mercredi 31 août 2005

Attention, prêts... fuyez !

Ca y est c'est reparti pour une 5ème saison. L'école pour Top Models de la 6ème chaîne ayant fermé ses portes, l'école pour apprentis choristes réouvre donc les siennes avec des peintures neuves. Et puis quand vous avez échoué au mannequinat et à la chanson, vous pouvez encore tenter votre chance dans la cuisine sauce M6, de toute façon l'enseignement de base est un peu le même. Rigueur, obéissance, exigence, exactitude, personnalité (mais pas trop), courage, effort, etc etc. L'habituelle litanie des qualités des bons petits soldats prêts à se faire fusiller. C'est la société "Maillon Faible". Ou comment normaliser la violence du monde du travail. Ben oui c'est normal de se faire hurler dessus parce que c'est pour votre bien. En plus vous l'avez choisi ! D'ailleurs toi t'es viré.

Et là, on nous le promet, c'est retour aux fondamentaux. Finie la rigolade. Dans une grande interview-vérité disponible sur le site de tf1.fr, Alexia Laroche-Joubert, la nouvelle ancienne directrice, dit vouloir "remettre un peu d'ordre et d'énergie dans tout ça". Ah bon, parce que c'était le boxon avec Gérard Louvin ? Certes, Monsieur GPS avait des idées bien arrêtées sur tout et n'importe quoi (la façon de ranger les serviettes de bain, le port ou non de la barbe, la couleur des cheveux de Hoda, le temps de cuisson des pâtes), collait des avertissements à tout bout de champ (quoi les serviettes de bain ne sont pas rangées ??!!) et avait son chouchou depuis le début et ne s'en cachait pas. C'est même lui qui a gagné, mais ça tombe bien c'était le meilleur. D'ailleurs aux primes, mais juste pendant le prime, c'étaient tous les meilleurs, ils étaient tous formidables. On se serait cru à l'Ecole du Fan. OK c'était n'importe quoi. Alors hop, on efface tout et on recommence.

Mais le temps n'est pas aux regrets, il faut aller de l'avant... En plus nous avons la joie, l'honneur et l'avantage de retrouver cette année la reine du minaudage de trois-quart face, la diva Mariah Carey dans le rôle de la marraine. De bien bonnes interviews gréco-américaines en perspective. Mais, avec le retour d'Alexia Laroche-Joubert , de Raphaëlle Ricci et des élèves au château, et l'expulsion d'Isabelle Charles, Milo Lee et Tiburce, certaines choses nous manqueront tout de même...

Finies les fins d'après-midi au gymnase pour attendre le directeur qui vient annoncer la liste des candidats au retour à l'anonymat comme s'il était à la cérémonie des Césars devant Catherine Deneuve. "Et cette semaine les nominés sont..." Roulement de tambour (ça marchait jamais, le mec du tambour a dû être viré pour avoir mal rangé ses baguettes). "Et oui encore toi John, ce n'est que la 6ème fois de suite. Mais c'est parce que tu... où est ma fiche ?... parce que tu... ben parce que tu es un peu en dessous." Ah. En dessous de quoi ?

Finis les débriefings où le look du prof est plus intéressant que ce qu'il dit. Pourtant c'est tellement plus crédible de donner des conseils aux élèves avec des poignets de tennis en éponge, un chapeau et une genouillère, on a tout de suite conscience qu'il faut se concentrer sur l'essentiel. De subtils conseils bien utiles pour une carrière d'artiste, que les élèves de la Star Ac'4 sont sûrement encore en train de mettre en oeuvre à l'heure où vous lisez ces lignes. "Alors là tu aurais dû te mettre un peu plus à droite mais sinon c'était formidable". Ah. Tiens ben je vais dormir un peu plus à droite ce soir.

Finis les cours de chants ou personne ne venait, car on n'y apprenait moins de choses qu'à l'unique cours de diététique dispensé en 4 ans au château. Ou comment apprendre à dormir en public sans que personne ne s'en rende compte. Bien utile quand on est invité à des spectacles alors qu'on préfèrerait lire le 18ème chapitre de "La petite philosophie de l'ennui" de Lars Svendsen. "Alors là vous ouvrez grand la bouche comme pour bailler... bravo vous y arrivez tous très bien !". Ah. Tiens si je prenais des cours de diététique ?

Finis les entraînements philosophico-sportifs à 8 heures du mat pour participer à la Coupe du Monde 2025. Les chanteurs-footbaleurs étant peu nombreux, il n'était peut-être pas nécessaire de faire de la course en pas chassé, du parcours d'obstacles et du bloquage de ballon, agrémenté d'une séance de torture de méninges chaque jour. Remarquez, c'était peut-être pour suivre les pas de Jean-Pierre François, ils avaient même pris sa fille. "Sofiane, va chercher le ballon et pense que la conviction est le pire ennemi de la vérité comme dirait Nietzsche". Ah. Je vais chercher le ballon alors.

Et oui tout ça c'est fini. Alexia va remettre de l'ordre dans le pensionnat de Dammarie-les-Lys. Cette année, retour aux cours et à l'enseignement. On va leur apprendre des trucs, on va les faire bosser, on va les former, on va les transformer. C'est sûr en sortant on aura 15 vrais chanteurs au chômage... et un millionnaire. Pour la cinquième fois.

Texte également paru in http://www.realtv-fr.net/

mercredi 24 août 2005

Je veux rester dans la caverne

Alors que le dénouement de l'IDLT 4 se précise, TF1, toujours en quête de vérité vraie et d'une réponse à la primordiale question "L'amour sera-t-il le plus fort ?", annonce déjà la saison 5. L'épisode de cette semaine se termine en effet par un appel au casting de couples "non mariés et sans enfants" (et masochistes c'est bien) pour une vraisemblable future édition. Si l'on ne sait toujours pas si l'amour est le plus fort, Céline Géraud aura en tous cas au moins la réponse à une question essentielle : qu'est-ce que je vais faire le printemps prochain ?

Au passage, il est évident que cette brûlante question tourmente beaucoup TF1 et Glem. Enfin, surtout quand les audiences sont bonnes (car l'amour c'est bien joli, mais c'est encore plus beau au dessus de 40% de parts de marché). Greg, Marjolaine et Adeline ont déjà planché sur l'épineux sujet. Quand on voit qu'une jeune femme "romantique" est prête à vivre avec quelqu'un qui la dégoûte pendant 15 jours, simuler un faux mariage, mentir à sa famille et ses amis, à les humilier publiquement, à faire pleurer sa mère et rendre son père dépressif pour gagner 100.000 euros, moi je trouve vraiment que l'amour de l'euro est le plus fort. Et ça fait plaisir.

Ce qui est beau sur "L'île de la tentation", c'est qu'il n'y a point d'euro à l'horizon. Que de l'amour. La quintessence du sentiment. Du concentré de passion (en tube c'est plus pratique, on peut se l'étaler sur le dos). Il faut dire que le contenu est tellement substantifique (pour ne pas dire mince) que ça revient à n'en tirer que l'essence et à la diluer sur 8 semaines, en début d'émission, en fin d'émission, avant la pub, après la pub, dans le générique, aux feux de camp, en flash back, en noir et blanc, au ralenti, avec de la musique, sans musique, en version sous-titrée...

On a donc cette semaine à nouveau l'honneur de revoir tout ce qu'on a déjà vu dans les 6 premiers épisodes, et tout ce qu'on sait déjà que l'on va voir dans les suivants. D'où cette délicieuse sensation de suivre chaque semaine le même épisode, mais agrémenté d'infinitésimales, voire subliminales, modifications, un peu comme une installation d'art moderne au centre Pompidou.

L'image se répète infiniment car elle n'a pas de mémoire, comme le télespectateur. Elle nous hypnotise, elle nous fascine, elle nous éblouit. Nous sommes tous dans la caverne de Platon. C'est sur l'écran que tout se joue, un écran qui fait écran à la réalité mais donne une sensation rassurante de réalité. C'est nous les prisonniers de l'île, des prisonniers qui ne souffrent plus de leurs chaînes, et même qui s'en réjouissent.

Alors l'image, on la tord, on la retourne, on la brouille, on la zoome, on la commente, on la met en abîme, pour la rendre plus réelle. On commente même l'image qui est dans l'image, l'écran dans l'écran, et les candidats s'auto-commentent en permanence. On analyse, on dissèque, on exlique tout, avec toujours les mêmes mots. Et les réponses à nos questions alors ? On s'en fout. Bienvenue dans "L'île de la tentation 5".

Texte également paru in http://www.realtv-fr.net/

La fête du jacuzzi


Cette semaine, l'île de la tentation n'aura jamais aussi bien porté son nom. Le mot tentation a d'ailleurs dû être cité à peu près 256 fois par la voix off dans cet épisode. En effet, cette semaine, ce sont les rendez-vous (mais sur l'IDLT on dit "date", prononcez "dèyte", c'est plus cool) de 24 heures, les rendez-vous "de toutes les tentations", 24 heures de "tête-à-tête romantique". Enfin normalement. Pour info, un tête-à-tête romantique, c'est quand on est deux dans un jacuzzi avec des cocktails, face à la jungle tropicale ou à la mer.

Pour son date romantique, donc, Gwen part avec Khalid. Avec un sens aigu de l'euphémisme, elle nous répète plusieurs fois qu'elle "adore Khalid" car il la fait rire, etc etc. Invariablement, Khalid a une réponse toute prête quand Gwen lui dit une phrase de plus de 3 mots : "ça fait plaisir". En gros, on comprend donc qu'ils passent une bonne journée ensemble. Ce que Gwen nous confirme : "Je suis contente de partager ces moments avec lui, car c'est avec lui que je voulais les partager" Eh ben ça tombe bien ! Khalid confirme également par une sagace analyse : "Entre moi et Gwen, ya quelque chose... je pourrais pas le définir". Une forte envie de jouer au scrabble peut-être ? Bref apparemment ils passent la nuit ensemble.

Pendant ce temps, Sam le gentleman-philosophe part avec Annabelle car "c'est la seule avec qui je m'entends le mieux" (sic). Tous deux découvrent la jungle (en quad, ça va plus vite). A la suite de quoi Sam déclare "je suis redevenu moi-même". Quant à Gwen, elle est vite oubliée, si ce n'est quelques remarques à son égard, disséminées tout en élégance, du style "je suis fier de ne pas avoir présenté cette fille à mes parents", "je vais faire comme si elle n'avait pas existé", "physiquement je te préfère (Louise), j'aime pas Gwen". On est donc content que Sam soit redevenu lui-même. Continuant son exploration des tréfonds de l'âme humaine, il poursuit sur Louise : "j'ai connu une bonne partie chez elle, et c'est une partie qui me plaît", "c'est clair qu'une histoire me ferait plaisir". La foire au jambon est donc ouverte.

Lalie part avec Manu. Selon la voix-off, Lalie est "totalement inconsciente". On la voit alors faire du jet-ski, puis une séance de palme-masque-tuba, puis dîner avec Manu. Elle en pleure à la fin de la journée tellement c'est beau. En effet, ce degré d'inconscience frôle la démence.

Pendant ce temps "Roberto-le-séducteur" part avec "Maeva-l'ensorceleuse" pour un remake de l'épisode de l'Odysée avec Ulysse et les Sirènes. "J'ai pas peur d'elle, je vais l'affronter, je relève le défi" clame notre courageux héros en boxer de bain. Sauf que Roberto ne se ligote par à un mât de bâteau mais à un hamac pour résister à la tentation. La voix-off (encore) nous explique que "pour Roberto, cette nuit est celle de tous les dangers". Effectivement, je ne sais pas si vous avez déjà essayé de dormir dans un hamac... "Pourtant au coeur de la nuit, Maeva a fini par le rejoindre". Deux dans un hamac, là ça tient vraiment de l'héroïsme homérien.

Annabelle a gagné à la loterie puisqu'elle a la chance de passer 24 heures avec François. Pour l'occasion, celui-ci a remis sa tenue fétiche, mini-short en jean et débardeur en résille. Et un magnifique string pour le jacuzzi. En tant que spécialiste, il a choisi Annabelle pour sa "classe innée" (sic). Annabelle fume 18 paquets de cigarettes pour essayer de faire passer la journée, et François mange son taboulé en lui expliquant que "tout ce qui a rapport avec le sexe j'aime bien". Très perspicace sur son pouvoir de séduction il en déduit : "je ne sais pas si elle va vouloir dormir avec moi, c'est la femme qui décide, moi je suis ouvert". Logiquement, il se prend une porte dans la gueule.Laurence, également très open aujourd'hui, drague à mort le petit Cyprien qui essaie par tous les moyens de détourner la conversation (-"on y va ?" -"où ?"). Laurence, la reine de la perche, utilise alors du gros calibre du genre "j'aime bien manger des trucs comme ça parce que ça me donne des idées" ou "on s'embrasse, allez approche toi". Enfin là c'est plus de la perche, c'est du tronc d'arbre. Cyprien est, nous dit-on, "gêné par les caméras". On le comprend.

L'épisode de ce soir se conclue sur cette question cruciale : "A un jour de retrouver François, le seul homme qu'elle ait connu, Laurence cèdera-t-elle à la tentation avec Cyprien ?" Le suspense est donc à son paroxysme.

(Photo : Le verrou, Jean-Honoré Fragnonard, Le Louvre)
Texte également paru in http://www.realtv-fr.net/

lundi 15 août 2005

La plage abandonnée


Sur la plage abandonnée, coquillage et crustacés, qui l'eût cru, déplorent la perte de l'été qui depuis s'en est allé.

On a rangé les vacances dans des valises en carton, et c'est triste quand on pense à la saison du soleil et des chansons.

Pourtant je sais bien l'année prochaine tout refleurira, nous reviendrons, mais en attendant je suis en peine de quitter la mer et ma maison.

Le mistral va s'habituer à courir sans les voiliers et c'est dans ma chevelure ébouriffée qu'il va le plus me manquer.

Le soleil, mon grand copain, ne me brûlera que de loin, croyant que nous sommes ensemble un peu fâchés d'être tous deux séparés.

Le train m'emmènera vers l'automne retrouver la ville sous la pluie. Mon chagrin ne sera pour personne, je le garderai comme un ami.

Eh oui les vacances sont finies...

(Brigitte Bardot, La Madrague, 1963)