Je veux rester dans la caverne
Alors que le dénouement de l'IDLT 4 se précise, TF1, toujours en quête de vérité vraie et d'une réponse à la primordiale question "L'amour sera-t-il le plus fort ?", annonce déjà la saison 5. L'épisode de cette semaine se termine en effet par un appel au casting de couples "non mariés et sans enfants" (et masochistes c'est bien) pour une vraisemblable future édition. Si l'on ne sait toujours pas si l'amour est le plus fort, Céline Géraud aura en tous cas au moins la réponse à une question essentielle : qu'est-ce que je vais faire le printemps prochain ?
Au passage, il est évident que cette brûlante question tourmente beaucoup TF1 et Glem. Enfin, surtout quand les audiences sont bonnes (car l'amour c'est bien joli, mais c'est encore plus beau au dessus de 40% de parts de marché). Greg, Marjolaine et Adeline ont déjà planché sur l'épineux sujet. Quand on voit qu'une jeune femme "romantique" est prête à vivre avec quelqu'un qui la dégoûte pendant 15 jours, simuler un faux mariage, mentir à sa famille et ses amis, à les humilier publiquement, à faire pleurer sa mère et rendre son père dépressif pour gagner 100.000 euros, moi je trouve vraiment que l'amour de l'euro est le plus fort. Et ça fait plaisir.
Ce qui est beau sur "L'île de la tentation", c'est qu'il n'y a point d'euro à l'horizon. Que de l'amour. La quintessence du sentiment. Du concentré de passion (en tube c'est plus pratique, on peut se l'étaler sur le dos). Il faut dire que le contenu est tellement substantifique (pour ne pas dire mince) que ça revient à n'en tirer que l'essence et à la diluer sur 8 semaines, en début d'émission, en fin d'émission, avant la pub, après la pub, dans le générique, aux feux de camp, en flash back, en noir et blanc, au ralenti, avec de la musique, sans musique, en version sous-titrée...
On a donc cette semaine à nouveau l'honneur de revoir tout ce qu'on a déjà vu dans les 6 premiers épisodes, et tout ce qu'on sait déjà que l'on va voir dans les suivants. D'où cette délicieuse sensation de suivre chaque semaine le même épisode, mais agrémenté d'infinitésimales, voire subliminales, modifications, un peu comme une installation d'art moderne au centre Pompidou.
L'image se répète infiniment car elle n'a pas de mémoire, comme le télespectateur. Elle nous hypnotise, elle nous fascine, elle nous éblouit. Nous sommes tous dans la caverne de Platon. C'est sur l'écran que tout se joue, un écran qui fait écran à la réalité mais donne une sensation rassurante de réalité. C'est nous les prisonniers de l'île, des prisonniers qui ne souffrent plus de leurs chaînes, et même qui s'en réjouissent.
Alors l'image, on la tord, on la retourne, on la brouille, on la zoome, on la commente, on la met en abîme, pour la rendre plus réelle. On commente même l'image qui est dans l'image, l'écran dans l'écran, et les candidats s'auto-commentent en permanence. On analyse, on dissèque, on exlique tout, avec toujours les mêmes mots. Et les réponses à nos questions alors ? On s'en fout. Bienvenue dans "L'île de la tentation 5".
Texte également paru in http://www.realtv-fr.net/
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