vendredi 28 octobre 2005

Et maintenant... Battez-vous !


Allez hop c'est reparti pour un tour. C'est parti pour Popstars 14 (oui car 5 Star Academy + 3 Nouvelle Star + 3 Popstars + 2 Entrée des Artistes de l'école Sevran = 13). Donc c'est la quatorzième fois que des jeunes entre 17 ans et demi et 23 ans trois quart vont se battre pour prouver qu'ils sont hyper doués, sous les yeux de gens qui sont persuadés qu'ils font le métier le plus important du monde. On y croit à mort, on est motivé comme des dingues, on va tout déchirer. Du casting, du casting, encore du casting. Comment devenir DRH-spécialiste-en-variété-française (le métier qui ne sert à rien) en restant dans son canapé ? En regardant M6. 282 entretiens d'embauche en 1h20 qui dit mieux ? Alors Attention, Mesdames et Messieurs, ça va commencer...

Tel est donc le nouvel avatar de télé-réalité de M6 qui apparemment a décidé de faire encore plus fort que TF1 en montant un spectacle musical "en un temps record" (sic). Ici, pour le 9 décembre (demain donc), on va mettre en place et en scène un spectacle, caster une troupe de 25 chanteurs-acteurs-danseurs inconnus et non professionnels, leur faire apprendre le spectacle, les faire répéter, et tout ce qui va avec, j'imagine : création de costumes, de décors, engagement d'une équipe de techniciens, financement aussi à l'occase si on a un peu de temps, vente de tickets pour un nombre de représentations tenu pour l'instant top secret... Enfin normalement, le 31 décembre tout ça c'est plié, tout le monde peut manger les restes de dinde à la maison. A côté, la tournée de la Star Academy l'année prochaine à 9, c'est aussi ébourrifant qu'une balade en barque dans le Sahara. Et pourquoi pas filmer un peplum avec 2000 figurants en un week-end aussi ? Le seul truc qui existe déjà à la base, c'est Michel Fugain. Ah bah oui parce que au fait, c'est autour de lui et de ses "40 ans de carrière" (mais quel âge a-t-il ?) que tout cela se fait.

C'est donc avec un enthousiasme somme toute relatif que j'attaque le visionnage de cette énième série d'entretiens de jeunes qui n'en veulent. D'ailleurs pour tout dire, je n'était pas là. Pendant ce temps, je mangeais un tagine aux cailles dans le 12ème avec mon père. Une anecdote qui n'a absolument aucun intérêt, mais est-ce que ça en a plus d'entendre du Obispo mal chanté par des jeunes gens qui mettent trop de gel dans les cheveux et des habits avec tellement de marques écrites dessus qu'ils deviennent totalement flous quand ils passent à la moulinette de la télé ? Question existentielle qui vaut bien un tagine aux cailles. Bref, étant consciencieux, j'ai enregistré l'émission.

Et je dois dire que le résultat est incroyable. Paris, Lille, Marseille, et Bordeaux : des villes qui ont tellement été écumées par les directeurs de casting, les Marianne James et les jury popstariens qu'on se demandait s'il y restait encore des gens qui y chantaient. Et apparemment, la réponse est oui. C'est quand même la nouvelle la plus dingue de la soirée. Des visages qu'on n'avait encore jamais vus. Ils les ont trouvés.

Alors voilà. Le mot d'ordre c'est "Battez-vous !", qui nous sera répété toutes les 10 minutes par notre sémillant jury, j'ai nommé la dream-team de l'expérimentation capillaire pour sexagénaires : Michel Fugain à la péroxydation d'hydrogène sur coupe rase style "dégarni ? moi jamais", Roger Louret au brushing ultra-Elnett-naturel et Jean-Claude Camus à la recoloration noir de geais total-anti-âge. Un document à conserver pour toutes les écoles de coiffure.

Ensuite c'est comme d'habitude. Sauf que là, avant la chanson, les candidats ont droit à 30 secondes de n'importe quoi... euh d'"impro" pardon. Les candidats, même si on les a jamais vus, on les connait déjà : le mec qui est contre "le système" parce que ça fait bien d'être contre "le système"(et qui se fait logiquement jeter par "le système"), celui qui se croit drôle parce qu'il s'habille en Brice de Nice ("Je suis impec, je suis trop content" - "Ah oui ?" répond son voisin), le couple amoureux qui vient passer l'audition en coeur (mais Peter et Sloane c'est déjà pris les gars), la bande de 6 copains tous doués comme par hasard (ce qui justifie l'émission et permet de placer la phrase "les trois professionnels sont ravis, ils rencontrent enfin de vrais talents"), le rebelle qui ne veut pas "rentrer dans les cases" (et chante du Obispo), le fils amené par son père qui semble jouer sa propre vie (genre "je suis fier de toi mais encore plus si tu réussis", bonjour la pression), le "talent caché" dont les parents s'opposent à sa participation (plutôt rassurant du coup), et pour finir, l'opposition entre la brune pétillante et la blonde rayonnante ("Battez-vous !" ils ont dit).

C'est en substance l'épisode 1 "introductif" de cette grande aventure qui commence. La phrase du jour revient à notre nouvel ami du jeudi, Michel Fugain, s'adressant au jeune David : "C'est un métier terriblement difficile parce qu'il implique la valeur absolue de l'être humain. Je suis saltimbanque et toi t'es rien". Alors maintenant les saltimbanques deviennent donneurs de leçons ? Et apparemment c'est pas terminé. Demain promis, je regarde l'épisode 2. J'espère qu'on y verra pas des clowns donner des cours de psycho. Mais ce soir ça ira comme ça, merci mesdames et messieurs.

(Illustration : Rape Of The Sabines, Pablo Picasso)
Texte aussi paru in http://www.realtv-fr.net/

jeudi 27 octobre 2005

Comment bien utiliser 1 euro 20


Mon fils est une drag queen ! On a kidnappé mon bébé à la maternité ! J'ai claqué l'argent du 11 septembre ! Je suis séropositive ! Je sors avec Laura Smet ! Je porte des vêtements ridicules ! Trop cool la vie !

samedi 22 octobre 2005

Et moi qui me note ?


Cette année, la Star Academy s'est acheté une calculatrice. Il devait rester quelques euros dans le budget après l'ameublement du château en Louis XV époque carton pâte et le renouvellement intégral de la garde-robe de Nikos en jeans taille basse et t-shirts moulants le jour, costumes cintrés et cravates satinées le soir. Ces coûts phraoniques n'ont donc semble-t-il pas grevé totalement les caisses d'Endemol, puisque cette année la Star Academy s'est doté d'un nouvel outil super moderne : la calculatrice, donc.

Alors maintenant ça y va. Ca compte, ça calcule, ça compare, ça note, ça somme, ça divise, ça fait des moyennes barycentriques en veux-tu en voilà. On frôle le calcul matriciel en dimension 3 avec triangularisation. Des opérations mathématiques à en perdre la tête. Le pied total. Le kif absolu. De quoi allonger le prime du vendredi d'au moins 20 minutes. On cite des chiffres toutes les 12 secondes, on les met dans la calculatrice Starac, on fait des tableaux, des bilans, des graphiques. Après on compare, on analyse, on décortique. A quand Nikos faisant le prime avec un paper-board et des transparents ?

C'est magique les chiffres. Exemple. Vous êtes dans un cocktail en ville, une petite sauterie très simple, vous mangez du fromage en essayant de ne pas renverser votre verre de vin rouge (parce que vous n'avez pas pris de vin blanc, ça fait mal à la tête après) en même temps. Vous vous rendez compte que c'est de la mimolette au cumin. Ne sachant comment entamer la conversation avec votre voisin, vous dites "il paraît que peu de gens aiment la mimolette au cumin". Et là, c'est le bide absolu. Aucune réaction, vous n'êtes pas crédible, votre voisin s'en fout totalement et vous êtes ridicule. Alors que vous auriez dit : "j'ai lu que seulement 22% des hommes de moins de 35 ans achètent de la mimolette au cumin au moins une fois par an", et là vous auriez eu des "c'est pas vrai !", des "ah bon ! j'aurais pas cru !" et même des personnes autour de vous se seraient retournées pour placer une bonne petite statistique de derrière les fagots en ajoutant "mais moi j'adore la mimolette au cumin !", histoire d'avoir l'air aussi intéressant que vous. Et vous êtes le prince de la soirée.

Endemol a bien compris le pouvoir des chiffres et a appliqué la théorie de la mimolette au cumin à l'échelle de la Star Academy (je ne sais pas si c'est très clair, mais bon je me comprends). Plus vous citez de chiffres, plus vous citez des chiffres précis, plus vous les dites sérieusement, plus vous êtes crédible. Même si c'est toujours autant n'importe quoi qu'avant. Mais au moins, personne ne conteste. Les chiffres ont toujours raison.

Dans les résumés quotidiens on a toujours eu des sous-titres genre "A 15h37, Philippe Lelièvre se rend à la salle de théâtre pour donner son cours". Tout de suite, c'est crédible. A 15h12, on se serait dit que c'est un peu tôt, qu'est-ce qu'il fout dans le parc du château à cette heure-ci, est-ce un vrai prof ? A 15h49, c'est limite le début de la fin de l'après-midi, c'est un peu tard pour se rendre au cours de théâtre dites donc quel manque de sérieux. 15h37, c'est la logique absolue. On y croit à mort. Quelle bonne institution que cette école de chant en banlieue parisienne.

Alors Alexia Laroche-Joubert est allée plus loin. Elle a inventé le carnet de notes. C'est-à-dire que les élèves sont notés en permanence, par tout le monde, pour tout ce qu'ils font. C'est un système de notation tellement complexe qu'il en est immédiatement irréfutable. C'est plus compliqué que le Da Vinci Code, c'est dire si c'est indiscutable. Ils sont notés pendant les primes par je ne sais combien de "profs" (dont Michael Jones, qui vient donc seulement pour taper des chiffres le vendredi, un peu comme Sophie Favier lisant avec brio les boules du loto). Ils sont renotés ensuite en "évaluation" (d'où le nom) le lundi par encore plus de profs, dont 3 de chant. Après vous avez une bonne douzaine de notes différentes, sachant que les notes du prime comptent pour moitié, combien vaut le blaser en cuir avec épaulettes en jean de Nikos ? (à 10 euros près). Personnellement, je n'en ai aucune idée.

L'essentiel, c'est qu'Alexia s'y retrouve. Elle peut arriver fièrement le mardi avec des listings de chiffres dans les bras en disant "Bravo, votre moyenne est passée à 12,67 cette semaine, c'est une augmentation de 0,08 points, félicitations". Eh oui, c'est un système tellement évolué que c'est au centième de point que ça se joue. Alors du coup c'est encore plus facile ensuite pour dire "Alors Magalie ta prestation était un désastre, tu as eu 9,82 : tu es une vraie déception, ça ne va plus du tout, tu es en chute libre, tu es nominée cette semaine". C'est magique les chiffres.

L'autre soir, Nikos s'est adressé aux profs en leur disant "J'espère que vous n'avez pas noté Mariah Carey !". Ahah. Ben oui quelle humiliation : être réduit à un nombre entre 0 et 20. La racine Carey se compte en millions (de dollars). Et toc.

(Illustration : Chiffres et constellations amoureux d'une femme, Joan Miro)
Texte aussi paru in
http://www.realtv-fr.net/

vendredi 21 octobre 2005

I Love Rock'n Roll


C'est parfois bien d'aller voir des groupes qu'on ne connaît pas trop. Ca donne l'impression de partir à l'étranger, mais en prenant le métro. Après Heather Nova, Tom Mc Rae et Eels, j'ai remis ma veste en cuir de grand aventurier des salles enfumées et je suis allé voir Grand National en concert. Comme ça, pour voir. Juste parce que j'aimais bien une de leur chanson, Drink To Moving On. Je trouve le clip marrant. Ce sont des gens en forme de cubes qui vivent dans la vie normale. Mais quand ils se rencontrent et qu'ils se touchent, c'est comme dans Tetris : si ça forme une ligne, elle disparaît. Alors on retrouve des gens avec seulement les pieds et un cube dessus. La discrimination apparaît. Car pas de corps, pas de job. C'est n'importe quoi, j'aime bien. Au concert, on était plein de cubes. J'ai touché personne des fois que ça me fasse disparaître. C'était hyper bien. C'est hyper nul ce que j'écris.

(Photo : Ben / Chez Damien, Mai 2005)

lundi 17 octobre 2005

Le train n°1005 partira voie n°10 à 18h34

Bienvenue Raphaël ;-)
(Et en attendant, Letchi n'a plus le temps d'updater son blog...
Photo : Ben / Gare du Nord, Mai 2005)

Certitude à géométrie variable


J'ai longuement hésité à auto-censurer mon post précédent, celui où je parle de religion(s). 24 heures après, je ne pensais plus ce que j'avais écrit. Enfin pas tout. Des morceaux. Je ne savais plus trop. Je n'étais plus trop sûr de penser ce que je pensais. Ca m'arrive souvent. Tout le temps même. Je n'ai aucune certitude.

La preuve, je suis toujours d'accord avec tout le monde.

Non pas parce que je trouve que les autres ont foncièrement raison, ou plus raison que moi, mais parce je pense toujours qu'ils ont des raisons (nuance !) de penser ce qu'ils pensent. Je n'ai aucun orgueil à ce niveau là (hélas). Même si je ne pense pas la même chose, je me dis que de leur point de vue, on peut justifier leur façon de penser. Je peux justifier la bêtise, la méchanceté, la médisance, même si je ne la partage pas (... pas toujours). J'accorde toujours le bénéfice du doute. Il n'y a pas de vérité. Il y a une vérité propre à chacun. On peut regarder une chose sous des angles différents et les trouver tous justes et pertinents.

Alors il n'y a pas de raison. Je peux m'accorder à moi aussi le bénéfice du doute. Même si je trouve que j'ai écrit des conneries, je les ai pensées à un moment donné. La vérité est aussi dans l'instant. Elle est variable dans le temps, à chaque seconde, alors je peux excuser le moi d'il y a 24 heures et une poignée de secondes d'avoir pensé ce qu'il a pensé.

C'est comme quand on regarde de vieilles photos et qu'on ne se reconnaît pas dessus. C'était vraiment moi ? Pourquoi portais-je ces vêtements ? Aimais-je cette coupe de cheveux ? Quelle perception avais-je de moi à ce moment là ? Et si je mourrais toutes les secondes ?

(Photo : Ben / Lyon, Mars 2005)

jeudi 13 octobre 2005

יום הכפורים (Kippour je crois... je crois ?)


Aujourd'hui, j'ai reçu une lettre de mon oncle curé en Dordogne. Il me dit qu'il m'attend pour un séjour dans le Périgord. Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu mais je l'aime beaucoup, je pense souvent à lui, je me dis qu'il faudrait que je lui écrive, que je lui donne de mes nouvelles, mais je ne sais pas quoi dire. J'ai pris beaucoup de recul par rapport à la religion. Petit, avec mes parents, nous allions à la messe tous les dimanches. Il fallait se lever, s'habiller, aller à l'église, écouter, chanter, rester debout... je n'y comprenais rien. Mais je le faisais parce qu'on me disait de le faire.

Plus tard, j'ai compris des choses, qu'on ne m'avait pas expliquées au catéchisme. On nous mettait sur les épaules des enjeux beaucoup trop lourds quand on a seulement 10 ans et on nous laissait gérer ça tout seul ensuite. J'ai eu l'impression qu'on m'avait menti, que la frontière du bien et du mal n'était pas forcément là où m'avait dit. Que ceux qui prétendaient savoir ne savaient pas forcément. Qu'ils répétaient des choses qu'on leur avait dites. Que ceux qui donnaient des leçons n'étaient pas toujours les plus exangues en immoralité. Je me suis senti trahi, car le mensonge est quelque chose qui me terrifie. Et j'ai appris à déculpabiliser.

Aujourd'hui, c'est Kippour. Je ne peux pas y échapper car nous avons une synagogue en dessous du bureau, et ils prient toute la journée les fenêtres grandes ouvertes. Ils chantent tous ensemble du matin jusqu'au soir. C'est totalement respectable et c'est très bien d'y croire. Je trouve ça formidable de croire en quelque chose. Mais pourquoi les fenêtres grandes ouvertes, sachant que tout l'immeuble va entendre. Je ne conçois la prière que dans un recueillement total, entre soi et Dieu, entre soi et quelque chose, entre soi et soi. J'avoue que ce manque de discrétion me dérange. Si j'ai un truc à dire à Dieu, je ne vais pas le hurler à la fenêtre.

Mais je n'ai plus grand chose à dire à Dieu. Je n'ai pas demandé l'absolution de mes péchés depuis bien longtemps. Je ne veux plus m'excuser. Demander pardon. Pardon de quoi ? Je vais peut-être aller voir mon oncle curé dans le Périgord. J'adore le foie gras.

(Photo : Ben / Reims, Septembre 2005)

mardi 11 octobre 2005

Novocaïne For My Soul


Je n'ai plus le temps d'écrire. Je me couche à des heures indues, je me lève à des heures totalement indues (7h30, j'ai l'impression que c'est le milieu de la nuit), je bois 218 litres de café par jour, ça me donne des palpitations cardiaques immédiates. J'adore ça. Je bosse toute la journée, je ne prends quasiment pas de pause, je ne lis même plus les blogs et les infos sur internet. Je m'énerve beaucoup plus qu'avant au bureau, surtout si on comprend pas tout de suite ce que j'explique, même quand j'explique mal. Je ne filtre plus les appels (j'essaie). Je ne chatte plus, ça ne m'amuse plus. Je me coupe les cheveux toutes les semaines. Je bois un verre de vin rouge le soir. J'ai acheté 5 litres de soupe Liebig en brique. J'ai deux semaines de linge sale de retard. Je ne repasse pas mes chemises. Ca fait des mois que je ne suis pas allé au cinéma, ça ne m'est jamais arrivé de ne pas y aller pendant autant de temps. J'ai vu 3 concerts en 8 jours. J'ai fait une liste d'expos et de pièces de théâtre qui m'intéressent, j'en ai rempli une page. J'ai acheté un carnet exprès. Chez Muji. 7 euros 25. 10 minutes d'attente en caisse. J'ai failli m'énerver. Qu'est-ce qui se passe ?

(Photo : Ben / Amsterdam, Mai 2005)

mercredi 5 octobre 2005

Je ne donne pas


On dit de laisser le temps faire
Car il répare tout pas à pas
Tous ces serments toutes ces prières
Ne comblent pas le vide en moi
Je préfère croire à l'enfer
Si on me ment, je ne donne pas

Est-ce que les trains arrivent à l'heure
Même quand on ne les attend pas ?
Ou sont-il seulement un leurre
A l'impatience qui gronde en moi ?
La première fois, j'ai toujours peur
La deuxième fois, je ne donne pas

Chaque fois cela recommence
Ils veulent qu'on soit super sympa
Donner rachète notre conscience
Qui est déjà sous les gravas
Je n'ai cure de leurs souffrances
Je suis méchant, je ne donne pas

Toute cette misère en évidence
Qu'on nous vend au téléachat
Est un miroir de complaisance
Qui guérit le mal par le bas
Ils disent que j'ai de la chance
Si j'ai le choix, je ne donne pas

La somme de tous nos silences
Est un infâme brouhaha
Celui qui dira ce qu'il pense
Gagnera leur pluie de hourras
Moi je ne veux pas de récompense
Je ne bouge pas, je ne donne pas

Qui cherche l'équation ultime
Qui résoudra tous nos tracas ?
J'aime mon nid de soldat-mime
Qui n'ira jamais au combat
Je ne veux pas creuser l'abîme
Je fais semblant, je ne donne pas

Il est des rêves comme de l'enfance
Ils sont restés au fond là-bas
Partis avec mon innocence
Quand est-ce que tu me diras
Pourquoi tu as pris tes distances ?
Ne réponds pas, je ne donne pas

Je n'aime pas les condoléances
Quand elles ne me concernent pas
On dit qu'il faut saisir sa chance
Dis-moi, est-ce que tu reviendras ?
L'attente est chaque jour immense
Elle passera, je ne la donne pas

(Photo : Ben / Mayenne, Juillet 2003)