il faisait beau, c'est venu comme ça. Un intense sentiment de légèreté, bref et soudain. On le regrette presque déjà et puis non il ne faut pas.

Et puis la fuite se fait attendre, se laisse désirer, semble s'éloigner encore plus au fur et à mesure qu'elle se rapproche. La fuite est fuyante, c'est sa nature. Elle est insaisissable, elle ne se laisse pas attraper comme ça. Il faut la mériter, souffrir un peu plus, savoir patienter, garder la tête sous l'eau, faire de l'apnée, combien de temps encore ?

On la fait même traîner vaguement, car finalement, elle fait un peu peur quand on l'entraperçoit. L'ennui ne serait-il pas seulement l'envers terni de la sécurité ? Le prix de cette dernière ne vaut-il pas l'épreuve du premier ? Oui, mais si la sécurité n'était qu'une illusion ? La sérénité ne lui est-elle pas supérieure ? Et le danger n'est-il pas son inéluctable et méandrique rampe d'accès ? Faut-il vraiment troquer l'ennui contre le danger ou peut-on s'en détourner ?

Mais demain, ça y est, plus de questions, plus de reculades, point de dérobade, voilà c'est fini. Je quitte 7 ans de tourments et de joies, de stress et d'ivresse, de cafés et de "ça va ?". 7 ans à apprendre des gestes, à les répéter, à les apprivoiser. 7 ans à faire et défaire, à observer et sourire, à agir et subir, à abandonner et reprendre, à comprendre et s'étonner, à s'exaspérer et s'amuser, à vaincre et recommencer, et à aimer tout cela, peut-être, sûrement.

Allez n'ayons pas peur, il y aura encore des cafés et des "ça va ?".

(Photo : Ben / Torcello, Décembre 2007)

mardi 8 avril 2008

Quelle est la cause la plus hype ?


Moi je mettrais :
1. Libérer Ingrid Bétancourt
2. Délivrer le Tibet de l'oppression chinoise
3. Sauver les enfants du Darfour
4. Acheter un écran plat à chaque SDF pour qu'il s'occupe 24h/24 grâce aux chaînes de la TNT et donc picole moins et devienne moins agressif avec les gens mieux habillés que lui (par exemple : en regardant "Culture VIP" sur Direct 8 tous les jours à 19h, à vous dégoûter du champagne).

Ouais ça me paraît pas mal comme classement...

Ingrid c'est hype, ya des accents espagnols chantants, de la drogue, des gros guns, des enfants multimédia bien habillés (et Lorenzo a un prénom trop cool) et un sexy comité de soutien. Avec Renaud en tête, 50 ans à pousser la gueulante pour tout et n'importe quoi, Miss Maggie, le chomdu, les bobos, la clope qui file le cancer, la corrida, le sida, l'extrême droite, le retour de Danièle Gilbert à la télé, les restos du coeur, le code de la route... si ça vous fait pas un bon chef de manif ça. Bernard Thibaud c'est une danseuse orientale à côté. Et puis y avait même Carla à la manif, et Carla en matière de tendance c'est un peu la cheftaine en ce moment. Tiens je vais porter un béret gris avec des ballerines demain, des fois que je croise la reine pour lui taper la bise.

Le Tibet c'est sympa aussi, ça a l'air joli, on irait bien se balader à Lhassa, l'air y semble trop pur, ça doit shooter tellement c'est pur, ya des temples en or et les bonzes ils s'en foutent de l'or, ils sont juste top décontract et trendy en chantant avec leurs combis orange, un peu comme la robe de Yelle dans son clip. Ca manque juste un peu de people, et gros-Douillet il aurait dû tataner du chinois pour la télé au lieu de faire du footing.

Le Darfour bof, ils sont un peu largués là, faudrait vous remuer un peu les enfants, pas assez sexy tout ça. Et puis on n'y comprend rien, vous êtes tchadiens, soudanais ? faudrait vous décider les gars. Paraît en plus que les chinois sont encore dans le coup, donc là c'est vraiment trop compliqué. La Chine en Afrique c'est pas crédible. Ouais et de toute façon la chaleur non merci. Et pis trop de mouches.

Et les SDF... bah on s'en fout. Mais en fait je crois qu'il n'y en a plus, non ?

(Photo : Ben / Bangkok, Janvier 2008)

samedi 5 avril 2008

Et hip et hop, Dorothée est-elle sympa ?


C'est lors d'une phase contemplative souterraine, attendant un métro qui allait m'amener vers de nouvelles destinations féériques, et détaillant avec intérêt l'affiche du film "Sexy Dance 2", que je me demandai alors si je ne devais pas m'inscrire au concours qui s'offrait devant mes yeux tel le destin s'abattant sur Agamemnon, pour moi aussi relever le "Défi Sexy Dance Battle". En m'ouvrant aux cultures du hip et du hop, de nouveaux horizons chatoyants semblaient alors s'offrir à moi. Oui le "Défi Sexy Dance Battle" était fait pour moi.

Alors ni une ni deux, mais plutôt entre 2 et 3 heures du matin, une heure un peu creuse puisque j'ai généralement fini de faire la vaisselle, je décidais aussitôt de m'intéresser aux modalités de ce concours devenu déjà indispensable. En parallèle, je pouvais même jeter un oeil à un magnifique reportage de journaliste de "50 minutes inside" sur "la mort étrange de Katoucha" où l'on apprenait en détail la liste des invités à l'enterrement (il y avait Mouss Diouf et ça c'est cool, on se demandait un peu ce qu'il devenait depuis qu'il égorgeait des coqs dans "La Ferme Célébrités"), puis une analyse plus en profondeur sur les mystères de cette mystérieuse mais vraiment mystérieuse disparition mystérieuse puisque le journaliste se mit même à prononcer d'obscures phrases telles que "les certitudes autour de la mort de Katoucha semblent se fissurer" avec des plans flous de péniches la nuit, suivis d'une interview d'un avocat qui bosse avec Julien Courbet pour généralement régler des problèmes de voisins qui s'insultent mais qui là semblait plus que sûr de lui sur le fait qu'on était sûr de rien, mais que le corps qu'on avait repêché était bien "sans vie" puisqu'il a baigné un mois dans la Seine (ah au fait, il y avait aussi le fils de Richard Anthony à l'enterrement, celui qui fait de la cuisine et qui bosse maintenant pour IDF1, une chaîne qui fait aussi bosser Dorothée le jour parce qu'elle se faisait chier grave à la campagne et qui passe des contrefaçons de Derrick hyper mal doublées la nuit, et d'ailleurs puisqu'on en parle, le cuistot Anthony en question a donné une interview exclusive au site public.fr où il y révèle que "Dorothée est syper sympa" et ça c'est super sympa, autant dire que donc vive les enterrements Jet Set).

Donc bon bref, j'arrive tant bien que mal sur le site du "Sexy Battle Dance" ou je-sais-plus-trop-quoi puisque ça commençait déjà à me saoûler, et là... l'horreur. Car en effet 1/ les sites myspace on n'y comprend rien, c'est hyper-moche et ça fait du bruit (et je sais pas l'arrêter), 2/ le concours s'arrêtait le 3 avril et on est déjà le 5 et puis 3/ le lot à gagner était une "projection très privée entre amis dans la salle Paramount le 27 mars à Paris" (soit donc avant la fin du concours mais bon c'est peut être comme ça que ça se passe dans le hip-hop, on n'en a rien à foutre des dates). Grosse déception donc, puisque finalement, une projection très privée entre amis de "Sexy Dance 2" ça m'intéresse pas du tout. Et hip et flop.

(Photo : Ben / Venise, Décembre 2007)

jeudi 3 avril 2008

Le Rouge et le Noir 2


Ayant décidé de commencer une cure de désintoxication intensive de télévision et d'addiction chronophages inutiles, à base d'un subtil mélange de salle de sport et de divan en remarquant oh ironie que le plus fatigant n'est pas forcément celui qu'on croit, je constatai avec effarement le tarissement de la source de mon inspiration et/ou mon manque d'envie à faire des prospectives sur l'avenir du monde et sur la qualité sonore des ronflements de mon voisin. Oui finalement, la connexion entre le virtuel et le réel était plus forte que prévue, et l'influence de l'un sur l'autre avait pour avantage de contrebalancer une espèce de vide intérieur qui ne faisait qu'aspirer de plus en plus l'angoisse de mes congénères parisiens (et des autres aussi), pris dans l'orbite de la nébuleuse dépressionnaire, comme sur les cartes météo avec des A et des D qui tournent en rond. En s'éloignant des écrans pour mettre un peu les mains dans la glaise, il sembla que les perspectives commençaient à se modifier et que la sensation de vide pouvait se muer en vertige, le tout étant de ne pas tomber de la falaise. Le mot d'ordre étant devenu "moi, moi, moi", un vrai horizon de découverte s'offrait à moi-(moi-moi) qui ne méritait pas nécessairement le partage. L'égoïsme débarassé de son addictif pendant narcissique était bon, mais je me dis tout à coup qu'il suffirait de quelques efforts pour le muer en égotisme stendhalien, cette "façon sincère de prendre le coeur humain" comme disait l'ami Henri Beyle, et hop la machine repartirait. Ouais bon bah ya encore du boulot quoi.

(Photo : Ben / Venise, Décembre 2007)