lundi 31 juillet 2006

On aura tout vu...


Une petite semaine pour un petit résumé à l'occasion de cet épisode 3. Vous pensiez avoir tout vu dans L'Ile de la Tentation, tout entendu, tout imaginé. Eh bien non, Daniel et Bérangère font encore plus fort. Ils décident de se marier. De se quoi ? Oui oui de se marier.

Mais revenons sur l'enchaînement des évènements qui nous a amené à cette catastrophe. Ben en fait, il n'y a rien sur quoi revenir puisque personne n'a rien compris. Daniel a juste pété les plombs pendant le feu de camp et s'est mis à répéter 18 fois de suite "j'ai envie de rentrer". Là, deux solutions : la camisole de force ou laisser Daniel rentrer. La production, qui n'avait pas de camisole en stock, décide de laisser Daniel partir.

Chez les autres célibataires, c'est la consternation. Enfin, la consternation ça dure 4 secondes et demi, après c'est plutôt la fête. Le sur-gé n'est plus là, c'est parti pour faire la fête toute la nuit. Ah oui comme quoi il a bien fait de partir finalement Daniel.

Chacun s'en donne à coeur-joie : Vincent qui nous a expliqué quelques minutes plus tôt devant le feu que "moi je suis quelqu'un de très droit" (n'oublions pas qu'en langage d'agent immobilier "charmant appartement à rafraîchir" signifie taudis), Harry qui nous a fièrement fait remarquer que "je suis nickel dans ma tête, j'ai encore surmonté mes envies masculines on va dire" (trop fort Harry), et Eric qui a carrément eu envie de vomir en voyant les images de sa fiancée ("quelque part j'ai un petit dégoût", la classe).

Eric, il était resté étrangement calme jusqu'à présent. Mais il semblerait que son rendez-vous de la semaine dernière avec Gysèle ait réveillé les instincts de l'animal. Il a commencé à nous expliquer des choses du genre "ya tellement de gens sur Terre et tout", habile façon de détourner l'attention. Et après, c'était carrément la théorie du chaos : "je commence à me laisser vivre on va dchire, parce que la séparation c'est dchur, parce que je pense que chaque jour qui passe t'es toi-même, tchu vois ?". Grande leçon donc. Et de la grande technique de chasseur à n'en point douter. Il a donc passé tout le repas à assomer lentement mais sûrement sa proie avec du jargon de ce genre, tout en la regardant bien fixement dans les yeux... non dans les yeux... non encore plus haut, là c'est pas les yeux... enfin bref à 30 cm des yeux quoi, tout en fronçant les sourcils, en remuant sa fourchette dans son assiette en faisant des petits dessins et en finissant chacune de ses phrases en gardant la bouche ouverte. Après ça, il n'y a plus qu'à asséner le coup de grâce, et hop, viens dans ma case que je te... Enfin, du grand art quoi.

Cette semaine, Eric va donc continuer sur sa belle lancée avec Gysèle et du coup, quid de Sandra ? Eh bien il ne sait plus comment s'en débarasser, mais ça tombe bien : avec des phrases du genre "Quelque part, c'est ma vie finalement qui prime avant tout", le message sera clair au prochain feu de camp. N'oublions pas qu'il nous a expliqué juste avant que "on va dire s'il y a eu un instable entre les deux c'est plutôt moi", mais on s'en serait douté. Comme quoi, c'est pas la première fois que sa vie prime avant tout, voilà quelqu'un qui a de la suite dans les idées. Et pour conclure : "si je suis déçu, c'est par rapport que faut pas insister, c'est pas elle la femme de ma vie". Voilà voilà. Tout est clair maintenant ?

Heureusement, l'amour triomphe toujours car Daniel et Bérangère sont sur le point de se dire "oui" devant un prêtre maya. Oui ben au point où on en est, pourquoi pas un prêtre maya. Mais le grand moment, ce n'est pas le mariage, c'est l'explication du "déclic" qui a rendu Daniel fou et l'a poussé à s'agenouiller dans le sable devant Bérangère. "Mon père était militaire de carrière... toute ma vie j'ai associé le service militaire au saut en parachute... ya eu un gros déclic... j'ai le courage pour avancer... mon coeur s'est ouvert, tout s'est ouvert... maintenant c'est le Daniel romantique, le Daniel qui a envie de parler d'amour beaucoup plus souvent..." Stop !! N'en jetez plus, ne demandez pas à Daniel de nous parler d'amour par pitié, on en a suffisamment entendu comme ça. Mais le coup du service militaire qui fait ouvrir son coeur et donne envie de faire des enfants, c'est juste énorme. Je pense que Bérangère n'a rien compris non plus, mais c'est pas grave, la voilà mariée par un prêtre maya.

Et pendant ce temps, tout le monde est content puisque "les hommes sont soulagés par le départ de Daniel"... ben ça promet...

dimanche 30 juillet 2006

De l'amour à la pelle


Voici venue l'heure du bilan pour "L'amour est dans le pré", la real-tv estivale de M6. Et non non, cette année M6 n'a pas misé sur 4 naïades embarquées sur un bateau dans les caraïbes avec 20 mecs chauds-bouillants pour nous trouver "le" séducteur de l'été (parce que ça nous intéresse bien de savoir qui peut bien être "le" séducteur de l'été quand même). Non non cette année, M6 n'a pas misé non plus sur 4 poseurs-rouleurs-de-mécaniques-en-short embarqués sur un bateau dans les caraïbes avec 20 filles en bikini toutes plus motivées les unes que les autres (et toujours en bikini) pour être élue séductrice de l'été (tiens c'est étrange, ça me dit quelque chose ce concept). Non non, cette année M6 n'a pas même misé sur un groupe d'une douzaine de jeunes qui aiment bien se montrer et qu'elle aurait catapulté à Bora-Bora pour voir ce que ça donne des jeunes à Bora-Bora qui aiment bien se montrer (et parce que ça intéresse tout le monde de savoir ce que ça donne 12 jeunes à Bora-Bora, surtout leurs parents). Non non, cette année, M6 n'a pas encore misé sur un troupeau de jeunes filles mesurant entre 1m72 et 1m85 et pesant entre 48 et 55 kg logées dans un même appart pour se faire photographier par Karl Lagerfeld (ou un mec qui lui ressemble) et se demander qui sera le "Top Model 2005" (alors qu'on ne sait même pas qui est le "Top Model 2004" et on ne saura jamais qui sera le "Top Model 2006", et ça c'est quand même un peu l'angoisse, je fais comment moi ?).

Non cette année, à M6 on s'est dit "allez les gars, c'est fini les paillettes, fini le glamour, finies les top-models, fini le sable de Bora-Bora, finies les croisières dans les caraïbes avec des beaux mecs et des jolies nanas, finies les eaux turquoises à 34°C et les poses lascives dans les palaces avec des photographes". Yen a marre. A M6 en fait, tout ça on s'en fout, c'est nul, et puis Bora-Bora ça craint. Ben ouais parce qu'elle est pas si turquoise que ça l'eau d'abord. Alors zou, ni une ni deux, cet été c'est direction la Lozère, le Cantal, le Cher. Vive la France, on est des champions. On remplace les palmiers par des champs de betteraves, les colliers de perles par des fromages de chèvres, les 4 séducteurs en short par des agriculteurs en bottes, et les mannequins par des télespectratrices. Et l'affaire est dans le sac, l'amour est dans le pré, et en voiture Simone.

Je l'avoue, j'avais un peu sous-estimé au début le potentiel de cette émission ruralo-matrimoniale. Au départ, 10 agriculteurs et trices : l'hiver dernier, une présentation interminable de nos 10 candidats tous plus sympas les uns que les autres, mais aussi tous plus célibataires les uns que les autres, et que la France est belle ma brave dame. Je crois que je n'avais pas pu tenir juqu'au bout. Mais là, nous passons à la vitesse supérieure. Sur les 10, plus que 4 sont encore là (les autres doivent avoir du boulot, pas le temps de parader à la télé, c'est pas M6 qui va les arracher les betteraves hein !) et les affaires se corsent, les couples (enfin les trios !) se forment. Et du coup, "L'amour est dans le pré", c'est LE programme qui rend accro.

Nous retrouvons pour l'occase notre copine Véronique "viens dans mon fourgon que j'te relooke" Mounier, qui est une spécialiste de la ruralité puisqu'après les chantiers (mais qui a gagné la maison ??), la voici dans les champs de blé. Oui, au passage, c'est pas plus mal, parce que le relooking en fourgonnette c'est pas possible non plus. Déjà le titre, "Nouveau look pour une nouvelle vie" donne envie de fuir pour aller se protéger en Amérique du Sud. Ensuite, le concept : des gens se font insulter sur les Champs Elysées par des inconnus qui passaient par là (du genre "t'es banale, t'es mal habillée, et pis j'aime pas ta tête", que des trucs hyper constructifs) et du coup ils vont chez le coiffeur. Ensuite, ils retournent sur les Champs-Elysées et tout le monde les trouve super, et du coup eux aussi ils trouvent ça super. Comme quoi, l'avis des gros lourds qui passent leur samedi après-midi sur les Champs ça compte vachement pour certains. Alors que je sais pas vous, mais moi, 3 fois sur 4, quand je ressors de chez le coiffeur je suis pas content du résultat (j'avais pourtant dit de couper court). Bref, en parlant de gros lourds sur les champs, revenons à nos moutons, euh nos fermiers. Oups.

Bah ils ont l'air plutôt sympas en fait Arnaud, Vincent, Francis et Dominique. Et ils ont l'air plutôt contents aussi, parce qu'ils ont la joie de participer à cette espèce d'improbable mélange entre "Le Bachelor" pour le côté Bachelor (célibataire en chasse quoi), avec un peu de "La Ferme Célébrités" pour le côté Ferme (sauf que là ya de la vraie paille), une poignée de "Tournez Manège" (ou disons sa version moderne et américaine à la sauce MTV, "Dismissed" : "I'm sorry but... you're dismissed" j'adore) pour le côté "bonjour Francis, Julie et Véro vont venir vivre chez toi pendant une semaine, il faudra en choisir une", et un soupçon de journal de 13 heures de Jean-Pierre Pernaud pour le côté fromage de chèvre moulé à la louche et aussi pour le côté "oh que c'est joli ce bout de bois sculpté c'est pour quoi faire ? ben c'est une poutre".

Chaque bachelor-fermier avait donc chez lui pendant une semaine deux jeunes femmes recrutées sur lettre de motivation manuscrite, entretien préalable, 2 photos d'identités, avis d'imposition sur les 4 dernières années et caution des parents. Enfin non, au moins la lettre je crois car je n'ai pas tout vu. Ensuite, c'est comme dans le Bachelor, sauf qu'on ne trinque pas au champagne en mangeant du foie gras dans une mongolfière au dessus des chateaux de la Loire, ici on fait des soirées bikers entre potes autour du barbecue et en plus le lendemain il faut aller bosser à 6 heures. Disons donc que dans l'esprit c'est un peu différent, mais notons que le champagne en mongolfière de toute façon, avant que ça arrive en vrai, on a le temps de voir venir le "Top Model 2036" sur M6. Enfin, la soirée bikers chez Vincent, je ne la souhaite à personne, et ce n'est pas Sylvie qui me dira le contraire. D'un autre côté, comme je ne suis pas Sylvie, ça tombe bien.

Heureusement, il y a plein d'autres moments bien sympas. Chez Francis par exemple, c'est aussi des grandes soirées rigolades entre copains. Et là aussi, je dis bravo les filles. Parce qu'il faut le faire. Genre tu vas chez quelqu'un que tu connais pas, mais que tu as vu 10 minutes dans une émission de télé ya 6 mois sur M6, entre une émission de dressage d'enfants et une émission de dressage de chiens. Mais bon bref t'as quand même envie d'aller passer une semaine de congés chez lui à 850 km de chez toi, au lieu d'aller, au hasard, à Venise pour admirer un coucher de soleil sur la lagune depuis les marches de l'église Santa Maria della Salute. Mais admettons, chacun ses envies. Et là, paf ! Non seulement tu te rends compte qu'il y en a une autre qui a fait exactement comme toi et qu'il va falloir cohabiter ensemble, et en plus re-paf ! tu passes toutes tes soirées avec entre 14 et 18 copains dudit célibataires, qui sont, soit, hyper sympas, mais bon quand même c'est pas qu'il se fait tard mais je vais monter me coucher moi. De quoi être bien à l'aise donc.

Le résultat des courses, je ne le connais pas trop, puisque j'ai lamentablement échoué à l'enregistrement de la dernière émission. Ce que je sais c'est qu'Arnaud avait choisi Delphine parce que Céline avait piqué une crise sur une botte de foin ("je veux que Delphine parte ! non ? alors je pars !"), mais finalement avec Delphine ça va pas le faire parce qu'Arnaud la trouve "vraiment très sympa". Aïe. Vincent avait choisi personne, parce que les soirées bikers, je ne sais pas qui peut raisonnablement en endurer plus d'une demie. Dominique avait choisi Stéphanie parce que Stéphanie avait choisi Dominique surtout, ce qui du coup, va nous permettre de vérifier le fameux adage "fuis moi je te suis, suis moi je te fuis". On sent Dominique sur le point de fuir donc. Ah non trop tard, il s'est déjà enfui. Enfin, Francis est parti en week-end avec Véronique et... ben je ne sais pas. Soit ils sont allés manger du foie gras en mongolfière, soit ils sont rentrés chacun chez eux. Et comme ça les vaches seront bien gardées.

(Illustration : Paysage avec maisons et bétail, Raoul Dufy, 1877-1953)

vendredi 28 juillet 2006

Saute moutons


Il y a des jours où j'ai l'impression d'avoir une cocotte-minute à la place de la tête. Ca fait vvv-vvv-vvvhhh. Mais ça fait jamais pschhhhh.

Alors je ferme les yeux. Et je pense aux moutons. J'aime bien les moutons.

Il y a des jours, quand j'ai la tête comme une cocotte-minute, où j'aimerais bien être un mouton.

Ou alors je regarde mes photos de vacances. Celle d'Irlande et de Nouvelle-Zélande. Celles avec des moutons. J'aime bien regarder mes photos de vacances.

Comme ça, au lieu d'avoir la tête comme une cocotte-minute, j'ai l'impression de refaire le voyage, en accéléré, et sans ce désagréable sentiment du voyageur, celui qui me fait garder dans un petit coin de ma tête "mais qu'est-ce que je fais là et pourquoi je suis pas bien tranquille chez moi ?". Quand je regarde les photos, j'ai oublié tout ces bizarres sentiments de malaise et de peur de l'inconnu, je ne vois que ce qui est joli.

Alors il y a des jours où finalement, je n'aimerais pas être un mouton. Parce que ça doit être super chiant d'être un mouton.

(Photo : Ben / Irlande, Mai 2006)

mardi 25 juillet 2006

La guerre est déclarée


Alors oui je suis un peu à la bourre, pour ne pas dire totalement dépassé par les évènements et leur enchainement aussi rapide, par ce déferlement d'incidents, cette cascade de mal entendus, qui mènent irrémédiablement les caractères les plus sereins vers les plus terribles extrémités. Quand tout va si vite, quand le déploiement de moyens humains est aussi foudroyant, quand la folie s'empare des coeurs et des esprits, j'avoue avoir du mal à me tenir au courant de tout ce qui se passe et de l'évolution précise de la situation. Je ne veux bien sûr pas parler de la guerre au Liban (qué guerre au Liban ?), mais de L'Ile de la Tentation 5, qui occupe évidemment toutes les pensées, et ce en plus haut lieu. Heureusement, il y a les rediffs du lundi soir pour se tenir au jus de l'actualité la plus brûlante.

C'est sans surprise que (commençons donc par la fin), le couple Mélanie-Vincent est donc un lointain souvenir... Ah ces centaines photos numériques de vacances au ski stockées sur le disque dur de l'ordinateur, et que personne n'a jamais pris soin de trier parce que bon y en vraiment trop je le ferai demain... allez hop à la corbeille ! Mélanie, lucide et droite dans la douleur aura cette émouvante parole : "Heureusement qu''il y a l'Ile de la Tentation pour ouvrir les yeux aux gens". Ben oui heureusement, et puis surtout moi je ferai quoi après le lundi à 2h du matin ?

Mélanie s'est donc rendue compte, au bout de deux jours de séjour "paradisiaque", que, sur les 261 soirées de l'année qu'elle a passée seule à Roubaix, alors que Vincent était à Paris, et qu'il lui disait qu'il sortait dîner avec des copains et/ou des collègues de bureau, eh bien ça ne devait pas tant discuter prospective du marché immobilier sur les vingt prochaines années qu'elle le pensait. Eh oui, non seulement il n'y a pas d'appartements à louer à Paris, mais en plus Mélanie est cocue et je ne sais quelle est la plus terrible des deux nouvelles. (Enfin c'est clair que c'est devenu beaucoup trop cher, non mais ça n'a plus de bon sens, j'en parlais à la pharmacienne hier, qui habite à Montreuil et... mais je m'égare).

Vincent a donc sauté sur Shanice au cours d'une sympathique soirée "moustiques et barbecue" sur la plage avec nuitée en tente. Daniel, toujours pragmatique, avait pourtant eu cette étrange sensation qu'il n'y avait pas assez de tentes pour 14 personnes. Un sentiment dont il s'est empressé de faire part à Vincent et qui s'est avéré exact après avoir (bon sang mais c'est bien sûr) compté le nombre de tentes. Vincent, qui sait compter jusqu'à 7 (bien qu'il ne doit pas souvent faire visiter des 7 pièces-cuisine), avait alors répondu "bien sûr qu'il y a assez de tentes". Une autre forme de pragmatisme, donc, qui l'a mené à faire des "bécots" à Shanice, dont il apprécie visiblement la compagnie rapprochée. Pourquoi ? Parce que "Shanice c'est la plus provocante et moi j'aime bien ça". Voilà qui est clair. Au moins on ne pourra pas accuser notre agent immobilier en tongs d'hypocrisie. Plus c'est provocant (qui a dit vulgaire ?), et plus il aime. La classe donc. Mais heureusement, je ne l'ai pas choisi comme décorateur d'intérieur, je préfère Cendrine Dominguez dans Téva Déco ("oh mais c'est magnifiiiiiique chez vous et comme c'est ingénieux cette porte qui s'ouvre et se ferme !"), donc tout va bien.

Personnellement, je soupçonne notre ami Vincent d'avoir saisi au bond L'Ile de la Tentation pour se débarasser en toute délicatesse de sa future-ex-petite-amie qu'il ne voit que les week-ends, mais bon même le week-end ça commence à faire beaucoup quand même. La classe je disais. Il aurait au moins pu choisir une émission qui sait prendre des pincettes et faire les choses en toute discrétion et respect de la personne comme "Ya que la vérité qui compte", mais en fait ils ne font pas dans le larguage, ils font seulement dans le râteau ("C'est pas grave Francis, Jaqueline a laissé le rideau fermé, mais ça ne veut pas dire qu'il restera fermé à tout jamais... allez bon courage pour le boulot demain."). Au début de l'émission, Mélanie disait "j'ai confiance et je veux qu'il me prouve cette confiance". C'est donc en langage technique ce qui s'appelle ne pas être sur la même longueur d'onde.

Mais le couple star de cette IDLT5, ce n'est pas pour moi Mélanie-Vincent qui vont sûrement continuer à se battre à coup de cassettes vidéos dans ta tronche (oui ça existe encore les cassettes vidéos), mais c'est bel et bien Daniel et Bérangère. Ah Daniel et Bérangère. On ne sait absolument pas ce qu'il sont venus faire là, et c'est ça qui est bon.

Lui, il semble avoir râté sa vocation de proviseur de collège, alors du coup il se prend pour le mono de la colo. Comme il a trop confiance en son couple (et en lui surtout), il s'embête un peu, alors il a toujours un avis à donner sur l'attitude de chacun et se mèle des affaires des autres parce que forcément ça le regarde. Du coup, il dort avec Vincent dans la tente pour "qu'il ne commette pas l'irréparable" (c'est sûr que Vincent n'a pas intérêt à "commettre l'irréparable" avec Daniel sinon c'est rappatriement sanitaire du Mexique direct) et part avec Shanice en rendez-vous pour "casser l'ambiance" et parce qu'il veut "parler de certains trucs à Shanice concernant Vincent". Autrement dit, ce n'est pas un déjeuner en tête-à-tête en bord de plage, c'est un remontage de bretelles dans le bureau du dirlo. Après quelques heures de laïus du style "à partir du moment où, dites vous bien que, et c'est là où on verra si !!!". Shanice n'en peut plus, et on la comprend, à force de tortiller sa paille elle craque et quitte la table en pretextant qu'on l'attend en cours de gym. Daniel est tout content, il a fait ce qu'il avait à faire, il a sauvé un couple. Bravo Daniel, mais ça n'a servi absolument à rien parce qu'en fait Shanice a écouté un mot sur deux et Vincent se fout de son avis.

Bérénice, elle, semble avoir envie de bastonner tout le monde depuis son arrivée sur l'île. Que quelqu'un s'approche et hop un coup de tatane dans ta gueule. Ca donne envie de pas séduire, mais alors pas du tout, et c'est le but car comme elle a "une totale confiance en Daniel", elle ne veut pas qu'un tentateur l'approche. Ce qui n'a aucun rapport mais après tout s'il y avait une quelconque logique dans l'attitude de ces gens, ils ne seraient pas là dans ma télé. C'est donc le soldat... euh le tentateur Lorenzo (un des plus musclés, il fallait bien ça) qui se coltine la corvée de rendez-vous sensation avec Bérangère-"tu m'touches jt'éclate". Il part confiant avec un "allez ça va être sympa !" pour se donner du coeur à l'ouvrage, ce à quoi Bérangère rétorque "je te préviens, je fais pas des trucs de ouf". Cool. Alors ensuite, pour détendre l'atmosphère, Lorenzo aura la bonne idée de lancer du sable sur Bérangère, ce qui bien sûr exaspère la belle au plus haut point, qui du coup n'a plus envie de discuter mais plutôt d'envoyer un missile thermonucléaire sur la tête de Lorenzo, voire sur le Mexique tout entier. Alors imaginez un repas en tête-à-tête avec quelqu'un à qui vous n'avez absolument pas envie d'adresser la parole et qui souffle bruyamment toutes les 30 secondes. Ben voilà. "C'est vrai qu'on a du mal à te cerner" tentera alors Lorenzo. Aux dernières nouvelles... ben nous n'avons plus de nouvelles de Lorenzo justement.

C'est sur cet esprit bon enfant et cette ambiance de franche camaraderie que ce termine ce deuxième épisode. La prochaine fois, nous approfondirons les techniques de drague de Harry, qui commence toutes ses phrases par "je pense que" et les finit par "tu vois". Je pense que tu vois ?

(Illustration : La Guerre ou La Chevauchée de la discorde, Henri Rousseau, 1894.)

mardi 18 juillet 2006

Amour, Strings et Caïpirinhas


Vous aussi, vous êtes capable de prononcer des phrases aussi contradictoires que "C'est trop fort entre nous, mais si incident il y a c'est la vie", et aussi absurdes que "Notre projet c'est le mariage et pourtant je suis pas du tout pour à la base" ? Alors si c'est le cas, n'hésitez plus, participez à l'Ile de la Tentation, cette émission est faite pour vous. Malheureusement pour cette année, c'est rapé, puisque les heureux élus de la seule émission de télé où il n'y a rien à gagner mais tout à perdre ont déja été désignés. Et testés sous le soleil du Mexique.

Après une nouvelle (longue) année à chercher (vainement) à comprendre ce qui pousse ces couples à s'inscrire à une telle émission (5 ans que je cherche, je n'ai toujours pas trouvé et chaque année le mystère est plus touffu), c'est non sans un immense plaisir que ce 11 juillet, je rechausse mes espadrilles pour un nouvel été de sable chaud plein d'insectes, de muscles huilés à la végétaline, et de strings en lycra. Du bonheur en perspective donc.

Bien sûr j'ai échaffaudé des hypothèses pendant un an, des dizaines, des centaines, sans succès. Il en reste cependant une, qui me parait la plus plausible : Peut-être ces couples ont-ils accumulés tellement de RTT dans l'année que, ne sachant plus quoi en faire, et étant étroits financièrement à cause de l'emprunt sur 25 ans qu'ils viennent de prendre pour acheter la dernière Mégane Challenge gris métal (c'est bien le gris, c'est élégant, et puis en même temps c'est discret... et puis ça se revent toujours bien) de leurs rêves les plus fous (oui oui, la Challenge, celle avec des rétroviseurs extérieurs électriques chauffés individuellement et intégrant les rappels de clignotants de série sur toutes les finitions, des finitions comme ça madame, c'est un niveau d'exigence que vous ne verrez nulle part ailleurs), et n'en pouvant plus de passer l'intégralité de leur week-ends (du samedi matin à "alors cette semaine ça s'est bien passé ?" jusqu'au dimanche soir à "bon on y va après Drucker parce qu'on a de la route et puis après il va y avoir du monde" inclus) chez les parents d'icelle ou d'icelui tour à tour (m'enfin ma mère fait mieux le veau marengo quand même), afin donc de ne pas perdre ce magot de RTT qui fait lever des lycéens qui n'ont jamais travaillé de leur vie dans les rues au mois de mai au lieu de réviser leurs examens, qu'ils prennent la décision de partir 12 jours entièrement defrayés au soleil dans un endroit qu'ils n'ont pas choisi, avec des gens qu'ils n'ont pas choisi, dans un bungalow de 9 m2 qu'ils n'ont pas visité virtuellement en 3D sur internet avant, soumis au regard de millions de gens qui vont chasser le moindre écart grammatical qu'ils vont commettre après l'absorption de 4 caïpirinhas sous 45 degrés à l'ombre, et qui plus est... pas ensemble. Voilà, je pense que c'est l'explication la plus plausible.

Passons rapidement sur la présentation des candidats, ce sont les mêmes que l'an dernier. Enfin je crois, vu que je les ai oubliés. Oui il me semble bien que c'est une rediff, mais comme je n'en suis pas sûr, et que je suis maintenant assailli d'un affreux doute (c'est fou comme on perd vite la mémoire), ne passons pas rapidement, ils sont au moins aussi marrants que, au hasard, des François et des Laurence, des Sam et des Gwen (tiens c'est bizarre ces noms me disent quelque chose...).

Vincent et Mélanie, c'est le couple auquel on a déjà envie de décerner le grand cerf d'or (oui celui avec les grandes cornes qui brillent) tellement c'est dingue que leur couple ait pu tenir 2 ans. Lui il est "Agent immobilier à Paris", autrement dit il saute sur tout ce qui bouge. Enfin, comme il dit lui-même, il "aime le contact avec les gens". Voilà voilà. Il aime tellement le contact avec les gens toute la journée à faire vister des apparts à des clients potentiels qui seraient prêts à coucher avec Ben Laden pour avoir un 3 pièces avec terrasse sud-sud-ouest, qu'il remet ça tous les soirs en boîte avec des filles qu'il ne connaît pas, en mettant des chemises roses ouvertes jusqu'au nombril et en dansant sur des tables avec une bouteille de champagne à la main. Rien de plus normal, donc, pour sa fiancée Mélanie, "Prothésiste ongulaire à Roubaix" (oui ça existe). Est-ce besoin d'en dire plus ? Non, je pense que nous aurons bien assez de temps pour bien enfoncer le clou une prochaine fois. Et que l'hypothèse selon laquelle Vincent est chaud comme une chipolata sur le barbecue de mon voisin d'en bas un soir de France-Portugal va être rapidement vérifiée.

Daniel et Bérangère, c'est le couple solide qui a envie de construire. Du coup, hop on file à L'Ile de la Tentation, bon sang mais c'est bien sûr. Bon évidemment, il y a quelques détails qui clochent. Par exemple, ils se sont rencontrés au Cap d'Agde (et pourquoi pas pendant une séance multi-partenariale de culte orgiastique du gourou Raël pendant qu'on est dans la célébration de la beauté de la nature et de ses plaisirs ?). Bon après tout, pourquoi pas aller passer tout simplement une semaine de vacances tranquilles dans le plus grand site échangiste (ou naturiste, ou mélangiste ou les trois) d'Europe, c'est que l'arrière-pays est très joli, n'est-ce pas madame ? (ah zut mais où ai-je encore rangé ma carte bleue ?, c'est balot on sait jamais où la mettre). Bref, Daniel est "Agent de sécurité et d'accueil en complexe de loisirs nocturnes", autrement dit videur de boîte. Pourquoi ? Ben parce qu'il "aime le contact avec les gens" pardi ! Et Bérangère est "Professionnelle de la confection de mélanges colorés liquides", autrement dit barmaid. Pourquoi ? Ben oui, vous avez deviné.

Eric et Sandra, c'est un peu Big Jim et Barbie. Lui il est trop content d'être lui, et trop content d'avoir une si belle sacoch... euh une si belle femme à son bras. C'est trop la classe quand tu te balades dans la rue quand même, avec tes lunettes de soleil sur la tête parce que sinon tu vois rien (vu qu'il n'y a pas de soleil), et que t'as l'impression que tout le monde te regarde avec envie, enfin regarde la personne qui est à ton bras... oui c'est ça ta femme. Bref, lui est "Expert en passage de la première à la seconde, à la première, à la seconde, au point mort, à la première, à la seconde, point mort" , autrement dit, chauffeur de taxi à Paris. Et ça, c'est trop le kif pour Eric car quoi donc ? Et bien oui, Eric "aime le contact avec la clientèle", pour ne pas dire avec son public quoi. Parce que si le taxi d'Eric est aussi beau que ses chemises, moi je fais trois fois le tour du périph' avec. Oui enfin, le métro c'est bien aussi. Quant à Sandra, elle a fait "une école de mode" et est "dans le prêt-à-porter". C'est dit sobrement mais en même temps on comprend volontiers qu'on ne veuille pas s'apesantir trop sur le fait d'avoir déboursé 30.000 euros pour avoir un diplôme en carton servant à en ouvrir (des cartons) en demandant "vous faites du combien ?" toute la journée.

Last but not least, Harry et Emeline, c'est le couple trop cool. Elle, elle parle en essayant de ne pas bouger les lèvres en disant des trucs du genre "Ouais Harry c'est l'homme de ma vie, on est trop bien ensemble, on est trop complices tu vois". Et lui, il parle en fronçant les sourcils, en mettant les coudes en arrières et en écartant les jambes au maximum sur le canapé pour dire des choses du genre "Ouais je pense que je crois que j'ai envie que je sens que c'est la bonne et qu'il faut qu'on construise une relation ensemble pour l'avenir". Ils ont donc 15 ans et demi. Ah non ? Emeline, elle, est "Conseillère de beauté", autrement dit... ben je ne sais pas ce que c'est une conseillère de beauté. Peut-être que c'est les gens habillés en noir chez Séphora qui, dès que tu fais trois pas dans le magasin, viennent te dire "je peux vous conseiller monsieur ?... vous regardez les crèmes de jour ?... non ?... d'accord, mais n'hésitez pas alors... oui ?... pardon ?... ah non je ne connais pas ce parfum désolé il faudrait demander à ma collègue là-bas au fond du magasin qui est en train de discuter avec mon autre collègue". Enfin j'imagine que ça doit être un genre de boulot comme ça. Et lui, il est "Conseiller en articles de confection chaussants", autrement dit vendeur de chaussures en costard noir. Et je vous le donne en milles (allez, en cents), il s'épanouit totalement dans ce passionnant métier d'échange à genoux avec des personnes qui ne savent pas ce qu'elles veulent mais qui ne veulent pas dépenser trop, et pourquoi ?? Parce qu'il "aime la relation avec la clientèle". Et là, j'ai envie de dire que de la clientèle sur L'Ile de la Tentation, il y en a. Il y a du bon client et de la bonne cliente, c'est moi qui vous le dit. Préparons-nous donc à du conseil-clientèle de tongs sur-mesure de toute beauté, à en faire frémir mes espadrilles. A suivre donc...

Illustration : La jeunesse de Bacchus, peinture orgiaque de William Bouguereau (1884)

samedi 15 juillet 2006

Fin de journée, fin de semaine, fin de film


Alors c'est souvent cette même étrange sensation quand ça se termine. On a dit du mal de tout le monde pendant 2 mois et puis quand ça se termine on se dit plein de choses gentilles. On s'est ignoré pendant 8 semaines et le dernier jour on s'embrasse. On s'est détesté pendant 39 jours et le quarantième on se congratule et on se remercie. C'est souvent comme ça les tournages. Un peu comme les colonies de vacances à la fin de l'été, on avait hâte que ça se termine et puis quand ça arrive on se dit que c'est passé trop vite. Et qu'on s'écrira. Et on ne s'écrit pas.

(Photo : Ben / Paris, Juillet 2005)

mercredi 12 juillet 2006

Cet été, je suis espadrille


Bon finis les accès d'euphorie collective suivies de phases de détestations de l'humanité sous-terraine, il faut revenir à des choses raisonnables. La fatigue, l'alcool, le boulot, le foot... après on dit n'importe quoi. Donc je ne bois plus de bières le soir, je dors a nuit, je bosse moins... et je ne regarde plus le foot. Et ça va. Mais bon évidemment, le Mundial est terminé alors maintenant les Gueugnon-Sedan à domicile, je m'en tape un tout petit peu les espadrilles. D'ailleurs, et ça n'a aucun rapport, je suis passé aux espadrilles. Un sport beaucoup plus alcyonien (un synonyme de calme y parait, mais pas facile à replacer en conversation) et beaucoup moins coup-de-boulesque (un synonyme de mal de tête du dimanche soir). Ouais je crois que dans le fond, je suis plus espadrilles que crampons. Et puis forza italia quoi, ils sont pas mauvais au foot mais ils sont surtout rudement bons en statues.

(Photo : Ben / Rome, Piazza del Populo - Mai 2006)

jeudi 6 juillet 2006

Laideur 20 - Grâce 0


Ce soir dans le métro, je n'arrivais pas à regarder les gens. Ceux qui étaient en face de moi, je les trouvais tellement laids, que je me suis mis la tête dans les mains pendant 20 stations. Il y a des jours où je ne suis pas en phase avec l'humanité. En même temps, j'aime bien cette sensation de détester tout le monde, c'est un sentiment confortable. Mais il faut que ça passe, parce que c'est pas possible.

(Photo : Ben / Rome, Le Gaulois mourant, Mai 2006)

Euphorie 1 - Morosité 0


Ce soir dans le métro, je trouvais tout le monde sympa. Même ceux qui criaient fort, même ceux qui disaient n'importe quoi. Une sensation de partage, des gens heureux, une ferveur populaire déculpabilisante, c'était communicatif. J'aime bien cette sensation collective de griserie dégrisaillante. Mais ça va passer, parce que dans le fond je ne sais pas si j'y crois vraiment.

(Photo : Ben / Paris, Juillet 2006)