mercredi 30 août 2006

La fuite de Sodome et Gomorrhe 2


Nous avons quitté Mélanie et Vincent en pleine lessive de printemps. Mais il y a foule à la blanchisserie ce soir, et nos autres couples ont aussi du linge sale à se balancer dans la figure. Bon OK, Joël et Jennifer sont immaculés, du coup bizarrement, ça fait presque tache. Joël a d'ailleurs mis son plus beau débardeur blanc ("oh toi aussi tu es en blanc, j'en étais sûr, moi aussi regarde, je t'aime !"). En fait, ils font presque peur à force de répéter que "je veux prouver que l'amour existe toujours, et la fidélité aussi". Autant de bonnes intentions, ça donne envie de fuir en courant.

Pourtant les 24 heures précédant les retrouvailles s'étaient magnifiquement bien passées. Joël était parti avec Tiphaine et semblait à l'aise comme un poisson dans une boîte de petits pois. Pour preuve ces passionnantes conversations sur la météo et même parfois des saillies telles que "il fait chaud hein". Jennifer était elle partie avec Adriano qui, malgré un prénom exotique avec des A et des O dedans, n'a rien pu faire. On sentait le séducteur au bord de l'implosion à chaque fois que son accompagnatrice lui disait "tu comprendras quand tu seras amoureux". Effectivement, ça doit agacer. C'est comme si vous tentiez de comprendre une blague pas drôle et qu'on vous répondait "tu comprendras quand tu auras de l'humour". Bref les retrouvailles des amoureux ont été à la hauteur du taux d'agent de blanchiment dans la lessive du couple : éclatantes. Vraiment un débardeur aussi blanc c'est encore plus beau que la fidélité. Ca donne envie d'y croire. En la lessive bien sûr.

Eric, lui, avait revêtu pour l'occasion du feu de camp final son plus beau débardeur à paillettes. Un autre style donc. Eric a été touché par la grâce, il n'arrête pas de parler de chemin, d'essentiel, d'osmose et tout un tas de trucs qui n'existent que dans les magazines de psycho et du coup donnent envie de s'abonner. Il en devient quasi mystique, d'ailleurs il voit des signes partout. Enfin surtout quand Gyselle est collée à lui. "Tu veux une fille ou un garçon en premier? Un garçon? Moi aussi. Ca me fait peur tous ces signes qu'on a en commun, on a pas mal de signes en commun, pas mal de choses en commun". Effectivement c'est flippant, on dirait un disque rayé. Mais plus flippant encore est son imitation, lors de l'ultime dîner avec Gyselle, de Marlon Brando dans le rôle de Don Corleone dans Le Parrain quand il dit à la future mère de son fils, en remontant le menton et en fronçant les sourcils, la tête en arrière : "C'est dchur maintenant, on va se quitter". On se demande s'il va la flinguer. Mais non.

Sandra de son côté s'est retrouvée avec Cyril, qui s'était pris un râteau avec Jennifer-tu-comprendras-quand-tu-seras-amoureux. Autant dire qu'il est remonté comme un coucou : "moi je me fixe pas de limites, Sandra me plait physiquement et ya qu'une seule chambre". D'ailleurs la tactique est bonne car la proie est lasse : "Cette relation avec Eric m'a épuisée, je suis vide". C'est le moment d'en profiter et de dire des trucs constructifs et imparables comme "l'avenir est devant toi, le passé c'est le passé, j'ai envie de te serrer dans mes bras". Le lendemain, Cyril expliquera que Sandra "a ôté les barrières". Oui la mode est à la barrière cet été. Comment ça se porte une barrière au fait ?

Les retrouvailles entre Sandra et Eric n'en furent que plus sereines. De vieux potes qui se retrouvent et qui se racontent leurs vacances. Alors et toi, tu as cédé à la tentation ? Ah oui c'est dingue moi aussi. (ou plutôt "tu as cédché à la tentatchion ? Zarma moi aussi"). Ca doit faire bien plaisir d'entendre son ex vous dire "Je me suis laissé aller vraiment" ou "C'était un super bon moment". On se serre la main ? Non vraiment, merci bien, c'était très sympa, tu me commandes un taxi ? Et chacun de partir sur son "chemin". Le chemin vers la découverte de soi. Ou alors le chemin vers le bol de sangria, on ne sait pas exactement.

Emeline et Harry, qui s'étaient rencontrés dans un centre commercial, se sont donc séparés sur une plage de sable blanc. Ca aurait pu être l'inverse, mais non. Harry, qui pourtant avait revêtu son plus beau débardeur noir, flippait quand même un peu de retrouver sa chère et tendre, dont il disait avec une élégance qui n'appartient qu'à lui qu'il allait la regretter parce qu'elle nettoie très bien la moquette. Oui mais quelle idée d'avoir de la moquette aussi ? Et pourquoi pas une toile cirée sur la table de la cuisine pendant qu'on y est ? Bref Harry confiait, à l'aube des retrouvailles, que "je suis en train d'appréhender comment ma meuf va réagir". Phrase étonnante venant d'Harry, qui nous avait habitué à moins d'introspection (je parle du mot de 4 syllabes dans la phrase bien sûr).

Ils avaient eux aussi passé "une très bonne nuit" la veille, chacun avec leur tentateur et tentatice préférés, qui les avaient tentaté et tentatricé bien comme il faut. Emeline avait prévenu : "Je vais me lâcher complètement". Elle avait donc choisi Nicolas qui est "quelqu'un de très sincère". La preuve, Nicolas nous explique que "ma tactique première, c'est qu'il n'y a pas vraiment de tactique, mais je dis les choses cash... avec Emeline j'ai été autrement". L'essentiel, même si ça ne veut rien dire, c'est que ça marche.

Harry avec Fany, avait commencé à se torturer les méninges : "Dans ma tête je me dis c'est peut-être une erreur de l'avoir connue". Après cette tempête de cerveau, Harry est épuisé et il dort déjà quand Fany, qui rappelons-le est né en 1988, c'est-à-dire après la naissance du rap (tout le monde s'en fout, mais moi j'en reviens toujours pas), vient le chercher vêtue d'une simple ficelle bleue. De toutes façons, peu importe, Harry c'est le regard qu'il aime chez Fany (pour être précis "elle a un regard laisse tomber, c'est quoi ce regard, elle m'a rendu ouf").

Mais les explications, qu'on nous promet "explosives", arrivent enfin. En fait, point de dynamite mais tout juste un petit pétard mouillé de finale France-Italie. Harry, qui a fait trop de phrases commençant par "je me dis dans ma tête que", ne tient plus en place et veut se sauver au bout de 18 secondes de franche explication du style "c'en est arrivé... je vais pas te faire un dessin, bon je m'en vais". Avant de partir, Emeline lui avoue son terrible secret : pendant leur relation, elle n'a jamais cessé de revoir son ex et d'avoir des relations avec lui. Ce à quoi Harry rétorque avec une majesté qui surpasse allègrement la finesse de la déclatation d'Emeline : "eh ben moi j'ai revu toutes mes exs, une par une, sur internet !". Dans ces cas là, je crois qu'il faut savoir se dire "point trop n'en faut" et s'arrêter là. Je laisse le mot de la fin à Harry : "Ce fut un plaisir Céline, et puis à la prochaine comme on dit chez nous". Ah oui vraiment, ce fut un plaisir.

Illustration : Sodome et Gomorrhe (1980), Mikael Levin

mardi 29 août 2006

La fuite de Sodome et Gomorrhe 1


Ah qu'elles ont été longues les minutes avant les retrouvailles. Ah qu'elles ont été interminables ces images vues et revues floues et mal cadrées. Ah qu'elles ont été lentes les secondes avant l'explication finale. Ah qu'elles ont été fastidieuses ces interviews zyeux dans les zyeux à la lueur du feu de camp pour "faire le bilan de l'aventure". Parce que du bilan, il y en a. Du bon bilan, du gros bilan. Ben oui je voulais savoir moi aussi, qu'est-ce qui va lui "mettre la honte" à Harry comme ça, comme on nous le promet depuis des semaines.

Il a donc fallu attendre. Et avant cela, se coltiner tous les "rendez-vous de toutes les tentations", oui les rendez-vous où on vous emmène dans un endroit magnifique pour passer un jour et une nuit, mais oh dis donc, il n'y a qu'un seul lit dans cette chambre comment va-t-on faire ? Et là ce n'est plus de la tentation, ce n'est plus de l'égarement, ce n'est plus du débordement, ce n'est plus du dévergondage, c'est le 6 juin 1944, le débarquement des troupes alliées, la fin du régime de Vichy, la débâcle des troupes du Reich, la fin de l'occupation, la rupture avec la 3ème République. Bref, c'est la Libération. Avec un grand L. Et vive De Gaulle (oh oui bon). L'offensive amphibie sur les plages est d'envergure, et malgré la défense acharnée, la lutte est coriace, mais la ligne de front est percée et la pénétration sur le territoire est rapide, la capitulation est proche. L'opération est un succès, la reddition est inconditionnelle. Harry, comme il l'a si bien dit (je ne saurais faire mieux), va enfin pouvoir "planter le drapeau". Ah c'est beau les grands moments de l'Histoire.

Mais commençons par le commencement. Car en effet, pour Mélanie et Raymond, le succès est éclatant. Mais avec autant de gel dans les cheveux, un t-shirt "God is a Rock Star" noir et rose, et une nappe panthère sur la table du dîner, on ne peux pas lutter longtemps. C'est gagné d'avance (ou perdu, je ne sais plus). L'arme secrète de Raymond ? "C'est quelque chose qu'elle n'a pas eu auparavant, toutes ces attentions vis-à-vis de son couple". Euh ? Quoi ? Bon Ok, ça doit être autre chose son arme secrète. "C'est le moment d'être un peu plus en intimité tous les deux". Oui voilà, l'intimité, très bien l'intimité. (Au fait, intimité ça veut dire être filmé derrière un poteau et être sous-tiré quand on parle). Et hop, stop la parlote.

Au feu de camp final, Mélanie aura ces paroles touchantes : "J'avais besoin de réconfort, il était là. J'ai vraiment appris à le connaître. Et il a vraiment essayé de me connaître intérieurement. Vincent ne sait toujours pas comment je fonctionne au fond". Oulah... tous ces détails scabreux me donnent à penser que Raymond doit vraiment avoir une arme secrète.

Pour Vincent et Shanice, la victoire est plus limitée. Vincent est toujours aussi content. Mais un poil impatient quand même. Pour ne pas dire qu'il n'en peut juste plus. "Il faut passer au stade supérieur". C'est joliment dit. Mais de l'autre côté (ah ben oui parce que le stade supérieur tout seul c'est moins marrant), c'est plutôt des phrases passe-partout bien pratiques pour faire patienter et qui ne veulent rien dire du genre "on ressent une intimité très forte" ou "on pourrait peut-être même parler d'une relation". En gros, Shanice ne sait plus quoi inventer comme excuse pour que la cocotte-minute ne lui explose pas à la figure et dit des trucs qu'elle pourrait dire à son bac de géraniums, mais avec ce petit air sur le visage, le même qu'on a quand on s'apprête à manger une délicieuse purée de pommes de terre maison mais qu'on se rend compte que c'est de la purée de brocolis.

Bref Vincent est de plus en plus lourd, et Shanice est payée pour sourire (et ça fait mal aux joues) en toute circonstance : "Tout est fait pour qu'il y ait un grand amour qui se crée... je lui ai dit que j'étais attaché pour elle (sic), que elle me donnait cette excitation tout le temps qui était non stop... je me suis dit c'est la fin, c'est la fin de l'aventure, voilà je me lâche". Et pourquoi pas "j'ai les pommes de terre au fond du panier" aussi pendant qu'on y est ? En tous cas, le message est clair, le chemin est bien fléché, l'enseigne est allumée, elle clignote et la boutique est ouverte. "Je sens qu'elle a envie de vraiment beaucoup se lâcher, mais elle a encore un peu de mal". Euh oui, enfin c'est surtout lui qui a du mal là, car ça souque ferme. Même l'artillerie lourde du magnifique "tu sais j'ai oublié ce... ce... ce couple que j'ai fondé pendant un an" ne semble pas être l'accessit au fameux stade supérieur. Mais quand tout est perdu, rien n'est perdu, la cocotte-minute siffle toujours : "Je lui ai dit qu'elle me manquait déjà alors qu'on s'est pas encore quitté mais j'anticipe, j'anticipe, j'anticipe le manque et voilà les plaisirs charnels ça me manque déjà". Shanice sourit. Bref c'est mort mais Vincent est content.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, les explications lors du feu de camp final seront un tout petit peu plus nuancées. Plus de "j'ai cette excitation non stop", mais plutôt "elle a vu des images où les filles me provoquaient, y avait vraiment rien de mal, y avait vraiment rien de mal hein !". Vincent, qui, pour paraître plus crédible avait pris pour l'occasion son plus beau chewing-gum, et qui écoute toujours Céline Géraud avec ce regard semblant vouloir dire "mais bon sang est-ce qu'elle me parle en javanais ou en swahili oriental, je comprends pas tous les mots ?", a donc eu un peu de mal à tenir le débat. Ben oui quand on commence par "le but c'était qu'elle ait confiance en moi", c'est déjà très mal barré.

La rencontre entre les deux futurs exs s'est donc soldé par un bel échange de noms de fruits et légumes : -"Faux ! Menteuse ! Quoi, j'ai j'ai l'air d'un concombre ? J'ai l'air d'un poireau moi ? D'où tu me dis que je suis un déchet ?" -"Non, t'es une anguille !". D'ailleurs, Vincent exprimait ses vives inquiétudes quant à l'issue de cette entrevue quelques minutes avant : "Si la femme en face de vous (i.e. Mélanie) n'a pas assez de classe pour se retenir, vous imaginez Céline ?". Car Vincent aime la classe. La classe A, la classe S, et toutes les Mercedes en intérieur cuir. D'ailleurs, ça ne lui a pas échappé en voyant Shanice : "C'est une fille très sexy, très provocatrice, qui pouvait inspirer la classe aussi." Dommage, nous n'avons pas eu les images.

Et pour conclure ce bel échange tout en pudeur retenue et en habileté rhétorique, Vincent en appelera à la grâce présidentielle : "Mais moi jamais je me permettrais de dire ça sur toi, devant Céline, devant le Premier Ministre, devant Jacques Chirac !". Oui donc là effectivement, il est grand temps de quitter L'Ile de la Tentation chacun de son côté et de dormir un peu.

Illustration : La famille de Loth quittant Sodome, conduits par des anges, de Rubens (1625, Musée du Louvre, Source : http://www.insecula.com/)

mardi 22 août 2006

Glamour, Greed & pas Glory


Quoi de plus agréable, quand vous avez travaillé pendant un mois sous la canicule sans climatisation et que vous rentrez d'une semaine de vacances sous la pluie (voyage aller et retour compris), puis que vous ouvrez votre boîte aux lettres et découvrez votre avis d'imposition 2005 contenant un chiffre qui vous donnerait presque envie d'écouter les chansons de Florent Pagny tellement il semble improbable, ainsi qu'une facture de téléphone portable du double du montant habituel alors que vous avez changé le mois dernier pour un forfait avec des heures illimitées le soir sur les conseils de votre opérateur afin d'ajuster votre forfait à votre consommation alors que vous téléphonez toujours en journée, et enfin une lettre de votre club de gym qui vous rappelle amicalement que vous n'y avez pas mis les pieds depuis 3 mois et qu'il faudrait peut-être se bouger ou alors prendre un rendez-vous avec un coach pour faire le point, puis que vous ouvrez votre boîte mail et que vous avez 148 spams pour du Viagra, du Xanax et des systèmes de "penis enlargement" et 1 mail de votre opérateur téléphonique qui vous donne des conseils de consommation et qui connaît décidément tout sur vous, même votre mail, quoi de plus agréable, donc, après toutes ces bonnes nouvelles, que de regarder L'Ile de la Tentation pour éviter la luxation de neurones ?

Chez nos amis tentateurs et trices, par contre, c'est le bonheur. De vraies vacances au pays de la vidéosurveillance 24/24. Et cette semaine, le ton monte. Pendant que certains "découvrent de nouvelles sensations", d'autres "vivent leur aventure jusqu'au bout" ou "partent en vrille complètement" et les derniers "jouent avec le feu". En gros, ce sont des expressions synonymes pour "je trompe ma femme", mais bon ça se dit pas à la télé.

Heureusement, il y a nos amis Joël et Jennifer pour remonter le niveau. Et leur mission, ils l'accompliront jusqu'au bout, jusqu'au dernier instant. Ils ont un message à répandre sur la Terre, et ils y arriveront, coûte que coûte, vaille que vaille. Même s'il faut boire des cocktails multicolores qui ont chauffé deux heures au soleil avec des inconnus en maillot de bain, même s'il faut répondre sur ce qu'on ressent là maintenant alors qu'on a juste envie de faire la sieste, même s'il faut prendre sa douche habillé parce qu'il y a un caméraman planqué derrière le "mur" en bambou teinté acajou.

Joël, malgré tous ces strings qui s'agitent devant lui, ne change pas de discours et prône toujours sans ciller "l-amour-le-vrai", en français, en portugais, dans toutes les langues. "Qu'avez-vous vu Joël ? Rien !" Même pas peur. Même les images dans le petit moniteur ne lui font aucun effet, comme des balles qui ricochent sur le collant bleu canard de Superman. Il en a "rien à foutre" des tentateurs et il croit en l-amour-le-vrai (concept labellisé et testé par Joël et Jennifer), "rien ne me fait peur". Une véritable homélie : "... de montrer à tout le monde que l-amour-le-vrai existe... bla... et qu'il vaut le coup d'être vécu... bla... malgré le cadre hostile... bla... quand on aime on aime". Jennifer, c'est Joël avec des cheveux longs, elle dit exactement la même chose, "... quand on aime c'est un tout... bla... ça se passe à l'intérieur... bla... je crois en l'amour, et les gens je veux qu'ils croivent aussi en l'amour". Oups, j'ai dit "relever le niveau" ? OK, je retire.

Pourtant, Cyril-le-tentateur a bien essayé de séduire Jennifer-la-prêcheuse-de-l'amour. Il était motivé : "si ya moyen... non non, si ya moyen bien sûr, pourquoi pas, bien sûr je... si ya moyen". Voilà qui est bien parlé. Et Cyril "sort le grand jeu" (sic). Bon alors le problème, c'est que quand Cyril sort le grand jeu, en fait il sort surtout sa plus belle mèche plaquée sur le front. Qu'il réajuste dès que l'occasion se présente (ben oui si ya moyen, faut faire gaffe). Parce que sinon, le "grand jeu" c'est tongs-bermuda à fleurs-chemise ouverte jusqu'au nombril pour la tenue, casquette de travers (rien n'est laissé au hasard) pour le style, et tirage de chaise pour la galanterie. Avec la phrase qui tue : "je vais te tirer la chaise, je le fais tout le temps, j'ai l'habitude". Si avec tout ça elle craque pas, c'est à n'y rien comprendre. Mais là, patatra, la boulette : Cyril mange avec les coudes sur la tables. Et ça c'est pas possible. Au revoir Cyril.

Pour Vincent et Mélanie, ya toujours le feu à la maison et tout va très bien, Madame la Marquise. Donc ils s'insultent copieusement par vidéo interposée. Mais bon là c'en est arrivé à un point ou en fait ils s'insultent avec des "biip" pour pas qu'on comprenne les vilains mots. Sauf quand les "biip" sont mal placés, comme quand Mélanie dit avec la grâce d'une marchande de poissons (mais toujours impeccablement manucurée) : "j'ai vu Shanice qui parlait de Vincent et d'elle que comme quoi Vincent voulait coucher avec elle... je vais le tuer je crois... c'est pas un homme, c'est un gamin... je veux dire pour ma part, j'espère que je vais tomber sur un vrai, un homme, mais un vrai, pas une tapette "biip" quoi, j'en veux un vrai". Oh ben on aurait pu tout biper en fait, par respect pour Mélanie.

Pendant ce temps, le pasteur Joël essaie de ramener la brebis égarée Vincent sur le droit chemin, en utilisant les moyens les plus funambulesques : "Discute avec elle, tu tiens à elle, ça se voit quand tu parles" - Vincent : "Je tiens à elle ?? Tu tiens à ta copine toi ?" - Harry : "Je sais pas si je vais repartir avec ma meuf, p'têtre que ouais mon frère, ben ouais... toi c'est mort, il te reste deux jours, mon frère, plante le drapeau." - Vincent : "Si ça se trouve, elle va me voir, elle va se calmer direct hein." - Joël : "Et ouais !... euh ouais mais... mais toi par contre faut que t'arrêtes de déconner. C'est tout." - Eric : "Toi tu te prends la tête zarma, mais ta meuf elle tient à toi grave. Tu fais zarma de pas le voir ou tu le fais exprès de ou tu veux pas le voir ?". Bon c'est sûr qu'avec des conseils comme ça, c'est pas gagné. Zarma-gagné quoi.

Eric, qui justement distille de si judicieuses et pertinentes suggestions avec sa plus belle chemise pleine d'étiquettes partout (c'est cool les étiquettes partout, à quand la veste à franges ?) poursuit dans sa quête du moi et surtout du moi-moi-moi. "J'ai cédé à la tentation, tout bonnement quoi. Je l'assume, c'est pour moi un acte de courage de le dchire. Sandra en m'écoutant comprendra que JE suis arrivé à un point où il faut plus tricher sur nous et il faut connaître des choses nouvelles." Personnellement, je trouve que le véritable acte de courage, c'est d'arriver, toujours avec cette même chemise, et dans le plus grand sérieux, à dire à Gyselle qui ne comprend pas des mots comme "attacher" des phrases aussi sublimes que "Quand je te vois, je vois la vie" ou encore "C'est toi le soleil". Il y a un autre truc, c'est qu'il faudra qu'Eric arrête de commencer toutes ses phrases par "je pense que", parce que là, avec de tels aphorismes d'hypermarché, il ne va plus arriver à faire illusion longtemps...

Mais cette semaine, le duel au sommet, c'est Emeline et Harry qui nous le réservent. Harry confesse également l'irréparable : "Ouais j'ai cédé à la tentation, j'ai cédé à la tentation, je vais pas mentchir, ça sert à rien de mentchir, j'ai cédé à la tentation". Parce que oui, je ne sais pas si c'est parce que Harry trouve ce qu'il dit très intéressant ou parce qu'il ne sait pas quoi dire d'autre, mais il répète tout trois fois. Peut-être une habitude de vendeur de chaussures (-"Vous voulez essayer le 43 ? Vous voulez essayer le 43 ? Vous voulez essayer le 43 ?" -"Oui bon OK je veux bien"... en effet, ça marche). Et ça se vérifie : "J'ai fait l'abrutchi voilà, j'ai fait l'abrutchi, j'ai vraiment fait l'abrutchi sur ce coup-là". On ne peut que confirmer une telle sagacité. Et parfois, quand la poésie des mots s'adjoint au style, la mélopée se mue en envoûtement : "Si elle a vu ce que j'ai fait, elle a dû péter là, mais comme un pop-corn, elle a dû vraiment, comme un pop-corn elle a pété, sûr." Baudelaire est mort (ah oui vraiment).

Emeline, elle, après avoir voulu partir et puis non finalement je reste, se croit carrément dans Dynastie. Et elle se prend pour Joan Collins (oui oui Alexis Carrington, enfin Alexis Morrell Carrington Colby Dexter mais faisons la courte) qui veut se venger de son ex-mari, qui l'a fait taaaant souffrir. Alors tremble Harry Carrington. Boostée par une explication on ne peut plus claire du tentateur-mathématicien Jérôme ("Tu serais restée 3 ans ou 4 ans avec lui, tu aurais perdu 3 ans ou 4 ans, là ça fait combien tu m'as dit, un an, 2 ans et une semaine, et une semaine qui en compte... qui t'as permis de voir des trucs que tu aurais vu par exemple, qu'il t'aurait fallu 2 ans pour les voir... de plus." CQFD. Bong sans mais c'est bien sûr !), Emeline a subitement la révélation et, telle une tigresse enragée, décide de faire mordre la poussière à ce nécrophore de Blake... euh Harry. C'est alors un déluge d'insulte et de reproches. Pas la peine de transcrire, c'est tout des biip. ("De toutes façon, c'est un biip.", vous voyez ça n'a aucun intérêt, autant regarder Dynastie). Et la vengeance sera terrible : "Je lui réserve une surprise pour le dernier jour, quelque chose qui va vraiment le blesser, au plus profond de lui, mais il va vraiment tomber de très haut... il va m'en vouloir, je vais lui mettre la honte." Ah enfin un peu de nobles sentiments. Ca fait du bien.

Illustration : Dynasty, 1981-1989

vendredi 11 août 2006

Not Quite Friends But Not Quite Strangers

In a big, big way
I am very small
I get off my feet
But I'm still distant
Don't you just love goodbyes ?

(Mew, 156 - Album Frengers - 2003)

(Photo : Ben / Kilkenny - Irlande, Mai 2006)

mercredi 9 août 2006

Rencontre du quatrième type


Cette semaine, il y a du nouveau sur l'Ile de la Tentation, ou plutôt des nouveaux : Joël et Jennifer. Joël est étudiant en "école de commerce à la Défense" et veut être chef de chais pas quoi, ou directeur de quelque chose. Jennifer travaille dans la défiscalisation, ou un truc comme ça qui en tous cas ne servira à rien du tout sur cette île, et elle aime... la relation avec les clients ! (cf Episode 1, ça doit être le critère de recrutement cette année).

Joël et Jennifer sont ici pour nous "démontrer" (carrément) que "l'amour le vrai existe, et il est sans faille". Ils nous ennuient donc déjà. Et "on s'aime pour toujours", et "on est sûrs de nous", et "on va démontrer que l'amour existe réelement (oui je l'ai déjà dit mais comme ils l'ont répété à peu près 48 fois, c'est juste un condensé) et la fidélité aussi"... de quoi nous décrocher la mâchoire en moins de temps qu'il n'en faut pour cuire un oeuf au plat sur n'importe quelle partie du corps de Vincent. Quoi de plus ennuyeux en effet qu'un couple qui s'aime ? Et qui en plus veut le montrer à tout le monde ? Ah oui au fait, "notre amour est éternel et fort, l'amour le vrai existe". Ils n'aurait pas été deux, j'aurais cru que c'était une secte.

D'ailleurs, Joël n'a qu'un seul sujet de conversation : Jennifer. Sympa pour son accompagnatrice au "rendez-vous romantique", il égrenne pendant toute la soirée les qualités de sa fiancée, et quand yen a plus yen a encore. Même les bougies à la vanille, c'est dingue, Jennifer a les mêmes. Avez-vous déjà vécu une soirée diapo chez des amis de retour d'un voyage en groupe, où vous ne voyez en photo que des gens que vous ne connaissez pas, mais qui "sont vraiment super", et vous ne pouvez pas partir ? Eh ben c'est un peu ça je crois. Bonjour l'angoisse. Il dira de la tentatrice qu'il l'a choisie parce qu'"elle écoute énormément". Effectivement, que faire sinon attendre que ça passe en disant "mm oui oui" de temps en temps ?

Alors que nos autres célibataires, ils ont beaucoup d'autres sujets de conversations. Ou plutôt ils ne parlent pas de leurs copine, mais plutôt d'eux-mêmes, et ça les passionne tout autant. Attention, le soleil du Mexique a l'air surpuissant, il fait griller les cervelles. Harry, qui a décidé d'abandonner définitivement tout semblant d'atticisme dans son comportement (ou plutôt ce qui pouvait passer pour un fond de bonnes manières), n'hésite plus à fustiger Emeline devant les caméras : "comment elle m'a parlé cette connasse !", avant de préciser, utile information pour la rigueur du compte-rendu : "je me rappelle même plus de ce qu'elle m'a dit, c'est ça qui me rend fou". Effectivement, à ce degré-là d'incongruité, on croirait qu'Harry a lu tout Ionesco et Beckett. Mais bon, nous dirons sobrement que c'est son côté humour anglais. La classe en moins.

Chez Eric, c'est un autre style, il arrive à faire passer d'énormes indélicatesses dans un semblant de discours affectivo-sentimental, du genre "les sentiments c'est bien mais ça suffit pas". Avant de plonger carrément dans la franchise la plus totale (ah la franchise, quelle belle qualité, surtout quand on vit deux ans avec quelqu'un et qu'on lui dit des trucs par le biais d'une caméra, c'est magnifique) : "je suis prêt à devenir égoïste, à ne penser qu'à moi, qu'à mon bien-être". Une partie de la philosophie brésilienne un peu méconnue donc, mais qui méritait qu'Eric la nous mette en lumière. De bien belles idées en tous cas, qui font chaud au coeur. J'en parlerai avec un chauffeur de taxi tiens.

Vincent, qui ne se dépare pas de ses lunettes de soleil pour aller à un feu de camp en pleine nuit, lui fait encore semblant d'avoir encore quelques pensées pour la blonde qui portait un prénom en M... et qu'il voyait tous les week-ends... comment déjà ? oui Mélanie. En voyant des images floues dans le noir, il va tenter ensuite d'interpréter le rôle du mari indigné qui découvre l'amant de sa femme dans le placard de l'excellente pièce de boulevard "Par où t'es rentré, on t'as pas vu sortir ?" (bientôt dans tous les bons théâtres) : "quoi ! j'apprends que ma copine vient d'aller dormir avec Raymond, je pense que ça va très très très très m'énerver". Et avec ça, s'il n'a pas une standing ovation à la première, moi je suis Benoît XVI. Oulah mais je m'avance un peu.

Mais c'est quand on pousse un individu dans ses derniers retranchements qu'on en tire le meilleur parti, et la substance la plus pure... Céline Géraud, qui fait toujours mouche, a la question à-propos : "Et vous, qu'est-ce qui vous a motivé (sic) de dormir avec une tentatrice". Et là c'est un festival, mesdames-messieurs entrez, Vincent va partir dans une grande explication-justification-expiation, attention témoignage vérité : "c'est pas pareil ! j'ai décidé de dormir avec une fille, mais j'ai pas décidé tout de suite, au bout d'un certain moment... et puis ya des façons de le faire, Shanice, elle a quelque chose de similaire avec ma copine (Mé-la-nie, n.d.l.r), je me dis que je dors un peu avec elle..." Oui vous avez bien entendu, quand il est avec Shanice il retrouve en elle sa copine, donc c'est d'une logique implacable, et l'affaire est dans le sac (enfin le lit)... ahhh en fait c'était ça !! Et comme s'il était besoin de se justifier encore, après un tel éclat d'auto-déculpabilisation, ça continue avec des explications dans le style "elle lui ressemble dans la provocation... mais comme elle n'est pas devant moi, je dois bien répondre à cette provocation..." Sachant que "elle" désigne tantôt Shanice, tantôt Mélanie, on est un plein trouble Hitchockien à la "Vertigo". Et dire qu'on a tous pensé qu'en fait il voulait coucher avec elle. Qu'est-ce qu'on a été mauvaises langues.

Pour en finir sur le sujet Vincent, qui "dort avec Shanice", mais n'a rien à se reprocher, celui-ci semble tout de même continuer les techniques d'approches pour dormir encore un peu plus près. Mais la technique est louvoyante, pour ne pas dire totalement embrouillée, si l'on en croit un extrait de ce passionnant échange entre nos deux amis: -"Tu penses quoi de nous deux alors ?" -"C'est-à-dire ?" -"Ben je te pose souvent cette question, tu réponds jamais." -"Ben ouais." -"... pour que je sois tenté, en rentrant dans l'aventure entre guillemets, il faudrait que je sois au top-niveau de la tentatrice qui ferait que je succombe, qui ferait que ben tiens, je casse mon couple et quand on va repartir dans l'avion yen aura un de ce côté-là , yen aura un de l'autre côté, tu vois ?". Si Shanice répond oui à cette question, c'est que je l'avais mesestimée depuis le début.

Pendant ce temps, Harry ne louvoie pas, il va droit au but et saute sur Fany. "J'aime bien être sincère avec moi-même" dira-t-il. Bravo Harry. C'est en voyant ces images qu'Emeline, qui avait déjà entamé la première phase de sa dépression ("j'en ai tellement marre de tout, ya tout qui me saoûle"), va décider de faire une fugue en en avertissant tout le monde : "et si vous me laissez pas partir, je partirai toute seule !". Et na. Enfin une parole sensée ? La réponse la semaine prochaine...

mardi 8 août 2006

Ce curieux mal des tropiques


Exit donc Daniel et Bérangère, partis en lune de miel dans l'hôtel d'à côté (ben oui tant qu'à faire, c'est pratique), voilà nos petits amis livrés à eux-mêmes sur l'Ile de la Tentation. Et comme le dirait si bien Harry, avec son style si propre à lui, "ça part en cacahouète total, en live, en live total, ça me monte au cerveau, c'est pas bon du tout". Effectivement, on confirme. Et sur le podium de la goujaterie masculine, on se demande du coup qui va monter sur la première marche tant la concurrence est rude.

En gros, pour résumer, du côté des femmes, ça pleure et ça se prend la tête, et du côté des hommes, ça s'amuse et... ça se prend pas la tête. Sandra, qui n'arrête pas de pleurer depuis le feu de camp, ira même jusqu'à un "j'ai bien gâché ma vie !" (ce à quoi Céline Géraud répondra tout naturellement : "Merci Sandra !... je vous laisser regagner votre lieu de vie" Et pourquoi pas lui donner une corde en partant aussi ?). Mais allez, haut les coeurs, il faut faire comme Mélanie qui va "vivre l'expérience pleinement", expression poético-télévisuelle pour dire qu'on va essayer de se taper le plus de mecs possible, tant qu'on y est c'est gratuit, servez-vous. Et puis ce buffet de desserts aussi m'a l'air délicieux, tiens, si on en reprenait une assiette.

Quant à Emeline, après le passage à taba... euh l'"interview" lors du feu de camp avec Céline Géraud (qui ferait avouer à n'importe quel Saint du calendrier qu'il a fait du traffic de drogue pour le compte de la mafia vaticane), c'est le doute absolu. Il faut dire que Céline sait s'y prendre. La technique d'interview consiste en effet à répéter, avec un ton interrogatif, chaque fin de phrase que lui dit la personne en face d'elle. -"J'ai perdu mon temps..." -"Vous avez perdu votre temps ?". Avec Emeline, ça marche du tonnerre : - "Il la prenait dans ses bras." - "Il la prenait dans ses bras ?" puis - "Elle se cachait des caméras." -"Elle se cachait des caméras ?". De quoi rendre fou n'importe quel sain d'esprit. Et à la fin, le coup de grâce : "Vous n'imaginez pas, ou vous ne voulez pas imaginer ?". Là, Emeline n'y comprend plus rien, le but est atteint, c'est le chaos total, toutes les certitudes se sont effondrées. Crise de larme imminente. Avec un tel questionnement, on en arriverait même à douter qu'il y a des gens qui sont arrivés en couple sur cette île.

Du côté des garçons, il semblerait qu'ils se soient lancés dans un concours de celui qui oublierait le plus vite le prénom de sa future ex. A ce jeu-là, Vincent est assez bon, qui ne prononce pas une seule fois le nom de Mélanie ou n'évoque son respectueux souvenir. C'est la fête. La grande kermesse. C'est tellement n'importe quoi qu'il s'est fait faire des tatouages Malabar sur les bras pendant la nuit, du genre qu'on voit encore le lendemain mais tout baveux et qui mettent deux mois à partir. En tous cas, point d'hypocrise, on y va franco de port, si j'ose dire (car ce n'est pas très sympa pour Shanice, mais enfin bon en même temps, quelle idée de s'habiller avec des filets de gigot ?). Pour Vincent, "elle est toute mignonne, toute craquante, c'est une fille en or c'est sûr". Evidemment, il ne parle pas de Mélanie. De qui dites vous ?

Chez Eric, c'est l'introspection la plus totale, et la zen attitude, mais version mufle des mers du sud alors. Il a fait le point sur son couple nous dit-on : "Je pense de moins en moins à Sandra, je commence à l'oublier, à être moi-même, à en savoir plus sur moi." Passionnant sujet s'il en est. Il se lance alors dans de grande théories sur la plage allongé sur un transat : "Faut pas que j'aime parce que tu m'aimes, alors je dois t'aimer, faut aimer parce que tu l'aimes et parce que tu aimes". Voilà qui est limpide (et digeste) comme de l'eau de piscine. Enfin, Sandra appréciera, si tant est qu'il faille encore en rajouter, le flot de compliments qui déferle subitement tel un Concorde dans le Val-d'Oise, de la bouche d'un Eric décidemment très en verve ce soir : "Il me manque des choses à vivre, des choses belles, je peux être beaucoup plus heureux... j'ai choisi le chemin de l'ouvertchure par rapport à moi, de l'ouvertchure d'esprit, je suis sur le chemin, je me laisse vivre, je me laisse aller là où ça me mènera... ça veut dchire que nul n'est irremplaçable, je suis un peu sur mon mirage, je me rends compte qu'il y a toujours mieux." Esperons donc également que son dealer mexicain est lui aussi sur les chemins de l'ouverture.

Enfin le top du pompon revient tout de même à Harry, pour qui cette "aventure" est avant tout un florilège de trucs de ouf. (notons par ailleurs, et ça n'a rien à voir, que Harry est, de son propre aveu, un "fou des dauphins", bonjour la déco à la maison, fin de la parenthèse). C'est à dire que donc, là ce n'est plus la kermesse tous les vendredis, c'est la grande braderie tous les jours. "Je suis devenu en mode ouf, en mode j'm'en bats les couilles, en mode j'vis ma vis, tu vois ce que je veux dire, ou... ?" Voilà qui résume tout, et de belle manière. L'explication de cet amphigourique verbiage, le voilà : "Je me rabats plus sur Fany, parce que c'est plus mon style de gonzesse." Et moi, je préfère les Peugeot personnellement, c'est plus confortable. Bref, si Emeline avait des doutes, bientôt elle n'en aura plus : "Je ne vais pas dire qu'elle a plus de qualités qu'Emeline, mais..." balancera joyeusement Harry, après avoir fermement rassuré tout le monde : "J'ai passé la soirée avec Fany, on vit une histoire d'amitié très très bien. Je me voile pas la face : j'aime Emeline, et j'aimerais toujours Emeline... pour l'instant." De quoi rassurer n'importe quel marin avant le naufrage, donc.

Et ce n'est pas tout à fait fini, parce qu'Harry, en vainqueur du jour, a droit à son feu de camp à lui, tout seul, face à lui-même, pour "affronter la réalité". Et ce n'est pas facile. Après le visionnage des images, un mystérieux symptôme apparaît chez Harry : le mal de crâne. "J'ai pas compris ce qui s'est passé en fait, c'est bizarre... elle est partie en live total... ou je suis bête ou ya quelque chose que je comprends pas... c'est en train de cogiter dans ma tête c'est bizarre". Ce à quoi Céline Géraud répondra par un "hmm" de circonstance, avant de le lancer sur un sujet sur lequel il a beaucoup moins de mal à s'exprimer : -"Elle vous aide Fany à profiter pleinement de cette aventure ?" -"Ah ça pour m'aider, elle m'aide, ça c'est sûr, ah ça pour m'aider elle m'aide (bis), ya rien à dire sur ce coup-là, bravo, je suis un peu parti en cacahouète, en live, je suis parti en live, ça me monte au cerveau et c'est pas bon du tout." Effectivement... alors de deux choses l'une : Harry aurait-il réellement mal à la tête, ou aurait-il le même dealer qu'Eric. Espérons que la suite nous apportera des eclaircissements sur ce curieux mal des tropiques...

dimanche 6 août 2006

Le temps d'un week-end


Il est des instants que l'on ne voudrait jamais voir finir. Qu'ils restent figés, glacés, arrêtés. Qu'ils ne nous échapppent pas. Juste parce qu'on est bien, comme ça, là, à ce moment-là, à cet endroit-là, avec ces gens-là. Ce n'est même pas un sentiment, juste une sensation. Mais tout s'arrête. Et heureusement, tout recommence.

(Photo : Ben / Venise, Avril 2006)

vendredi 4 août 2006

Eh bien dansons maintenant


Qui regarde France 2 le jeudi soir ?... eh bien personne ! Quelle question !...

Sauf que ce soir, j'ai (encore) bravé tous les audaces, surmonté toutes les peurs, affronté tous les périls, je n'ai écouté que mon courage... et j'ai regardé le Dancing Show. (Bon la vérité est un peu moins héroïque mais qu'importe : après deux semaines de canicule passées à s'éponger le front toute la journée avec des post-it violets, le passage subit depuis hier aux meilleurs moments des fins de mois d'octobre a eu raison de mes bronches et a fait basculer les températures tropicales à l'intérieur de mon crâne, propageant une asthénie et une affliction telles que la moindre addition à deux chiffres pouvait s'apparenter à une tentative de suicide du haut d'un building de 18 étages... bref j'ai un méga-rhume... et du coup le soir je regarde n'importe quoi).

Grand bien m'en a pris, puisque cette émission, que j'aurais au départ volontiers échangée contre deux kilos de pommes de terre tant son inérêt éveillait en moi l'âme d'un hachis parmentier, est en fait une véritable mine. J'y suis allé comme on descend à la mine de charbon, mais j'en suis sorti avec une belle collection de pépites. Malheur dans l'ivresse, la joie sera de courte durée, puisqu'il s'agit de la Finale, et donc, je l'ai bien compris, vous l'avez bien compris, de la dernière émission. Tous ceux qui, tous les jeudis soirs sur le chemin du retour, chantonnaient gaiement "chouette ce soir on va regarder le Dancing Show" me comprendront. En même temps je pense que le nombre de ces personnes doit être aussi élevé que le nombre de mecs qui ont envie de lire un livre sur L'Ile de la Tentation, donc je ne sais pas si je serai bien compris.

Pour comprendre le phénomène, il suffit d'allumer sa télé et d'entendre Anthony Kavanagh dire "Woow ! Vous êtes bien sur France 2. C'est très très très serré ce soir. Woow !". Et là, c'est soit la consternation, soit la contemplation béate. J'ai choisi la deuxième option. Je pensais qu'on ne pouvait pas faire pire que Nikos Aliagas en matière de phrases surréalistes, de poncifs langagiers et de tautologies hyperboloïdes (oui, moi aussi, je m'emporte un peu parfois dans le vocabulaire). J'avais tord. Du coup, au feu la biographie de Magellan que je meurs d'envie de commencer, je regarde le Dancing Show. Woow !

Au départ, certes, je n'ai failli pas tenir. Mais ce sont toujours les moments les plus astreignants qui, quand on les surmonte, rendent encore plus capiteux leurs successeurs. En effet, comment tenir plus de 10 minutes après un enfilage de perles telles que "Voilà le moment tant attendu", "Plus que jamais vos votes comptent à la maison", "Ils ont mis le paquet cette semaine", "L'ambiance est extraordinaire ce soir", "La pression de la finale aura-t-elle raison de notre couple numéro 3 ?"... "Vous êtes prêts à démarrer le show ? Oh Yes. C'est une soirée exceptionnelle qui nous attend". Woow. Il fallait la cocher ou pas la case "redevance télévisuelle" sur la dernière déclaration d'impôts ? Le doute m'étreint.

Ensuite, comment supporter des réponses à des questions telles que "Est-ce qu'on aborde la finale mentalement et physiquement comme les autres Dancing Show, Coralie ?". Comment ne pas avoir envie de regarder tomber la pluie par la fenêtre après avoir assisté à un mambo sur un air des Gispy Kings, suivi d'un boogie, entrecoupés d'avis de spécialistes de la danse avec des grosses lunettes et/ou des sourcils épilés ? Comment souffrir des conseils aussi essentiels que "la danse doit te permettre de sortir de ce carcan pour montrer la générosité qui est en toi" ou "absorbez tout cet amour qu'on vous envoie" ? Comment tolérer des jugements aussi pertinents que "j'ai mis 10 parce que franchement c'était excellent" ? Et là, ce ne sont que les 20 premières minutes de l'émission.

Mais passées ces fatidiques et interminables minutes, il faut l'admettre, le charme opère. C'est alors que cette Finale, cette Finale "que tout le monde attend", cette Finale "en direct", devient une chasse au propos surréel. La moindre phrase prend une saveur inopinée au Dancing Show, des assemblements de mots qu'on aurait jamais cru pouvoir entendre, tels que : "L'enjeu sur cette rumba est de taille", ou "Le plus important c'est de respecter l'espace", ou encore "Notre vrai challenge c'est la valse", ou toujours "Je n'ai pas retrouvé l'essence même du boogie", ou même "Il y a un principe de bounce au niveau des genoux". Alors comme ça, il y a quelqu'un un jour dans un bureau à France 2, qui a émis l'idée que tous les jeudis pendant l'été on prononcerait des phrases de cet acabit en prime time, et qu'en plus, ce serait Anthony Kavanagh qui orchestrerait le spectacle. C'est fabuleux.

Parce que l'autre élément de délectation c'est bien sûr Anthony Kavanagh, ou plutôt son double de cire du musée Grévin, tant celui-ci semble à l'aise dans l'exercice. Woow. Et vive le direct... "Au standard, c'est très serré... euh... on me dit que c'est très serré au standard". Du bonheur. Et ça continue... "Fauve et Maxime, la grâce incarnée... Woow !"... "Un grand moment d'émotion ce soir"... "C'est la folie sur le plateau"... "Et à la maison n'oubliez pas de voter si vous êtes sous le charme". N'en jetez plus.

Mais justement si. La machine déjà totalement grippée semblait au bord de l'apoplexie, et la jubilation n'en était que plus intense. On ne pouvait décemment pas espérer plus. Mais voilà que le drame survient. En direct. Sur Stayin' Alive, cruelle ironie. Alors que tout le monde dansait le disco comme John Travolta avec un bras en l'air, l'ambiance était à son paroxysme, comme dans une fin de soirée au Macumba. Et soudain. La chute d'un candidat. Tel Djibril Cissé se retournant le genou à 90 degrés sur la pelouse de Saint Etienne, Christophe glisse sur le sol, se foule le genou, tombe, hurle de douleur, ne bouge plus. La chorégraphie s'arrête, la musique se suspend, le public s'immobilise, le jury se paralyse, Anthony se cristallise. Les secondes s'égrennent comme d'incoercibles gouttes de sueur sur le front du présentateur. "Christophe ? Ca va ?... Bon... Les pompiers s'occupent de lui... J'espère que... on continue... on va s'occuper de lui... euh... nous allons regarder un reportage sur les coulisses du Dancing Show". Et après ce passionnant intermède : "Comment va Christophe ?... Faites lui un gros bisou... Coralie, je ne sais pas quoi dire... est-ce que tu as un mot à dire ? à lui dire ? n'importe quoi ?". Oui oui oui, et là je me dis dans mon for intérieur : non je ne l'ai pas cochée la case redevance. Voilà pourquoi je paie 116,50 euros. Quel soulagement.

La fin de l'émission, que dis-je, de l'"aventure" (un autre mot prononcé à peu près dans une phrase sur deux), est un brouillard immense et filandreux de "c'est extrêmement serré", "Guesh Patti votre bilan de l'aventure ?", "ils étaient si près du bout, si près du but", "le suspense est vraiment insoutenable", "le moment tant attendu est enfin arrivé", "et le couple vainqueur est". Mais là, j'avais déjà décroché. J'espérais déjà secrètement et pernicieusement une deuxième saison de Dancing Show. Woow.

(Illustration : La Danse Amoureuse, de Gustave Boulanger, 1824-1888)

mercredi 2 août 2006

La rage de vaincre


Aujourd'hui, je suis hyper fier de moi, j'ai pris des décisions fortes, je n'ai pas transigé, je n'ai pas hésité, je suis allé droit au but, j'ai su trancher, je n'ai pas reporté, je n'ai pas procrastiné, je n'ai pas tergiversé, j'ai pas dit "demain on verra", point d'atermoiement, mais du résultat du résultat du résultat. De l'audace, du courage, de la volonté, de la fermeté, de l'initiative, des décisions. Des actes.
Oui, aujourd'hui j'ai racheté un petit carnet. Et même un grand carnet parce que l'autre il était trop petit. Allez, qu'on m'amène une pile de briques que je les explose à la main, je suis chaud là.

(Photo : Ben / Dublin, Mai 2006)